Moderniser l'Église

Monsieur Marc Ouellet, qui exerce une fonction de cadre dans l'institution religieuse catholique du Québec, est en train de contribuer d'une manière fort efficace à la sortie de l'Histoire de l'Église catholique.

Avortement (C-484; Q-34)



Monsieur Marc Ouellet, qui exerce une fonction de cadre dans l'institution religieuse catholique du Québec, est en train de contribuer d'une manière fort efficace à la sortie de l'Histoire de l'Église catholique. Si une partie de cette Église a pu contribuer au développement de la modernité au Québec, il semble que les forces traditionalistes et antimodernes qui contrôlent et dirigent actuellement cette institution, engagées dans un activisme désespéré, risquent d'accélérer sa désintégration.
Le citoyen Marc Ouellet fait un très mauvais calcul en pensant profiter des effets du conservatisme politique qui est à la direction de l'État canadian. Ce courant, à la fois traditionaliste et néolibéral, contrôle cet État grâce à un système politique fait sur mesure pour assurer le pouvoir aux groupes socio-économiques dominants. Monsieur Ouellet sous-estime sans doute le fait que ce pouvoir, incarné par la figure de Stephen Harper, est exercé dans un manque flagrant de légitimité, tout particulièrement au Québec.
En tentant, à travers l'espace médiatique, d'une manière militante, d'imposer de nouveau des valeurs archaïques à une société québécoise devenue résolument moderne, Monsieur Marc Ouellet contribue à réduire une institution historique du Québec à l'état de résidu sectaire. Va-t-il se donner en spectacle dans les émissions à la mode comme un certain Claude Vorilhon, dirigeant autoproclamé de la secte raëlienne?
Dérive antisexuelle
Il serait irrespectueux de ma part de demander à Monsieur Marc Ouellet, qui pratique officiellement l'abstinence sexuelle, de nous expliquer sa démarche: sur quelles connaissances factuelles et humaines se base-t-il pour élaborer et justifier la morale sexuelle qu'il tente d'imposer à la société? Il reste que, dans une perspective historique et moderne, la dérive sexiste et antisexuelle de l'Église catholique au cours des siècles apparaît à la fois comme pathologique et antisociale. Les administrateurs actuels de la secte catholique en devenir auront-ils le courage de poser un regard lucide sur ces réalités, et surtout de s'engager dans des démarches réparatrices pour les victimes, démarches qui impliquent aussi une transformation profonde de l'institution religieuse catholique?
Dans un monde moderne en proie à une profonde crise de sens qu'un humanisme émergent tente imparfaitement de résoudre, on peut se demander si une institution catholique modernisée et humanisée, dégagée de ses fondements traditionalistes, aurait un statut et une légitimité valables dans le contexte des recherches de sens individuelles et collectives. Il ne s'agit pas ici de prôner un quelconque «retour du religieux», mais de considérer d'une manière sociale et pragmatique les effets possibles de la désintégration de l'Église catholique, en particulier la prolifération de sectes qui est d'ailleurs déjà observable, dans un espace de recherche de sens où cette Église est de moins en moins présente.
Réseau coopératif
Avec l'appui militant d'un Michel Chartand toujours présent parmi nous, moins impie qu'il n'y paraît, avec sa «bénédiction», pourquoi ne pas transformer ce qui reste de l'Église catholique du Québec en un réseau de coopératives de sens autogérées, dégagées de la tutelle vaticane et patriarcale?
Ce réseau coopératif, basé sur des valeurs modernes d'égalité et de non-ségrégation entre les sexes, d'antiracisme et de rejet de l'homophobie nous permettrait de vivre ensemble, socialement et rituellement, les grands moments de la vie que sont entre autres la naissance et la mort. Ce projet de modernisation de l'institution catholique me semble par ailleurs tout à fait compatible avec la laïcité intégrale et radicale de l'État qui est indispensable à la paix sociale.
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Yves Claudé - Sociologue


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