Michaëlle Jean, un choix géopolitique

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Pee-Wee Trudeau a rendu le Canada extrêmement fragile sur la scène l'internationale

Michaëlle Jean a perdu mardi l’appui du Canada et du Québec dans sa quête d’un deuxième mandat à titre de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). L’annonce faite à la veille du XVIIe Sommet a pour ainsi dire scellé sa défaite.


Il serait facile de l’attribuer uniquement à ses dépenses controversées, un boulet que Mme Jean traîne depuis des mois, mais d’autres calculs, qui la dépassent largement, motivent le choix des membres de l’OIF.


Si la France a mis tout son poids en mai dernier derrière la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, c’est entre autres parce que Paris veut rétablir les ponts avec le Rwanda. Si l’Union africaine (UA) a appelé ses membres l’été dernier à appuyer Mme Mushikiwabo, ce n’est pas étranger au fait que son pays occupait la présidence de l’UA et que le continent tient à récupérer la direction d’une des rares organisations internationales où il est majoritaire.


Mme Jean, elle, veut que les leaders réunis dans la capitale arménienne examinent son bilan avant de faire leur choix vendredi à huis clos. Elle espère toujours que sa feuille de route saura convaincre : stratégies économique et numérique, soutien à l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes, appui à l’éducation des filles et à la formation professionnelle… Des réalisations souvent au diapason de la politique étrangère canadienne, ce qui explique en partie pourquoi Ottawa défendait Mme Jean jusqu’à tout récemment.


Mais le Canada invoque maintenant la tradition du consensus autour du secrétaire général de l’OIF pour justifier son ralliement au choix du continent africain. En fait, le Canada ne pouvait se permettre un affrontement avec l’Afrique. L’annonce a toutefois été faite à la dernière minute, laissant la forte impression qu’on a pris du temps à soupeser les enjeux et qu’on a manqué d’antennes diplomatiques pour sentir le vent.


Le gouvernement Trudeau n’a toujours pas de politique d’engagement en Afrique et il n’y a rouvert aucune des ambassades fermées par le gouvernement Harper. Le Canada espère peut-être atténuer la déception des pays africains en se rangeant derrière leur consensus à l’OIF, mais il faudra davantage pour s’assurer leur appui dans la course à un siège au Conseil de sécurité des Nations unies. Il faudra démontrer que ce continent compte.


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