Mes adieux au «Devoir»

Lettre ouverte à Brian Myles, directeur du journal «Le Devoir»

Tribune libre

M. Brian Myles
Directeur
Journal Le Devoir
Montréal, Québec

redaction@ledevoir.com

Ultimes contreforts de la présente :
- Francine Pelletier, Devoir du 28 sept. 2016 : www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/480973/les-deux-lisee
- Fabrice Vil, Devoir du 30 sept. 2016 : www.ledevoir.com/politique/quebec/481225/l-indignation-a-la-bonne-place

Depuis une bonne quinzaine d’années, je me procure chaque matin, six fois/semaines, sauf rares exceptions, mon exemplaire du Devoir auprès d’un petit commerce de mon quartier.

Et si le petit ronron de la maison m’exaspérait assez souvent sous la gouverne de M. Bernard Descôteaux, les qualités des lieux, y compris, je dois l’admettre, un bon nombre des rigoureux éditoriaux de celui-ci, parvenaient tout de même, au total, à conserver ma fidélité au Devoir.

Or, depuis qu’une nouvelle «équipe» s’est mise en place en début d’année (Février), je déchante. Lourdement.

À cet égard, je pense d’abord, à vous, Brian Myles, le nouveau directeur, particulièrement mou sur la Question québécoise, de manière générale, mais également à Mme Luce Julien, une rédactrice en chef issue de Radio-Canada, à la plume… invisible au surplus (une première au sein de ce Journal plus que centenaire!), et qui semble, ça se voit par moult détails, jour après jour, depuis des mois, avoir emporté avec elle, en besace, pour en faire bénéficier l’entreprise de la rue de Bleury (!), la tradition d’insignifiance qui s’est installée au sein de cette Société de télé-radio/diffusion publique, pour ne pas dire d'État (quoique naguère de haute tenue), depuis une bonne vingtaine d’années, à savoir: tradition de bavardage, de potinage, de langue approximative, d’inculture rare, de biais idéologique pro-Canada enfin, quand ce n’est pas carrément de la propagande style Gesca / La Presse, et ce, tant par la forme (les manières, les abstentions, le ton, les non-dits, etc.) que par le contenu.

J’appuie le trait. C’est vrai. Mais c’est tout de même ce que je perçois de plus en plus, progressivement, dans ma lecture quotidienne des derniers mois. Je précise toutefois que je ne prétends pas par là que Mme Julien soit elle-même une personne insignifiante: au contraire, il faut quand même une certaine dose d’intelligence, comprenons-nous, pour parvenir à refiler de l’insignifiant pour du béton…

En outre, les éditoriaux de M. Guy Taillefer, s’apparentant le plus souvent moins à des éditoriaux qu’à des coups de sang relevant de ses sensibilités idéologiques bien personnelles (ce n’est pas forcément bête pour autant, je n’en disconviens pas, hormis, entre autres errances, ou «effarances», ses dérapages assez primaires, et tout à fait indignes du Devoir, à l’occasion de la récente venue de Mme Marine Le Pen en sol québécois; mais ce type d’intervention ne relève plus, stricto sensu, du genre affiché), combinés à la plume de certains ou certaines chroniqueurs (pas tous: il y en a de fort solides, parmi les éditorialistes et les journalistes aussi), sans compter, au passage, M. Myles, votre goujate attitude à l’égard de Mme Lise Payette, ont fini, au total, par refroidir sérieusement mes bonnes dispositions pour le vénérable poulin d’Henri Bourassa.

De fait, jusqu’au 28 septembre dernier, j’étais plutôt chancelant. Chancelant, mais toujours debout. Et toujours fidèle à mon vendeur de journaux…

Mais là, vraiment, c’en est trop ! Les inepties (désolé, mais c’est le vocable qui convient en l'occasion) de Mme Francine Pelletier, d’abord, puis de M. Fabrice Vil, quarante-huit heures plus tard, également en page Idées, ont fini par avoir raison de moi. Définitivement.

Avec des gens de cette sorte, M. Myles (ce qui n’a plus rien à voir avec la liberté d’opinion), qui, ou par une extraordinaire mauvaise foi, ou par une fascinante incompétence à lire et à entendre les faits avant d’en tirer une réflexion personnelle en principe originale, intelligente et instructive (et ce, comme de bien entendu, dans un cadre de haute probité et de grand effort d’objectivité, en vertu de la tradition non pas de Radio-Canada, svp, mais du Devoir même !), c’est Le Devoir tout entier qui se discrédite.

Et c’est la raison pour laquelle je vous annonce, monsieur le directeur, que l’édition de cette fin de semaine du 1er octobre sera la dernière livraison du Devoir que je m’offrirai. Jusqu’à nouvel ordre, du moins. Car il y faudra un solide coup de barre avant que je m’y remette.

C’est que, voyez-vous, monsieur Myles, un Devoir qui semble être devenu l’instrument d’un André Pratte -- véritable magicien de la malhonnêteté intellectuelle, soit dit au passage (ce qui au reste explique pour une bonne part, on peut le subodorer, son «avancement» au poste de sénateur en canadian sénat) -- n’a pour moi plus aucun intérêt.

Et je le regrette. Profondément.

Car un Devoir médiocre, et tendancieux au surplus, n’est plus Le Devoir.

C'est du Gesca.

Merci.

Frédéric Sébastien,
un simple citoyen québécois parmi tant d’autres


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2 commentaires

  • Gilles Ouimet Répondre

    4 octobre 2016

    C'est triste mais c'est ça. Je suis abonné au Devoir virtuel et je ne lis que les chroniques de l'excellent Jean-François Nadeau. Ma carte de crédit vient d'expirer et j'ai l'intention de garder la nouvelle date d'expiration pour moi. Je suis, moi aussi, orphelin et orphelin de toute la presse québécoise.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 octobre 2016

    Après plusieurs réflexion, j'en suis venu à la décision d'annuler mon abonnement au Devoir en juillet dernier.
    Je ne reconnaît plus un journal qui à longtemps été une référence pour ceux qui souhaitais lire autre chose que la presse (toujours rouge et du même bord).
    Mais les orientations de plus en plus ''libéraleuses'' sont devenus trop nombreuses. Ainsi Michel David est devenu le chantre de ''Québec suicidaire. anti parti québécois. Ce n'est pas compliqué, additionner les trop nombreuses chroniques où il tire sur le parti, il utilise Radio Banana comme autre tremplin.
    Francine Pelletier est exactement de la même lignée toujours aligné sur QS.
    Au printemps, congédiement de Lise Paillette... etc.
    Bref, maintenant je suis un orphelin du défunt Devoir.