Mes 15 idées-chocs de création de la richesse par les nids-de-poule

Voici donc mes 15 idées-chocs pour créer de la richesse au Québec par le biais de cette richesse collective non exploitée que sont nos nids-de-poule.

01. Actualité - articles et dossiers



Le retour des nids-de-poule, conjugué à la modernisation de l’État par la privatisation de tous les services publics au profit des affairistes, allant de la santé à l’éducation, en passant par les aqueducs, le transport en commun, l’électricité, l’éolien, l’eau, les autoroutes, les ponts, les garderies, les prisons, etc., m’allume vraiment.
On n’a jamais pensé à privatiser les nids-de-poule. Je propose donc, en grande primeur, qu’on les privatise au profit de ma firme Lauzon Chicken Nest Corporation, qui, à des fins fiscales, sera incorporée aux îles Caïmans ou en Suisse, des paradis fiscaux notoires, comme l’ont justement fait, pour les mêmes raisons, le «créateur» Luc Plamondon et d’autres.
Il y a actuellement 100 G$ d’inves­tissements canadiens logés dans ces paradis fiscaux. Si les autres le font avec la complicité des politiciens, pourquoi pas moi? En passant, c’est ce même Plamondon qui, de passage au Québec, car il habite présentement en Suisse, a exigé que nos gouvernements subventionnent davantage l’Orchestre symphonique de Montréal et ses «œuvres», même s’il ne paie pas une cenne noire d’impôts au pays. Faut le faire!
Entrepreneur!
Finie donc la théorie, je passe à la pratique et me transforme en entrepreneur afin de créer, moi aussi, de la richesse au Québec et de mieux la réingénierer. Il est grand temps que je fasse ma part.
Le déclic scintillant m’est venu à la suite du départ du Grand Prix de Montréal, que nos suaves politiciens ont qualifié de «bien commun». Je m’attends à que qu’ils qualifient aussi mon projet de «bien commun» au service des générations actuelles et, surtout, futures.
J’ai hésité
Au début, je dois avouer franchement que j’hésitais. Mais, à entendre les inepties de plusieurs faiseux sur les bienfaits de la privatisation des services publics, mes nombreux complexes d’infériorité se sont envolés.
D’autres professeurs ont, dans le passé, fait le saut au privé, comme Henri-Paul Rousseau à la Caisse de dépôt, puis chez Power, et Marcel Côté chez Secor, et une tonne de politiciens aussi. On n’a qu’à penser aux cas récents de Philippe Couillard, de Michel Clair et de Claude Castonguay (santé), de Lucien Bouchard, de Pierre-Marc Johnson et d’André Boislcair (lobbyistes), de Guy Chevrette (papetières), de Guy St-Pierre (SNC-Lavalin), d’André Bour­beau (éolien), de Pierre Corbeil et de Raymond Savoie (énergie et mines), etc.
Moi aussi, je suis capable. Je sais que ma business va coûter cher à l’État. Mais faut pas s’attarder à cette brindille. En vérité, ça va coûter moins cher à l’État que les milliards en fonds publics allongés pour dépanner les banques, les papetières, les fabricants de chars, etc., et mon projet du siècle va générer des dizai­nes de milliards en retombées économiques pour le Québec et le Canada.
Voici donc mes 15 idées-chocs pour créer de la richesse au Québec par le biais de cette richesse collective non exploitée que sont nos nids-de-poule.
1. Je propose la signature d’un contrat en mode PPP (partenariats public-privé) en vertu duquel l’État me verse, comme il le fait d’ailleurs pour les autoroutes et l’éolien, disons 1 G$ au départ et allonge quelques millions de dollars par année pendant 50 ans. En retour, je m’engage à prendre en charge l’entretien et la réparation de tous les nids-de-poule.
2. «Deux milliards pour les nids-de-poule» et «Montréal : une taxe pour les nids-de-poule» titrait le Journal de Montréal. Par la privatisation au profit de mon holding des nids-de-poule, les gouvernements n’auront plus à verser des milliards pour l’entretien des nids-de-poule à Montréal et ailleurs. Comme la mode est à la tarification des services publics et au principe de l’utilisateur payeur, dorénavant les nids-de-poule seront tarifés aux utilisateurs et aux bénéficiaires, comme les compagnies d’assurances et les garages.
3. Afin de ne pas payer d’impôts, je fais comme les autres services publics privatisés et je crée, entre autres, une société en commandite, un fonds d’investissement et une fiducie familiale détenue par mon holding localisé dans un paradis fiscal.
4. Pour financer en partie mes opérations, j’émets du papier commercial adossé aux nids-de-poule que je vais vendre aux banques pour quelques milliards de dollars. Si elles ont été assez «avisées» pour acquérir des milliards en papier commercial garanti par des hypothèques exotiques irrécouvrables, elles vont se laisser facilement tenter par mon nouvel instrument financier. De toute façon, elles ne courent aucun risque. Comme pour le papier commercial, l’État est toujours là pour les renflouer aux frais des contribuables.
5. «Des nids-de-poule à la Bourse», titrait La Presse. Oui, je fonde une Bourse à Montréal spécialisée dans la négociation de contrats à terme sur les nids-de-poule afin de partager ma richesse, pas trop tout de même, avec mes concitoyens. Le partage de la richesse, c’est mon vieux fond socialiste qui me hante. «Le nid-de-poule 2002 : sans envergure», titrait le Journal de Montréal. Le journaliste a dit : «La cuvée 2002 des nids-de-poule s’annonce minable et peu rentable pour les mécaniciens et les vendeurs d’amortisseurs!» Pour les journalistes également, ajouterais-je. Cela signifie qu’en 2002, le marché des contrats à terme rattachés aux nids-de-poule aurait été à la baisse. Bonne nouvelle, cette Bourse sera à contrôle québécois, la seule d’ailleurs depuis la vente de l’autre à des Ontariens.
6. J’achète le Stade olympique pour une valeur symbolique de 1 $ et le transforme en musée international du nid-de-poule afin de concurrencer le Louvre et le Quai d’Orsay, à Paris. Tant pis pour la France et les Français, ils l’ont bien mérité en élisant Sarkozy. Je fais des approches sérieuses auprès de Lucien Bouchard et de Bernard Landry, des gens très cultivés, pour qu’ils siègent au conseil d’administration. Pierre-Marc Johnson a bien siégé au conseil d’administration du Musée de l’humour.
7. Je lance en grande pompe le Festival annuel du nid-de-poule, subventionné comme tous les autres, en remplacement du Festival Juste pour rire, qui a fait son temps. Ne plus entendre les élucubrations de Gilbert Rozon, admettez que ça vous enchante!
8. M’inspirant du titre de cet article de La Presse : «Nids-de-poule : l’administration contre-attaque» m’est venue l’idée lumineuse de fonder ma propre maison de production, subventionnée comme toutes les autres, et de scénariser mes deux premiers films, ayant pour thème central les nids-de-poule. L’empire du nid-de-poule contre-attaque et Vol au dessus d’un nid-de-poule. Je fais des approches auprès de Pierre Falardeau afin de vérifier s’il veut devenir actionnaire minoritaire et assistant réalisateur. Je pourrais l’affecter comme recherchiste à mon projet de troisième film, dont l’impulsion m’est venue du titre de cet éditorial très sérieux de La Presse : «Quand les nids-de-poule auront des dents». Mon film s’intitulerait Les dents du nid-de-poule. Malheureusement pour mes nombreux fans qui piaffent d’impatience, ce film n’est prévu que pour 2010.
Toujours dans le même créneau, j’écris deux téléromans à succès. Un pour TVA, Les méchantes histoires des nids-de-poule du pays d’en bas, et un pour Radio-Canada, Un col bleu et son nid-de-poule. Les services de Réjean Tremblay, à quelque titre que ce soit, ne sont pas requis. Pas nécessaire d’envoyer ton CV, Réjean!
9. Comme on n’a plus de parade annuelle de la Saint-Jean-Baptiste, ma firme propose la parade annuelle subventionnée du nid-de-poule dans laquelle on mettra les plus beaux spécimens dans les chars allégoriques. On a souvent proposé Jean Charest pour jouer Jean le Baptiste, ce qui faisait retourner dans sa tombe le cousin de Jésus. Comme nid-de-poule, je verrais bien Stephen Harper. Vous savez, un nid-de-poule, c’est profond et c’est aussi creux. Profond ou creux, tout dépend du point de vue de l’analyste.
10. Je lance aussi le gala annuel des «Chicken Nest Award», animé, peut-être, par le très polyvalent Stéphane – oh mille pardons – Stéphan Bureau. En anglais, s.v.p.! Ça fait plus sérieux auprès des commanditaires et des gouvernements. De toute façon, Stéphan est parfaitement bilingue.
11. En plus, j’inaugure le concours du premier nid-de-poule de l’année et mandate mes lobbyistes, peut-être André Boisclair, pour faire pression auprès du gouvernement afin que ce jour, lourd de signification pour tous les Québécois, soit considéré comme jour férié en lieu et place de la fête de la Reine.
12. Là, je donne vraiment un grand coup qui va faire très mal au Journal de Montréal et à La Presse. Je fonde un quotidien payant et un site web dévolus exclusivement aux nids-de-poule. Par les centaines d’articles et d’éditoriaux qu’ils y consacrent chaque année, je m’attends chez mes concurrents à des licenciements massifs et à de gros déficits. Souvent, pour eux, nos problèmes de santé publique sont très secondaires par rapport aux dramatiques nids-de-poule, pour lesquels il existe une ligne téléphonique d’urgence, du type 1-800-NDP. Contrairement aux urgences, pas d’attente à ce niveau! Je sais que ça frôle la concurrence déloyale et constitue presque une atteinte à la liberté de la presse, mais la création de richesse passe par la concurrence accrue.
Comme, de nature, je suis la bonté incarnée, je suis prêt à vendre une part, très minoritaire, à Power et à Québécor. J’installe cette nouvelle division au Centre du multimédia ou au Centre du commerce électronique afin d’encaisser les juteuses subventions de 30 000 $ par année et par emploi créé, ou même juste déplacé d’un immeuble à l’autre, accordées par Québec;
13. Comme dans les autres journaux, où il y a un courrier du cœur, dans mon nouveau journal il y aura un courrier du nid-de-poule. Pour ce genre d’actualité, Richard Martineau ferait l’affaire, à moins qu’il décide de se présenter à la chefferie de l’ADQ contre André Arthur.
14. «Montréal crée une brigade spéciale contre les nids-de-poule», titrait Le Devoir. Eh oui, Le Devoir s’y est mis! Je propose donc de créer une école qui formera et entraînera les futurs policiers spécialisés dans les nids-de-poule. «Le sergent Bérubé a passé la majorité de sa vie active au sein de l’escouade anticommuniste de la police», titrait le Journal de Montréal. Bientôt, ils pourront écrire : «Le sergent Bérubé a passé la majorité de sa vie active au sein de l’escouade anti-nids-de-poule».
15. «La chasse aux nids-de-poule est ouverte», titrait La Presse. Je propose donc de me privatiser le ministère de la Chasse et de la Faune pour que mon empire gère la chasse tarifée aux nids-de-poule, qui s’éten­dra de février à avril chaque année, avec un quota individuel afin de prévenir l’extinction de la race «poulière» et pour que les journalistes et éditorialistes puissent continuer à avoir un sujet d’actualité à traiter. Faut faire preuve d’un peu de compassion, n’est-ce pas? En lieu et place du ministère de la Chasse et de la Faune, je propose la création du ministère des Nids-de-poule.
Un grand projet de société
Admettez que vous êtes excités par mon grand projet de société. Vous n’avez qu’à me faire confiance. Avec la privatisation et la tarification des nids-de-poule, finies les nouvelles dramatiques du genre : «Aéroport de Saint-Hubert : un avion se coince… dans un nid-de-poule» et «Pneus crevés à cause d’un nid-de-poule géant».
N’importe quoi
Et oh, voilà que la lumineuse ministre libérale des Finances, Monique Jérôme-Forget, risque de tout bousiller mes beaux projets : «Finis les nids-de-poule avec les partenariats public-privé, prédit Jérôme-Forget», titrait le Journal de Montréal. Mais je ne dois pas m’en faire pour si peu, car, comme à son habitude, elle dit n’importe quoi.
Moi, au moins, je propose uniquement l’entretien, la réparation et la tarification des nids-de-poule. Je ne suis peut-être pas une 100 watts, mais je ne suis pas assez «crackpot» pour aller jusqu’à prédire leur disparition à tout jamais.
Si la dame est si sûre de son affaire, qu’elle mette donc en vente le dernier nid-de-poule, comme on a vendu à Guy Laliberté, du Cirque du Soleil, le dernier hot-dog des Expos de Montréal. Connaissant l’avidité des collectionneurs internationaux, surtout de ceux des pays pétroliers du Golfe, elle pourrait encaisser ainsi plusieurs millions de dollars et pourrait, de ce fait, diminuer les tarifs et les frais d’électricité, de garderies, de scolarité, de santé, etc., au bénéfice des générations futures.
J’ai d’autres bonnes idées, mais ça va faire… pour l’instant.


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