Le marketing politique ne déplaît guère à Québec solidaire, le parti de la pureté anticapitaliste. L’annonce en grande pompe de la candidature de Vincent Marissal n’a certes pas déplu à Justin Trudeau, roi incontestable de la mise en scène.
Il fallait voir le jeune et petit co-chef Gabriel dévorer des yeux le grand Vincent et la co-chef Manon Massé, coiffée pour la circonstance, un sourire aux lèvres si marqué qu’on en oubliait la moustache dont elle a fait sa marque de commerce. Ce qui trahit son caractère bien trempé et son humour rare, mais apprécié.
Les journalistes, critiques parfois impitoyables des politiciens, ont été gentils avec leur confrère, qu’ils ont qualifié de candidat-vedette. J’ignorais que Vincent Marissal pouvait être comparé à Guy A. Lepage, Pierre Bruneau, Ricardo, Marie-Mai ou Véronique Cloutier, des vedettes incontestées et incontestables du Québec populaire. Comment qualifierait-on ces derniers alors s’ils faisaient aussi le saut en politique ?
Prédictions
Certains chroniqueurs qui semblent avoir leurs entrées chez Nostradamus annoncent déjà sa victoire électorale le 1er octobre contre Jean-François Lisée, le perdant déjà perdu dans la campagne qui s’amorce.
Denis Lessard, l’analyste le plus pointu et pertinent de La Presse, a mis en lumière mercredi le dérapage prévisible du candidat-vedette. Car lors de sa tournée médiatique, Vincent Marissal, qu’on ne savait pas gauchiste, a dû se contredire en quelques heures.
Mardi matin, il niait fortement avoir rencontré les libéraux fédéraux dans sa quête d’un parti souhaitant lui ouvrir les bras comme candidat. Or encore en janvier, il a contacté un membre influent du PLC afin de savoir comment procéder pour devenir candidat à l’élection partielle d’Outremont, inévitable depuis la démission de Thomas Mulcair.
Nouveau gauchiste
« J’ai toujours été à gauche », a aussi déclaré le nouveau solidaire, l’écharpe rouge élégamment enroulée autour du cou et le manteau ouvert très bon chic bon genre où l’on découvre un costume bleu au pantalon serré comme le portent les jeunes loups d’aujourd’hui.
Cette sortie théâtrale où le candidat a su jouer des mots en plus de mentir a brisé l’image idéologique, certes, mais justifiée par le programme de nationalisations à gogo de QS.
Qu’on soit d’accord ou non avec leur option, les solidaires à ce jour n’avaient pas comme objectif d’être politiquement confus. Pour faire simple, disons qu’ils ont le physique et le langage de leurs convictions. Ils sont intransigeants, un tantinet austères, ils ne mâchent pas leurs mots et ils ne jouent pas les séducteurs pour convaincre l’électorat.
S’ils cèdent parfois au populisme, ils maintiennent le radicalisme politique. Et c’est pourquoi Vincent Marissal, en affirmant n’avoir jamais livré le fond gauchiste de sa pensée dans ses chroniques en surprend plusieurs qui sont interloqués par son choix de QS.
La Presse avait mis fin à ses chroniques. Est-ce la raison pour laquelle il fait le saut en politique ? Il est certain qu’une fois élu, il devra dire ce qu’il pense. Le louvoiement lui sera néfaste. On en conclura que le PLQ ou le PLC auraient été plus conformes à ses idées.