SONDAGE CROP - LA PRESSE - CYBERPRESSE

Mario, toujours premier de classe

Climat politique au Québec


Pauline Marois sera officiellement nommée chef ce soir, mais elle ne semble pas devoir profiter de la traditionnelle lune de miel auprès de l'électorat. Si la première femme à diriger le PQ a clairement l'appui de ses militants, pour l'ensemble des Québécois, c'est moins clair. Selon un sondage CROP terminé lundi, c'est en effet Mario Dumont qui mène presque partout. Laissant Mme Marois souvent deuxième, et Jean Charest loin à la traîne.


Des défis importants attendent Pauline Marois qui devient aujourd'hui chef du Parti québécois. Près de la moitié des Québécois qui appuient le PQ souhaitent que leur parti abandonne carrément l'option souverainiste, pour plutôt réclamer plus de pouvoirs d'Ottawa.
Plus étonnant encore, près de 60 % de ceux qui votent pour le PQ estiment peu probable que le Québec devienne un jour souverain.

Couronnée ce soir chef du PQ en présence de ses troupes, Mme Marois est à égalité avec Mario Dumont comme le chef ayant le plus d'aptitude à devenir premier ministre, constate la maison CROP dans une enquête réalisée pour La Presse, du 14 au 25 juin, auprès de 1000 répondants.
L'enquête, précise à trois points près, montre que l'engouement subit de l'électorat pour Mme Marois, au moment du départ d'André Boisclair, s'est affaissé; si des élections avaient eu lieu cette semaine, le PQ aurait eu 29 % des voix, contre 28 % à l'ADQ et 27 % au PLQ, après répartition proportionnelle des 13 % d'indécis. Le gouvernement serait encore minoritaire, constate Claude Gauthier, le spécialiste de la maison de sondage. Pour lui, les niveaux d'appuis de 40 % obtenus par Mme Marois au moment du départ de M. Boisclair, « reflétaient plus le souhait des gens de voir Mme Marois prendre la succession » qu'une véritable intention de vote.
Au moment où le nouveau chef propose une « rupture » avec le calendrier référendaire prévu dans le programme péquiste, CROP constate sous plusieurs angle une défection tangible face à l'option souverainiste. Quand on leur demande : « Le Parti québécois devrait-il abandonner son idée de faire du Québec un pays souverain et réclamer plutôt plus de pouvoirs pour le Québec au sein du Canada ? »la réponse semble sans équivoque : 68 % des répondants sont favorables à ce réalignement, contre 27 % qui le réprouvent - seulement 5 % des gens se disent indécis. Plus percutant encore, un électeur péquiste sur deux est d'accord avec cet «abandon» de l'option souverainiste - 48 % l'approuvent autant que les 49 % qui souhaitent que le PQ conserve son programme.
Le constat vient aussi confirmer une baisse de l'appui à la souveraineté. Ainsi, 32 % des gens auraient voté oui cette semaine à un référendum demandant « que le Québec devienne un pays souverain ». C'est une baisse de quatre points sur le mois précédent, au moment ou CROP avait modifié la formulation de sa question référendaire. Jusqu'à avril 2007, la question du sondeur était depuis 12 ans calquée sur celle du référendum de 1995 : la souveraineté-partenariat faisait 42 %, soit 10 points de plus que la souveraineté tout court. Cette souveraineté sans partenariat avait déjà été testée en 2004, et obtenait alors 38 % des suffrages.
Mme Marois doit composer aussi avec la lassitude des troupes. Quand on leur demande s'il paraît probable ou non que le Québec soit un jour un pays souverain, 72 % des Québécois estiment que ce scénario est « peu ou pas du tout probable ». Un répondant sur quatre, soit 24 %, croit que la souveraineté du Québec fait partie des probabilités. Mais le constat le plus significatif reste la lecture des électeurs péquistes. Selon CROP, 57 % d'entre eux estiment désormais peu ou pas du tout probable la souveraineté du Québec, et 41 % pensent l'inverse. De plus, 46 % des gens qui appuient le OUI au référendum jugent probable la souveraineté, mais 52 % des électeurs souverainistes la croient peu ou pas du tout probable. « Beaucoup de péquistes ne croient plus à la souveraineté », résume Claude Gauthier.
L'effet Pauline
L'arrivée de Pauline Marois sera une source d'espoir pour les militants péquistes. Tout juste arrivée à la barre, elle rejoint Mario Dumont comme le chef qui a le plus de chances de « faire le meilleur premier ministre du Québec ». Mme Marois obtient 32 % d'appuis, 10 points de plus qu'André Boisclair dans la semaine précédant les dernières élections. Mario Dumont est juste à côté avec 31 % d'appuis, neuf points de mieux que son score préélectoral. M. Dumont fait un point de moins seulement que dans les jours précédent le dernier budget de Monique Jérôme-Forget, un indice selon Claude Gauthier que son absence lors des négociations sur le vote du budget lui a été pardonnée par l'électorat.
Le fait que le PQ soit dirigé par une femme représente un avantage électoral pour 22 % des Québécois, ce qui est loin d'être négligeable, selon M. Gauthier. « La réponse politiquement correcte à cette question est de dire qu'il n'y a pas d'impact. Or une personne sur cinq est d'avis contraire », note-t-il. Chez les électrices, l'arrivée d'une femme est un avantage électoral pour 26 % des répondantes. Pour les péquistes, on grimpe à 35 %. Seulement trois ou quatre pour cent des répondants y voient un inconvénient. Dans l'ensemble des répondants, 74 % estiment que le fait qu'un chef soit une femme n'incite « ni plus ni moins » à voter pour un parti.
Sous plusieurs angles, la nouvelle chef péquiste, même si elle devance le premier ministre Charest, reste clairement derrière le leader de l'ADQ, Mario Dumont.
Quand on leur demande lequel des trois chefs « propose le plus de nouvelles idées pour l'avenir du Québec », Mario Dumont ressort avec 52 % d'appuis contre 15 % pour Mme Marois et 11 % pour Jean Charest.
L'ordre est le même pour le chef qui « inspire le plus confiance », Mario Dumont obtient 34 % d'appuis contre 28 % pour Pauline Marois et encore une fois Jean Charest ferme la marche avec 21 %. Le retard se creuse encore quand on scrute le vote des francophones à cette question : Mario Dumont fait 38 % contre 32 % à Mme Marois et 16 % à M. Charest. Onze pour cent disent qu'aucun des trois n'est digne de confiance, et 5 % refusent de répondre.
Pauline Marois, qui veut clairement se positionner comme la championne de la famille, a toute une côte à remonter. Quand on leur demande qui est « le plus sensible aux problèmes des familles », 51 % des gens choisissent le chef adéquiste, elle arrive loin derrière avec 21 %. Jean Charest obtient seulement 14 %.
Même s'il était contre un budget qui prévoyait des baisses d'impôts de 950 millions, Mario Dumont est vu comme le leader politique le plus « préoccupé par le fardeau fiscal des Québécois ». Il fait un score de 37 % à ce chapitre, le seul angle où Jean Charest termine deuxième à 26 %, suivi loin derrière par Mme Marois, à 15 %.
Celle-ci fait meilleure figure en matière de santé. Pour 27 % des gens, Mario Dumont est le plus susceptible de « résoudre la crise dans le milieu de la santé », mais Mme Marois le talonne à 25 %. Le premier ministre Charest ferme la marche à 18 %. Trente pour cent des répondants refusent de faire un choix ou se disent indécis devant cette question.
Une question moins éclairante : les chances de succès des leaders face aux changements climatiques. Le chef de l'ADQ obtient 27 % d'appuis, contre 20 % pour Mme Marois et M. Charest chacun tandis que 33 % des répondants n'ont pas d'opinion.


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