Mais où s'arrêtera donc le vaudeville péquiste ?

GESCA déclare la guerre à Duceppe - 2012

Pendant que Legault et Marois veulent faire du provincial, mais dans deux
partis distincts, que Drainville sonne le ralliement en oubliant de se
demander pourquoi il y a division, puis essuie les railleries
condescendantes d'un de ses collègues, puis se rassure, après les
observations dépressives de Joseph "souveraineté-en-panne" Facal, après
la consigne du silence à Parizeau, les déclarations mi-figue mi-raisin et
les valses-hésitations d'on ne sait plus combien de péquistes, les
inquiétudes de la page éditoriale du Devoir, les coups de poing
intempestifs d'Yves-François Blanchet, voilà que Gilles Duceppe se pointe,
puis renonce.

Une seule grimace de Paul Desmarais et hop, le potentiel Premier Ministre
le plus populaire du Québec rentre chez lui.

Après Parizeau et Landry qui partent trop vite, voici Duceppe qui, deux
fois plutôt qu'une, part avant même d'arriver !

Bien qu'on ne sache peut-être pas tout dans ce dossier, et que M. Duceppe
ait peut-être de bonnes raisons de prendre cette décision -- comme en
eurent autrefois Parizeau et Landry --, reste qu'en apparence, on est loin
de la ténacité des politiciens français qui, malgré de scabreuses
allégations ou affaires d'écoute électronique, de prête-noms, de valises
remplies de billets, de procès pendants, restent vaillamment en course
contre vents et marrées. Ou même de Jean Charest qui demeure
confortablement en poste après avoir été rémunéré secrètement par son parti
pendant des années, avec des fonds dont la provenance peut faire l'objet de
toutes les spéculations.

Mais où s'arrêtera donc le vaudeville péquiste ? Qui donc a jugé bon de
divulguer des informations à La Presse à ce moment-ci, que ce journal s'est
évidemment empressé de jouer comme s'il s'agissait du scandale du siècle ?
Est-ce que Duceppe renonce pour cette seule raison, ou aussi par manque
d'appuis ? On ne peut qu'être pulvérisé par le spectacle qu'on nous donne
depuis quelques mois, et plus particulièrement ces jours-ci.

Après une brève et mince lueur d'espoir d'un changement de la donne plus
rapide que ce qu'Option nationale est en mesure de produire à ce moment-ci,
nous revoici donc à la case départ, ou plutôt au même point qu'il y a deux
semaines. Chez les élus, il n'y a toujours que Jean-Martin Aussant qui
porte le flambeau indépendantiste. Quant au PQ, on se retrouve à nouveau
devant la déprimante " gouvernance souverainiste ", appellation abîmée qui
risque d'être plus ou moins délaissée, reléguée au second rang derrière
diverses manoeuvres comme le comité annoncé aujourd'hui. Cependant, n'en
doutons pas, les intentions péquistes ne changent pas significativement,
même s'il doit y avoir un ennième nouvel emballage qui cachera aussi mal le
produit que les emballages précédents.

À moins d'un revirement idéologique
à cent-quatre-vingts degrés aussi imprévisible que périlleux pour des élites
péquistes qui construisent depuis des années un édifice du renoncement
souverainiste en béton armé, et qui décideraient soudainement de prendre un
engagement indépendantiste formel et enthousiaste. L'auteur de ces lignes
ne parierait pas sa chemise là-dessus. Et s'ils devaient vraiment le faire,
que leur resterait-il de crédibilité pour porter cette idée sans l'abîmer
?

Entre-temps, c'est François Legault qui doit être soulagé depuis hier,
ainsi que le club des oligarques hypertrophiés qui tiennent tant à ce que
le Québec pense petit. Voilà une petite baisse de stress pour toute la
bande. Avec Mme Marois, au moins, on sait à quoi s'en tenir. Duceppe
écarté, qui pourrait éventuellement troubler la quiétude du club, en relève
possible ? Jean-François Lisée, champion mondial des analyses
péquisto-péquistes ? Ou Bernard "les-Québécois-ne-sont-pas-prêts"
Drainville ? Ou Pierre Curzi, qui veut avant tout réinventer la démocratie
?

Et à travers tout cela, la souveraineté se maintient sans relâche autour
des 43% d'appui, presque confidentiellement, défiant pourtant avec
insolence les affirmations persistantes et catégoriques d'à-peu-près tout
ce qui se trouve de commentateurs patentés, y compris les "souverainistes" d'entre eux *, à propos d'une prétendue impasse. (* À l'exception notable de Josée Legault, véritable opératrice de télescope dans un monde de myopes satisfaits )

Même Antoine Robitaille, valeureux journaliste du Devoir, déclarait gros
comme le bras, chez Bazzo la semaine dernière, la souveraineté à 37%, en
parlant d'un sondage qui la donne bel et bien à 43%. Mais où allons nous ?
A-t-on changé la convention, et choisi désormais d'exclure la répartition
des indécis lorsqu'on présente les données de sondage, mais seulement
lorsqu'on parle de la souveraineté ? Peut-être bien. On ne beurre jamais
assez épais quand il est question de dire que cette option n'intéresse
personne.

C'est dans ce climat que les péquistes appelleront encore à l'unité dans
les prochaines heures. Unir qui autour de quoi ? Sans engagement
indépendantiste crédible et sans équivoque, les paramètres du débat
resteront les mêmes, et la difficulté péquiste à coaliser perdurera. Même
si on agite tous les épouvantails possibles sur le thème de l'abominable
Charest.

Nic Payne

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9 commentaires

  • Nestor Turcotte Répondre

    24 janvier 2012

    Monsieur Cloutier,
    Je suis en accord avec vous: le monde ne s'est pas arrêté en 2003. Le monde du PQ, lui, a tout simplement dévié. J'ai lu vos analyses et dans l'ensemble, j'y souscris.
    Vous êtes habitué à vérifier les faits. J'en fait autant.
    1) En 2003, Landry à la barre du PQ, avait placé la chouveraineté comme vous dites à la 25e de ses priorités. Vrai ou faux?: VRAI. Je réponds voir la plate-forme électorale. Je l'ai encore. Et pour que le Québec reste fort, le PQ avait fait distribuer dans les Cégeps 30,000 condoms. Avec ça, on fait des enfants forts pour le Québec de demain.
    Lors de cette élection, je me suis présenté dans MATANE, comme candidat indépendantiste indépendant. J'ai jasé de l'indépendance du Québec bien plus que le PQ. Je fus, historiquement, le premier candidat indépendantiste du Québec.
    2) Après la saison des Idées, on adopte un excellent programme à Québec. Landry n'obtient pas son 80 % et se retire. Le chef donne tout un exemple. Pendant quelques années, Monsieur Landry ne se fait-il pas l'apôtre de l'union européenne,modèle à être implanté entre le Québec et le Canada? OUI.
    Michel Vastel, dans son livre sur Bernatrd Landry affirme que l'union européenne à la Landry n'est qu'une nouvelle présentation de la souveraineté-association.
    J'en aurais une bonne à vous raconter ici sur le libellé de la question référendaire de 1995, je vous raconterai lorsqu'on se verra...Vous n'en croirai pas de ...vos oreilles.
    3) Je me suis battu de toutes mes forces pour stopper l'élection de Boisclair à la tête du PQ. Avec sa feuille route, il a pris le champ. Est-il devenu, suite à sa démission, un soldat pour l'indépendance? Je vous laisse répondre.
    4) Vous avez suffisamment élaboré les raisons pour que Pauline Marois parte. Je n'y reviens pas. A moins d'un événement majeur au prochain Conseil national, elle sera là pour le prochain scrutin. J'ai déjà prédis la mort du PQ. Je l'enterre maintenant.
    Note: Quant à M. Duceppe, il ne nous sert pas présentement une grande leçon de combativité. Si ce que l'on raconte est bien vrai, je pense qu'on vient de perdre un parti propre au Québec
    Nestor Turcotte

  • Archives de Vigile Répondre

    24 janvier 2012

    Bravo monsieur Turcotte,
    Votre deuxième intervention, décrit en peu de mots le vrai visage du PQ, et ça depuis son existance.Quant à Bernard Landry, quel hypocrisie,«des militant attristés m'abordent dans la rue pour me demander mon avis ,dans certain cas leur détresse est émouvante» et bien entendu la «pression médiatique» étant devenu insoutenable, son devoir de grand patriote l'oblige a tenter de sauvé le parti de René Levesque. À une autre époque,Landry aurait été un candidat parfait pour pleurer derrière les corbillards, qelle farce!

  • Archives de Vigile Répondre

    24 janvier 2012

    Cher Nestor Turcotte
    Le monde ne s'est pas arrêté en 2003. Vous en avez oublié un petit bout et ce n'est pas juste envers Bernard Landry.
    Après la Saison des idées lancée par M. Landry en 2005, le Congrès de 2005, avec son approbation, a accouché du "projet de pays" qui devait être préparé et présenté à l'électorat avec un budget d'un Québec souverain + le thème de l'élection suivi d'un référendum rapide.
    Tout cela a été mis aux poubelles par le PQBoisclair et le PQMarois.
    Bernard Landry est le seul leader péquiste avec Parizeau à parler ouvertement d'indépendance tout le temps et sur toutes les tribunes.
    Trouvez une autre tête de turc, je vous en prie et lâchez-lui la grappe avec sa déclaration d'il y a quelques années sur le statut du Québec comparé à la France à l'intérieur de l'UE.
    Pierre Cloutier

  • Nestor Turcotte Répondre

    24 janvier 2012

    @M. Marineau
    J'ai défendu deux fois la bannière péquiste-séparatiste. Puis, en 1976, quelqu'un de l'extérieur, 3 semaines avant le scrutin du 15 novembre, s'est fait élire comme député dans la circonscription de Matane. il faut le faire !
    J'ai compris, à ce moment-là, que le PQ ne ferait jamais l'indépendance. A partir de 1976, j'ai compris que l'on reniait ce que l'on avait toujours prôné: on ne pouvait pas être un bon gouvernement, un authentique gouvernement, dans la Fédération canadienne.
    IL fallait sortir de la Fédération d'abord, puis, par la suite, avec tous les pouvoirs d'un État moderne, le Québec pourrait se doter d'un BON GOUVERNEMENT. Pas avant. C'est ce qu'on enseignait au peuple avant 1976. A partir de cette date, on a tout renié cela. Voilà le fond du problème.Il n'est pas ailleurs.
    Qui nous a conduit dans ce cul-de-sac? Le Grand René Lévesque. Pas étonnant que tout cela a débouché sur le beau risque. J'aime quand même M.Lévesque. Il a été un grand premier ministre.
    Monsieur Aussant semble reprendre le discours que j'ai tenu, lorsque j'étais candidat en 1970 et 1973. Un vote pour l'Option nationale (le nom de ce parti ne m'accroche guère) est un vote pour l'indépendance. Il n'y a aucune équivoque.
    Avec cette approche claire comme de l'eau de la source de la terre de chez nous, j'ai réussi, (avec un budget de 1,00O.OO$) à capter l'adhésion de 38 % des mes concitoyens. Le député actuel n'a guère obtenu plus que cette note, sans parle carrément de l'indépendance, comme tous les candidats de l'époque le faisaient.
    Si la lutte s'était poursuivie dans ce sens, en 1976, le PQ aurait été tout près du pouvoir, ou encore se serait fait élire. L'indépendance serait réalisée. LE QUÉBEC avait moins de 10 milliards de dette. Quelle chance manquée !
    Depuis ce temps, on cherche des formules; on crée des comités; on fait des colloques; on invente des Congrès qui bafouent les règles, etc...
    Si Monsieur Duceppe était vraiment un indépendantiste, il n'aurait fait ses élections, ses nombreuses élections, que sur l'indépendance.Il a préféré jouer le jeu lui aussi. Il l'a fait trois fois sur le scandale des commandites. On ne rallie pas les électeurs autour des cochonneries étalées dans le décor.
    Je suis maintenant trop âgé pour reprendre du service. JE m'amuse à rire quelque peu de ceux qui prônaient la voie qui les a menés tous dans un cul-de-sac...
    Bon courage à Monsieur Aussant...et à vous aussi.
    Nestor Turcotte

  • Archives de Vigile Répondre

    24 janvier 2012

    On a écrit:"Une seule grimace de Paul Desmarais..."
    Mon commentaire:
    Si vous avez lu La Presse d'aujourd'hui, les sources d'information viennent du Bloc. Cela signifie que d'ex-députés ou d'ex-employés du Bloc avaient, déjà, passé "les tuyaux" à un ou des journalistes de La Presse. On ne peut diriger un parti d'une main de fer, pendant plusieurs années sans se faire "d'ennemis"! Je suis convaincu que Desmarais n'a rien à faire là-dedans!
    J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour Duceppe. Mais je n'endosse pas votre point de vue qui le voyait déjà premier ministre: administrer le Bloc pis administrer le PQ, c'est le jour et la nuit.
    Quant au "vaudeville", il fait partie, malheureusement, du pattern du mouvement souverainiste!!! Pour moi, actuellement, le "vaudeville", c'est PQ + QS + PI + ON. Il y a 4 "vrais chemins indépendantistes! Tout à chacun se présente comme un "vrai" indépendantiste!
    Pendant ce temps-là, aucun député libéral n'a fait défection.
    Ah oui, j'oubliais! Pour réaliser la souveraineté du Québec, ça veut dire prendre le pouvoir!!!

  • Henri Marineau Répondre

    24 janvier 2012

    @ Nestor Turcotte
    "Quelqu’un est-il capable, dans tout ce brouhaha et ces divisions intestines, dire de quoi aurait l’air le chemin pour y aller ?"
    Oui, il existe, ce "quelqu'un", c'est Jean-Martin Aussant. Prenez le temps de lire la plate-forme d'Option nationale...vous connaîtrez "de quoi aurait l'air le chemin pour y aller!

  • Archives de Vigile Répondre

    24 janvier 2012

    On a écrit:" les élus, il n’y a toujours que Jean-Martin Aussant qui porte le flambeau indépendantiste."
    Mon commentaire:
    Donc, dans cette logique, les Drainville, Hivon, Bédard...bref tous les députés péquistes ne veulent pas la souveraineté du Québec?
    Quant à ce Aussant, grand bien lui fasse !!!

  • Henri Marineau Répondre

    24 janvier 2012

    Je suis globalement d'accord avec votre argumentaire. Toutefois, je ne crois pas que Gilles Duceppe vient de se retirer définitivement de la politique. Le lion n'est pas mort, il a simplement battu retraite pour refaire ses énergies et rebondir plus fort en espérant que ce soit au sein d'Option nationale car, comme vous le dites à raison:
    "Chez les élus, il n’y a toujours que Jean-Martin Aussant qui porte le flambeau indépendantiste."

  • Nestor Turcotte Répondre

    24 janvier 2012

    Comme tout le monde, j'ai lu la lettre de Bernard Landry paru dans les journaux de Gesca, comme certains vigiliens parlent. Il invite les indépendantistes à mettre le cap sur l'indépendance. Quant on change de cap, sur un bateau, c'est qu'on allait dans une autre direction.
    Le PQ que M.Landry a dirigé avait-il mis le cap sur l'indépendance? NON. NON . NON.
    Relisez l'article que j'ai écrit en 2003: LE 25e carreau. Pour ceux qui l'auraient oublié, le PQ, ce moment-là, avait fait une élection sur 25 priorités. Savez-vous où le PQ dirigé par Monsieur Landry, en 2003, avait placé la souveraineté du Québec? Au 25e carreau. Allez voir dans vos archives. Pour un capitaine qui exige aujourd'hui que l'on mette le cap sur l'indépendance, c'est assez étonnant. Lorsqu'il était à la barre du bateau, il le conduisait où, à l'époque?
    Aujourd'hui, M. Landry nous parle de mettre le cap sur la souveraineté. Cela veut dire,si je comprends bien, que le parti qu'il dirigeait ne met plus le cap sur la souveraineté...et qu'il met le cap sur quelque chose d'autre.
    Ce quelque chose d'autre, ressemble à ce que proposait l'ancien premier ministre Landry, à savoir une union confédérale hypothétique. On fait de la gouvernance souveraniste, selon Marois, en attendant que les étoiles soit alignées pour faire un référendum sur quelque chose qui n'est pas précisé.
    Heureusement que M. Landry a corrigé le tir en 2005...mais, par la suite, il a quitté. Un Chef qui quitte après avoir bâti un solide programme, visionnaire, emballant, me laisse songeur.
    J'ai imaginé, un instant, ce matin que le PQ-Marois, qui est à 21 % selon le dernier sondage, aurait le double des suffrages des Québècois, soit 42 %.. Toute cette belle querelle de chapelle s'écroulerait. On se la fermerait tous...parce que le pouvoir serait à porter de mains. Mais tel n'est pas le cas.
    Landry propose de mettre le cap sur l'indépendance. Soi! Quelqu'un est-il capable, dans tout ce brouhaha et ces divisions intestines, dire de quoi aurait l'air le chemin pour y aller? C'est toujours le même scénario depuis 40 ans: si les sondages sont bons, on ne parle plus d'indépendance; si les sondages sont mauvais, on fait tout pour rapatrier les indépendantistes dissipés dans la nature.
    Et vous appelez ça encore une GRAND PEUPLE, un peuple qui se fait manipuler ainsi?
    Permettez-moi d'en douter.
    Nestor Turcotte