Ma réponse à Simone et Michel

Maintenant, votre littérature embrouillée autant qu’embarrassée semble aussi dérisoire qu’archaïque. Parce que la confiance est perdue, et pour longtemps.

Élection présidentielle française


Simone Veil, membre de l’Académie Française et soutien fidèle de Nicolas Sarkozy , et Michel Rocard, ancien premier ministre de François Mitterrand, l’une de droite, l’autre de "gauche ?" se sont associés pour écrire une tribune relative à l’affaire Woerth, sous le titre "Halte au feu".
Ce cri m’a conduit à quelques réflexions. Qu’il me soit permis de les exprimer sous une forme plutôt familière eu égard à la hauteur de ces deux éminences.
En cette période estivale il est vrai qu’un incendie est vite arrivé. Mais n’est il pas trop tard pour crier ?
Chère Simone, Cher Michel...
J’ai lu votre lettre.
C’est bien. En ces temps d’individualisme forcené où chacun ne pense plus qu’à soi, que deux êtres de votre trempe et de votre envergure viennent porter secours à un copain croulant sous les accusations est à la fois généreux et solidaire. Il est rassurant de voir que cette solidarité existe encore !
On vous connait depuis longtemps.
Vous Simone, vous vous êtes attirée autrefois, à cause de votre loi courageuse pour l’époque, notre sympathie et même notre admiration. Puis, comme effrayée par votre propre audace, vous vous êtes réfugiée au fond de cette droite qui est votre milieu naturel et dont vous n’êtes plus jamais sortie.
Vous Michel, au temps où vous étiez Premier Ministre, vous avez souffert de la dent dure d’un président qui n’était pas certes un parangon de vertu, mais qui avait des qualités de lucidité et de clairvoyance dans les jugements qu’il portait sur les hommes.
Et vous voilà tous deux réunis, l’une de droite et l’autre de « gauche ? » pour porter secours à cet ami dans la peine, et pour prier les malfaisants qui s’acharnent sur lui sans relâche de bien vouloir se taire.
Oh bien sûr, il faut lire avec attention pour vous comprendre, car votre style n’est pas de première clarté, pas plus que les circonvolutions que vous empruntez, les détours sinueux, les explications marécageuses n’aident bien à éclairer votre démarche. Mais l’essentiel n’est il pas d’arriver au bout ?
(C’est Michel qui a rédigé ? C’est vrai que lui n’est pas encore à l’Académie.)
Donc voilà Eric Woerth, puisque c’est bien de lui qu’il s’agit, soutenu et encouragé dans sa résistance aux forces du mal qui l’accablent.
Il est vrai que votre ami remplit en ce moment une mission que vous soutenez ardemment tous les deux, que vous considérerez comme prioritaire, urgente et indispensable, le « ratiboisage » des retraites. Vous, l’une de droite et l’autre de « gauche ? » ne risquez pas de voir vos vieux jours affectés par cette mesure, ce qui vous donne la distance suffisante pour en juger en toute objectivité. Si jamais votre brave copain s’effondrait en plein vol sous les plombs des chasseurs, la « réforme » bienvenue risquerait elle aussi d’en prendre un coup dans l’aile.
Voilà donc pourquoi vous dites « halte au feu ».
Vous craignez que le brave peuple ne pense et ne dise « tous pourris » devant ce déballage insensé. Mais ne pensez vous pas qu’il est un peu tard pour arrêter la marche inexorable des choses ? Car « tous pourris ou peu s’en faut » je crains fort que la grande majorité d’entre nous ne le pense aujourd’hui. Les sondages (même après la pondération habituelle) en témoignent. Et votre petit « halte au feu » aura bien du mal à couvrir le brouhaha.
Vous dites aussi qu’on peut débattre, parler, dans notre démocratie, sans s’acharner sans preuves. Là , chère Simone et cher Michel, je ne vous suis plus du tout, qu’il me soit permis de vous le dire. D’abord, nous voyons tous les jours dans les guenilles de démocratie qui nous restent, comment s’exerce le débat et quels effets il opère sur les régressions multiples et successives.
Quant aux preuves... Mais elles sont partout et chaque jour en apporte de nouvelles ! Sans preuves ! C’est sans doute la partie humoristique de votre missive !
Peut être voulez vous dire qu’à ce jour, il n’y a pas d’illégalité prouvée. C’ est un autre aspect des choses et c’est bien là le plus ennuyeux. Comment en sommes nous arrivés, après tant et tant de lois votées, la plupart pour réprimer, sanctionner, restreindre les droits, anéantir les acquis, à ce qu’aucune loi ne protège la morale en politique ? A ce que ne paraissent pas répréhensibles des agissements douteux, des conflits d’intérêts, des arrangements de copinage, des petites combines qui se veulent secrètes ? A ce que certains, bien placés puissent s’affranchir, pour des intérêts particuliers, des règles d’éthique et de morale que l’on exige tant des moins nantis.
Qui a fait ces lois (ou ne les a pas faites), chère Simone, cher Michel ? Qui les a votées ? Ceux qui ont été désignés par le peuple pour être ses représentants et pour agir selon ses intérêts, et non point pour le contraindre, l’asphyxier, l’humilier et profiter de ses espoirs et se sa confiance pour le dévaliser.
Alors votre lettre... Halte au feu, quand l’incendie fait rage, c’est trop tard. Il fallait l’écrire plus tôt, bien plus tôt. Il fallait l’envoyer à celui qui paradait sans complexe sur le yacht d’un milliardaire en exhibant ses montres. Il fallait en faire des copies pour les adresser à l’assemblée du Fouquet’s. C’est à ce moment là qu’il eût été bon de crier « halte au feu », et surtout « casse-cous ».
Mais à ce moment là on ne vous a pas entendu ni l’un ni l’autre... ni Madame le grand Officier de la Légion d’Honneur, ferme soutien du Président Sarkozy, ni monsieur l’Ambassadeur aux pingouins.
Maintenant, votre littérature embrouillée autant qu’embarrassée semble aussi dérisoire qu’archaïque. Parce que la confiance est perdue , et pour longtemps.


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