Martin Pelchat - Le gouvernement Charest retarde la mise en place de la redevance promise sur le captage d’eau, soucieux notamment de ne pas « braquer » les grands utilisateurs que sont les municipalités, les usines de pâtes et papiers et les agriculteurs.
Questionnée par l’ADQ cette semaine en commission parlementaire, la ministre de l’Environnement, Line Beauchamp, n’a pas été en mesure de donner un échéancier, même si elle reconnaît que « les Québécois ne comprennent pas pourquoi il n’y a pas encore cette redevance sur l’eau ». Les millions de dollars qui seront retirés de la redevance sur le captage d’eau par les grands utilisateurs comme les embouteilleurs iront garnir le Fonds vert pour financer l’application de la Politique nationale de l’eau.
Mme Beauchamp précise cependant qu’elle ne veut pas « provoquer des crises ». « On va y aller de façon systématique, en posant les bonnes questions, en s’assoyant avec les gens concernés, parce que quand on parle de ça, on parle des municipalités, on parle d’industries très importantes au Québec, on parle du secteur agricole. Est-ce qu’on va le faire ? On va le faire de façon intelligente. »
La ministre note que ces secteurs sont « très préoccupés » par le geste que le gouvernement s’est engagé à poser. Le monde municipal est responsable d’environ 50 % de la captation d’eau au Québec, explique-t-elle. L’industrie des pâtes et papiers, qui utilise de très grandes quantités d’eau, fait pour sa part valoir les temps difficiles qu’elle traverse avec la crise forestière. « Il y en a qui réagissent en disant : “Êtes-vous sûre que c’est le bon moment pour parler d’une redevance sur l’eau lorsqu’on regarde ces secteurs-là ?” » insiste la ministre.
Cette dernière souligne en outre que son ministère n’a encore qu’une connaissance « parcellaire » des volumes interceptés par les utilisateurs. Elle songe donc à instaurer une « déclaration obligatoire », sorte de première étape en vue de la mise en place de la redevance. « Au moins on saurait quels secteurs utilisent combien d’eau puis quel est l’impact financier pour eux. »
Un recul, selon l’ADQ
Le critique adéquiste en matière d’environnement, Simon-Pierre Diamond, souligne que le prédécesseur de Mme Beauchamp, Claude Béchard, était beaucoup plus pressé de mettre cet engagement à exécution il y a un an, en commission parlementaire. C’était à l’époque l’affaire de « quelques semaines ». Le ministre disposait d’ailleurs de scénarios d’impacts de la mesure sur plusieurs secteurs. « J’ai l’impression que le Parti libéral a reculé, conclut M. Diamond. Ils veulent absolument étouffer le dossier. »
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