La question reste ouverte à savoir si le Canada a besoin d'une entente de libre-échange avec l'Europe, mais l'avantage d'une telle entente pour le gouvernement Harper est beaucoup plus clair.
Avec le nuage de réticences allemandes flottant soudainement au-dessus de l'accord jugé «historique» par le premier ministre Stephen Harper, des partisans du libre-échange suggèrent à M. Harper de faire des compromis s'il le faut pour s'assurer de la conclusion de l'entente.
L'objection allemande a d'abord été évoquée dans une fuite dans les médias, samedi, disant que Berlin n'apposerait pas sa signature en raison des dispositions du règlement des différends relatifs aux investissements. Par la suite, un responsable gouvernemental allemand a simplement affirmé que l'Allemagne examinerait l'entente de façon «méticuleuse» une fois qu'elle serait finalisée.
Dans une réponse aux médias, la chef de la section des affaires économiques et commerciales de l'UE au Canada, Karsten Mecklenburg, a affirmé que les «négociateurs avaient quasiment terminé leur travail» et que les États membres de l'UE seraient appelés à approuver le document seulement après cela.
L'ambassadeur allemand au Canada, Werner Wnendt, a affirmé que les dispositions sur les différends relatifs aux investissements ne représentaient pas un élément pouvant briser l'entente, mais qu'elles nécessitaient un examen approfondi. Il a souligné au réseau anglais de Radio-Canada que le Canada et les pays européens comptaient des systèmes de justice adéquats, et qu'il fallait donc se demander si des «mécanismes distincts de résolution de conflit» étaient nécessaires.
Le bureau du ministre du Commerce international Ed Fast n'a pas répondu aux demandes d'entrevue avec le ministre, disant simplement que d'«excellents progrès avaient été accomplis». La Chambre de commerce du Canada a pour sa part dit avoir reçu l'assurance des partenaires allemands que l'entente ne serait pas bloquée, mentionnant qu'il était question d'«enjeux politiques internes» dans le contexte des négociations parallèles de libre-échange avec les États-Unis.
Des experts du commerce international, qui ont suivi de près les négociations entre le Canada et l'Europe, ont dit croire que l'Allemagne avait sans doute voulu signifier au Canada qu'il devait être prêt au compromis s'il ne voulait pas risquer de perdre l'entente.
Un échec serait néfaste pour l'économie canadienne, affirment-ils, bien que les données de Statistique Canada montrent que les exportations vers l'UE ont rebondi de manière importante par rapport à l'automne dernier. Mais étant donné l'importance qu'a accordée M. Harper à l'entente, un échec serait encore plus dommageable politiquement pour les conservateurs.
«Si M. Harper ne peut pas conclure ce qu'il qualifie d'accord de libre-échange le plus important dans l'histoire du pays, cela lui nuira considérablement», a fait valoir Ian Lee, professeur de sciences économiques à l'Université Carleton.
Selon l'avocat en droits du commerce Lawrence Herman, l'Allemagne s'inquiète peu du Canada, mais davantage de ce que pourrait signifier de telles dispositions entre les mains de sociétés américaines plus riches et plus habitués aux litiges commerciaux.
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