CyberSoleil du 2 juillet dernier rapportait les propos ambigus d’un
manifestant qui précisait toutefois ne parler que pour lui-même : il disait
préférer une hausse de la natalité à une hausse de l’immigration. Cette
affirmation peut prêter à interprétation, mais comme le journaliste ne dit
pas si l’individu était hostile, on peut présumer qu’il ne l’était point.

Pourtant, cinq jours plus tard, une lectrice “outrée” traite l’individu en
question d’intolérant, et de raciste, rien de moins ! Cette dame voit la
paille dans l’œil du manifestant sans voir la poutre dans son propre œil à
elle.

D’abord, nullement gênée par ses propres contradictions à elle, la dame y
va d’un argument frôlant le racisme : les “Africains d’Afrique” (sic!),
écrit-elle, ceux-là qui sont francophones, ont un langage supérieur à celui
de la majorité des Québécois (à tel point que nous devrions même en
rougir!)

C’est exactement ça, le racisme : attribuer à certains groupes une
quelconque “supériorité” ; ou, encore : faire preuve d’une “hostilité
violente” contre certains (cf. Le Robert). La dame ne prêche pas par
l’exemple en généralisant les propos d’un célèbre inconnu pour les coller à
l’ensemble des nationalistes (le manifestant souffrant lui-même de la tare
nationaliste).

Soit dit en passant, j’ai deux beaux-frères ultra-fédéralistes (et autant
xénophobes que racistes) qui déversent régulièrement leur fiel sur les
“maudits” péquistes qui ont facilité l’immigration au Québec de milliers
d’Haïtiens dans les années 70, sous l’égide de Jacques Couture, ministre de
l’Immigration dans le gouvernement de René Lévesque.

Si, comme cette dame, je délirais à mon tour, je vous lancerais le
syllogisme suivant : mes beaux-frères fédéralistes, que je connais fort
bien, sont intolérants, xénophobes et racistes ; donc, cela me confirme que
TOUS les fédéralistes sont pareils : intolérants, xénophobes, et racistes.
(Le lecteur perspicace comprendra que c’est là un raisonnement absurde,
sans rapport avec le réel.)
J'invite la dame que j’interpelle ici à voyager au Québec : elle verra
qu’à peu près personne ne lui dira que les Québécois s’estiment supérieurs
aux autres. Au contraire, elle verra que les Québécois sont fort tolérants,
et ouverts sur le monde. Même que les Québécois auraient plutôt un léger
complexe …mais d’infériorité !

Moi qui ai des grands-parents écossais et irlandais, je l’invite aussi à
s’informer auprès des gens qu’elle côtoie : elle verra que les Québécois
sont déjà beaucoup plus “métissés” qu’elle ne le pense.

Enfin, côté “hostilité violente”, j’invite cette dame qui traite de
“séparatistes” ceux-là même qu’elle accuse, eux, d’être intolérants, de
rayer ce mot péjoratif de son vocabulaire à elle. “Péjoratif” parce que
“séparatiste” est à “souverainiste” ce que “nègre” est à “noir” : le
premier mot étant connoté, l’autre pas.

Par son choix délibéré d’un mot hostile pour nommer les souverainistes, la
dame, comme tant d’autres, ne semble pas voir qu’elle laisse transpirer sa
propre intolérance, sa violence verbale, car, partout dans le monde, les
vrais “séparatistes” sont des terroristes sanguinaires qui ont tué des
dizaines de milliers de gens.

Bon an mal an, près de 40% des Québécois se disent souverainistes.
Trouve-t-elle cela un acte de tolérance le fait de se servir d’un tel mot
péjoratif (les “séparatistes”) pour désigner cette large proportion de nos
concitoyens?

Si les connotations négatives et violentes liées au mot “séparatistes” lui
échappent, je lui suggère de s’ouvrir sur ce qui se passe hors de nos
frontières, et de constater que çà et là sur la Terre, les “séparatistes”
commettent des actes extrêmement violents et meurtriers presque chaque
semaine.

Au Canada, outre les séparatistes sikhs qui ont tué 2 bagagistes et 329
voyageurs en 1985, les seuls qui méritent d’être associés aux vrais
“séparatistes” de ce monde, ce sont les felquistes. Mais ça, c’est de
l’histoire ancienne. Alors que les violences “séparatistes” à travers la
planète sont très présentes et très contemporaines…

Lise Warren-Lalonde, Shawinigan
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