Les saboteurs

IDÉES - la polis

À l'échelle de l'histoire humaine la conquête de la démocratie par les peuples est relativement récente. Elle ne s'est pas encore imposée à la majorité des nations. Des continents entiers ou presque lui échappent. Et là oû elle prévaut, elle est assaillie. C'est le cas chez nos voisins, les Canadiens. Chez nous,Jean Charest, y contribue également.
La démocratie est une conquête populaire. Les actuels mouvements dans les pays arabes le rappellent avec conviction. Une conquête contre l'obscurantisme, l'arbitraire et la violene sous toutes ses formes.
Avec la démocratie viennent la reconnaissance et l'effectivité des droits fondamentaux des personnes, des organisations et des nations. Vient également le plein exercice des libertés de pensée, d'expression et d'association. Le tout garanti par un exercice du pouvoir balisé par la transparence, le débat et la capacité de prendre des décisions majoritaires.
Chez nos voisins comme chez nous, nous en sommes de moins en moins là. Des dirigeants prennent de plus en plus de distance par rapport aux règles. L'information fait défaut. Les débats sont dévoyés. Et la capacité collective d'agir sapée.
L'information fait défaut quand il y a refus de faire cas des demandes répétées de la population de faire la lumière sur la corruption et la collusion dans un secteur névralgique de l'activité économique comme celui de la construction et sur le financement des partis politiques. Il y a défaut d'information quand des premiers ministres refusent d'informer les élus sur les coûts des achats militaires ou sur une politique davantage axée sur la répression que sur la réhabilitation. Il y a défaut d'information quand des ministres mentent en pleine chambre relativement au financement d'ONG de coopération internationale ou quand on dit n'importe quoi et son contraire sur la politique énergétique inexistante du Québec.
Les débats sont dévoyés quand un premier ministre ferme le parlement plutôt que de faire face à un vote de confiance de la majorité des élus; quand le même premier ministre banalise les constats d'infraction du président de la chambre qui précise que le gouvernement s'est rendu coupable, à trois reprises, de mépris envers les élus; quand plus près de nous, une ministre passe outre à l'unanimité du point de vue des groupes venus débattre avec elle des écoles passerelles pour légaliser ces dernières; quand un gouvernement passe sous le bâillon des législations majoritairement refusées par la population.
La capacité collective d'agir est sapée quand un gouvernement affame l'État en baissant systématiquement les impôts des entreprises et des plus riches; quand il coupe dans les services publics; quand il brade les ressources naturelles appartenant au peuple ou quand il revient à une pratique coloniale de prélèvement des redevances.
Le Canada et le Québec ont élu deux gouvernements conservateurs qui s'avèrent des saboteurs. Saboteurs des acquis. Saboteurs de la démocratie.


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