Les Québécois doivent «manger local»

Une façon de réduire le coût du panier d’épicerie selon le PDG de l’Association des détaillants en alimentation

Ab33565dd47b857734c2713f8bfdb4fd

Québec a renoncé à l'autosuffisance alimentaire






Le panier d’épicerie coûtera 350 $ de plus en 2016, annonçaient les médias en début d’année. Alors que les consommateurs se désespèrent de cette hausse des prix des aliments, le président-directeur général de l’Association des détaillants en alimentation du Québec, Florent Gravel, réclame du gouvernement qu’il mette en place diverses mesures pour aider ses 8000 membres et les consommateurs à favoriser l’achat local à bas prix.




Est-ce que la hausse des prix des aliments est inévitable ?




«C’est sûr. Nous ne contrôlons pas les prix imposés par les producteurs, les transformateurs. Ni ceux des fruits, légumes et viandes qui sont importés des États-Unis avec un dollar à 70 cents par les distributeurs. Les consommateurs ne doivent pas se faire d’illusion, ça va perdurer.»








« Le gouvernement a négligé de protéger ses agriculteurs et ignore la demande croissante des consommateurs de manger québécois à bas prix » — Florent Gravel








Si les consommateurs mangeaient plus de produits québécois, est-ce que les prix baisseraient ?




«Ça aiderait. Mais pour cela, Québec doit regarder de façon judicieuse comment intervenir en faveur de l’agriculture québécoise. On avait SAVOURA qui a fait faillite et qui payait des prix vraiment exorbitants d’électricité. Depuis que l’abattoir Viandes Laroche est fermé, le bœuf fait des milliers de kilomètres avant d’arriver chez nous. Trop de terres agricoles sont vendues à des prix spéculatifs, ce qui rend difficile le transfert intergénérationnel. Tout ça fait grimper les prix du panier d’épicerie.»




Il y aura un Sommet québécois sur l’alimentation en mai, croyez-vous qu’on y trouvera des solutions ?




«Pas du tout. Ce sera une importante perte de temps pour l’industrie. On connaît très bien les problèmes et l’urgence d’agir. Depuis des années, nous faisons de la promotion des aliments québécois, mais il manque sérieusement d’identification des produits de chez nous dans les étalages. Ce n’est pas juste aux consommateurs de s’impliquer, c’est aussi aux industriels et aux gouvernements de favoriser le logo “Aliments du Québec”.»




Les détaillants se plaignent de la faiblesse de leur marge de profit pendant que les chaînes déclarent des revenus jamais égalés et offrent des bonis faramineux à leurs dirigeants. Où est le problème ?




«Il faut séparer le propriétaire d’une chaîne d’alimentation du franchisé d’un supermarché. Les distributeurs déterminent les prix et exigent que les franchisés les respectent. La marge de profit du détaillant se situe entre un mince -2 % à 2 %. Il faut que tout le monde travaille ensemble. On a forcé des propriétaires des chaînes à faire une plus grande place aux produits locaux, mais le consommateur veut une vaste gamme de denrées aux meilleurs prix. Un détaillant ne peut pas que privilégier les produits québécois si ses concurrents n’hésitent pas à publiciser qu’ils offrent le même produit importé deux fois moins cher.»




Vous vous faites alors complice du dumping alimentaire ...




«On a essayé de sensibiliser le gouvernement là-dessus, mais il nous dit être lié par les traités de libre-échange. Le gouvernement a négligé de protéger ses agriculteurs et ignore la demande croissante des consommateurs de manger québécois à bas prix. Il ne faut pas s’étonner alors que les gens achètent une carte de membre pour faire leur épicerie chez Costco, qui s’approvisionne aux États-Unis. On sait que ça n’a pas de bon sens, mais, au prix du panier d’épicerie actuel, il y aura toujours une recherche des meilleurs prix.»




Donc, soutenir les détaillants doit aussi être dans la ligne de mire du gouvernement ?




«Légiférer pour améliorer les profits des producteurs et des détaillants aidera à rendre leurs prix compétitifs. Par exemple, les consommateurs achètent souvent avec leur carte de crédit, mais ça coûte 10 fois plus cher en frais au détaillant que l’usage de la carte de débit. On réclame depuis longtemps un plafonnement des frais, mais le gouvernement fait la sourde oreille.»


 




Qui est-il ?




Fils et petit-fils d’épicier, Florent Gravel a travaillé dans l’épicerie familiale de la rue Fleury, dans le quartier Ahuntsic, à Montréal, jusqu’en 2003, tout en étant pompier à la ville de Montréal. À compter de 1994, il a fait partie du conseil d’administration de l’Association des détaillants en alimentation avant d’en devenir le directeur général en 2005.



 




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé