Le premier ministre Philippe Couillard a été piqué au vif, il y a deux semaines, quand la CAQ a rendu publics les résultats d’un sondage montrant que trois Québécois sur quatre croient son gouvernement aussi corrompu (60 %), voire plus corrompu (16 %) que les précédents, mettant quiconque au défi de citer un seul cas de corruption survenu sous sa gouverne.
Il est vrai que les allégations ou les accusations qui ont défrayé la chronique depuis deux ans et demi faisaient référence à des événements survenus avant qu’il devienne premier ministre, qu’il s’agisse des crimes dont Nathalie Normandeau devra se défendre devant les tribunaux, du conflit d’intérêts reproché à Sam Hamad ou, plus récemment, des magouilles dont des collecteurs de fonds libéraux se seraient rendus coupables à la SIQ.
Il y a bien eu le cumul de postes douteux de l’entrepreneur-ami-employé du ministre Laurent Lessard, Yvon Nadeau, qui a manifestement des talents de lobbyiste. Les coïncidences sont troublantes, mais il n’a pas été démontré qu’il y avait eu favoritisme, et l’opposition semble avoir lâché prise.
Le gouvernement Couillard se plaint d’être déclaré coupable par association, mais les perceptions ont la vie particulièrement dure en politique, et lui-même ne fait pas grand-chose pour les corriger. Il ne suffit pas de blâmer le gouvernement Charest, comme M. Couillard l’a fait ouvertement mardi. Il faudrait sentir plus d’empressement à faire la lumière sur le passé et à faire en sorte que l’avenir soit plus édifiant. On ne constatait pas cette procrastination quand il s’agissait de réduire les services pour atteindre le déficit zéro.
Quand le comité de suivi des recommandations de la commission Charbonneau a présenté un rapport qui jugeait insatisfaisantes les suites que le gouvernement leur avait données, la réaction de la ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Rita de Santis, a été de blâmer le comité, auquel elle a reproché de ne pas avoir compris les « subtilités » du processus législatif.
Cette condescendance était déplacée. Ce que le comité reprochait au gouvernement était d’ailleurs moins la lenteur de sa réaction que son insuffisance. La nouvelle Autorité des marchés publics (AMP), dont la création était la principale recommandation de la commission Charbonneau, n’aura pas suffisamment de dents et le projet de loi visant à protéger les lanceurs d’alerte ne va pas assez loin, a constaté le comité.
Quand le rapport de la commission Charbonneau a été rendu public sans blâmer qui que ce soit, ni établir de lien entre l’octroi des contrats publics et les contributions à la caisse du PLQ, plusieurs ont eu l’impression d’une parodie de justice faite aux frais des contribuables. Cela aurait dû inciter le gouvernement à redoubler d’efforts dans la mise en oeuvre de ses recommandations, plutôt que d’avoir l’air de faire le minimum.
Le nouveau rapport sur les magouilles à la SIQ, que le PQ et la CAQ ont rendu public presque simultanément mardi, est encore plus troublant que les précédents. On savait déjà que le gouvernement Charest avait laissé les collecteurs libéraux noyauter la direction de la société d’État et tirer de plantureux bénéfices de transactions plus que douteuses. Il est encore plus choquant d’apprendre que le gouvernement a empêché la SIQ de profiter d’une occasion inespérée d’annuler une vente d’immeubles très désavantageuse pour les contribuables afin de permettre aux amis du PLQ de conserver leur pactole.
Il est rare qu’une intervention politique soit établie aussi clairement. Le rapport de la firme Accuracy fait état d’une rencontre entre le ministre responsable, un représentant du premier ministre et l’acheteur en défaut de paiement qui réclamait un délai. À défaut de faire la lumière sur cette intervention politique, le gouvernement Couillard ne sera pas seulement condamné par association, on l’accusera de faire obstruction à la justice.
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