Nous? Monument national, samedi 7 avril 2012
Pile midi. Le premier s'avance. C'est le dramaturge et poète André Ricard. En dix minutes la table est mise. Et pendant 12 heures, nous serons servis. À souhait. Et pour le plus grand plaisir de nos oreilles et de nos cerveaux.
Liberté! Démocratie! Citoyenneté! Équité! Justice! Responsabilité! Droits! Peuple! Intérêt général! Français! Économie...sociale! Richesse! Ressources! Indépendance! Avenir! Nation! Histoire! Territoire! Audace! Révolution... tranquille! Fierté! Institutions! Mondialisation...humaine! Équité! Autochtones! Diversité! Solidarité! Étudiants! Etc. C'est le côté soleil!
Côté ombre c'était : Dépendance! Répression! Indifférence! Inégalités! Injustice! Corruption! Exclusion! Province! Privatisation! Assimilation! Libéralisme! Pauvreté! Exploitation! Assujettissement! Désillusion! Canada! Inculture! Occupation! Culpabilité! Défaite! Honte! PPP! Turbocapitaslisme! Compétition! Repli! Pensée unique! Division! Gouvernement.
Ce moment fut grandiose! Autant les 24 heures du Moulin à paroles des 12 et 13 septembre 2009 nous avait fait tourner la tête pour revoir notre passé autant ces 12 heures nous ont fait voir tout droit devant, sans complaisance, notre avenir. Prometteur si...! Calamiteux si...!
À plus d'une reprise j'ai été profondément ému! Par les femmes surtout. Qui furent majoritaires à parler de nous au futur. Et dans des mots chargés d'images si belles et de poésie si douce. On anticipe facilement qu'entre leurs mains le Québec sera bien!
J'ai bu ces douze heures comme j'avais bu les 24 heures du Moulin à parole. Et en revenant à la maison m'est remonté le souvenir des 24 heures de la Nuit de la poésie. C'était le 27 mars 1970. Le contexte politique était lourd. Le Bill 63 (loi linguistique de bilinguisation du Québec) avait été adopté en dépit d'un mouvement social large d'opposition. La résistance s'organisait. Les poètes brandirent la parole. On vit les Gaston Miron, les Pauline Julien, les Gérald Godin, les Michèle Lalonde et tous les autres nous transporter au front pour que la lutte continue. Ce qui fut fait. Un mois plus tard un premier contingent de députés indépendantistes était élu.
Samedi, à nouveau, nous entendîmes Gaston Miron, Pauline Julien et Gérald Godin. Et Michèle Lalonde, en personne, vint nous parler de Liberté! Le contexte est lourd. Les étudiants sont dans la rue. La gigantesque manifestation du 22 avril (Jour de la terre) se prépare fébrilement. Des élections approchent. Et les poètes, encore une fois, ont pris la parole. De grandes transformations s'annoncent.