Le meilleur des mondes

Discours de Jocelyn Desjardins, lors du Rassemblement Nous? écrit par "unnouveaumouvement"

NOUS? 7 avril 2012

Voici le discours prononcé par le porte-parole du Nouveau Mouvement pour le Québec, Jocelyn Desjardins, à l’occasion du Rassemblement Nous, le 7 avril 2012.
Ce texte a été écrit par deux sympathisants du NMQ, Jason Brochu-Valcourt et Michael Lartigau.
Une vidéo sera mise en ligne ultérieurement.


Le meilleur des mondes
On nous dira que le rêve doit céder le pas au pragmatisme. On nous dira que l’Histoire, notre histoire, n’a plus de commune mesure avec le présent. On nous dira de ne pas changer parce qu’ailleurs c’est pire, que c’est invivable. On nous dira que nous sommes un frein.
Mais ce qu’on ne nous dira jamais, c’est que le changement dérange. Il dérange surtout ceux qui en comprennent les raisons et la justification.
Il fût un temps où l’impossible se heurtait au possible, où la frontière entre ici, maintenant et demain était dissoute par le souffle d’hommes et de femmes portés par le changement. Ce temps-là, nous en sommes les héritiers, mais aussi les dépositaires.
Entre l’impossible et le possible existe un dialogue et non une fatalité. Entre l’impossible et le possible, l’homme est saisi tout entier de sa condition: la possibilité d’être, mais surtout, l’impératif de de-ve-nir.
Partout, partout, l’apathie et la parole unique se rencontrent pour nous déposséder de ce droit à exiger mieux. Il ne s’agit pas d’inonder nos cœurs et nos esprits de haine ou de rancœur, mais bien de saisir cette occasion qui nous est donnée d’espérer. Il s’agit, pour nous tous, d’opposer le mouvement à l’immobilisme. D’opposer le mouvement au statu quo.
Il y a eu, au cours de l’histoire, des hommes et des femmes, habités par le mouvement. Un mouvement ouvrier, un mouvement populaire, un mouvement féministe, un mouvement étudiant. Un mouvement pour la liberté. Partout et toujours, le mot résonne dans toute sa force évocatrice : mouvement. Vecteur du possible, catalyseur du changement.
On nous accusera de nonchalance. De cette affliction qui consiste à s’indigner par mode, parce que c’est dans l’ère du temps. On nous accusera d’être des enfants-rois au sommet d’idéaux recyclés et d’idéaux sans conséquences. Pourtant, la verve qui nous anime nous tous, ici, aujourd’hui, n’est rien d’autre que cette tradition de partage et cette tradition de démocratie qui est ancrée, non seulement dans nos cœurs, mais dans la filiation avec un passé aux fondements d’une République.
Vous n’êtes pas des héros. Vous n’êtes pas des icônes. Vous êtes la richesse qui fera de notre temps une ère de changement. Une ère qui ébranle. Nous briserons les impasses. Nous bousculerons l’inertie. Nous incarnerons ce mouvement.
Mais avant, avant le premier pas, nous avons le devoir de rallumer l’espoir. Nous avons le devoir de se retrouver tous au cœur d’une seule étreinte, à l’aube d’une seule amitié. Nous devons rallumer cette force sans nom qui a déjà nourri tant de combats et surtout, couronné de victoire les rêves les plus fous. Ces rêves empreints d’humanité et de complicité, où tous et chacun s’y retrouvent enfin, comme un long retour chez-soi.
Il faut rallumer la capacité d’émerveillement, parce que sans le rêve, sans sa candeur inhérente, nous sommes réduits à la stérilité d’un quotidien anonyme. Qui d’entre nous veut rester anonyme? Quelle nation peut se permettre de rester anonyme?
Entre vous et moi, entre lui et elle, entre nous et les autres, l’anonymat ne pourra jamais s’imposer si nos cœurs se mobilisent parce que, citoyens, nous échangeons enfin.
Des exemples d’une communion semblable ne sont pas rares. Ils jalonnent l’histoire, tels des repères constants mais combien essentiels.
De 1789 à 1989, il n’y a, dans les faits, aucune distance. Ce sont deux moments où la possibilité d’être s’est conjuguée à l’impératif de devenir. Deux moments où la force d’une idée a su enflammer les cœurs les plus hésitants.
Entre nous, faisons tomber toutes les distances. Nous devons parler, nous devons nous écouter, nous devons retrouver cet esprit de société, retrouver la trame d’espoir tissée par tant de générations, par tant de peuples épris de liberté et la transmettre à tous ceux et celles qui ont perdu la voix, ceux et celles qui n’imaginent plus ou qui n’imaginent pas encore le meilleur des mondes, celui qui s’éloigne chaque fois qu’un peuple perd la conscience de ce qu’il est, de ce qu’il incarne.
Notre devoir n’est pas seulement celui d’une révolution. Notre devoir, et c’en est un, c’est un devoir de complicité, de s’ouvrir à nous-mêmes,de nier une distance factice entre nous tous de raviver enfin cette fraternité qu’implique le fait d’être un citoyen, ici et maintenant.
Pourquoi? Parce que c’est uniquement à ce moment-là, dans cet échange, dans cette liberté de parole, que vous et moi, lui et elle, nous et les autres, ensemble, pourrons bâtir le rêve et ainsi, saisir notre destin en tant que peuple.


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