Je m'adresse à la communauté des hommes. La vie est une vaste affaire collective qui exige une vision à long terme et des choix en conséquence. On peut regretter de devoir s'opposer à certaines personnes mais, si elles se perdent dans l'individualisme et abandonnent l'essentiel, elles sont un danger pour l'entreprise, sa vigueur et sa pérennité. Tout changement est bon s'il permet de se réinventer sans perdre ses assises et néfaste s'il ignore les enseignements et les expériences acquises. Une conscience éclairée plonge ses racines dans le passé et s'ouvre au monde en y puisant ses énergies. Ce qui se produit présentement à Montréal avec les «Outgames» est révélateur de nos sociétés qui se divisent, s'affaiblissent et ne savent plus répondre aux multiples revendications dont elles font l'objet.
Les homosexuels ont ceci de particulier qu'ils sont toujours en demande et systématiquement absents au niveau de l'offre. Ils s'emportent au premier commentaire divergent, chahutent et invectivent avec un vocabulaire forgé pour les besoins de la cause : homophobie, homophobe, hétérosexiste, etc. Ils espèrent que la règle du «politiquement correct» et les accusations d'ignorance et d'intolérance empêcheront les autres de parler. La chanteuse canadienne K. D. Lang a bien campé cette approche en commentant l'absence du premier ministre canadien, Stephen Harper, à la cérémonie d'ouverture : il «démontre son ignorance», il «choisit de soutenir l'intolérance plutôt que l'ouverture» (Le Soleil, 29 juillet 06).
Ces accusations, ce refus de comprendre et cette incommunicabilité sont symptomatiques de ce groupe qui vit au temps présent sans investir dans la vie. Mais depuis trop longtemps, par ses incessantes revendications, il use la patience et l'ouverture de la collectivité. Le «droit à la libre expression» n'est pas à sens unique. Ceux qui croient en l'égalité dans la différence - et à la reconnaissance justement des différences - ont le droit de se faire entendre sans subir l'intolérance homosexuelle. Préférer se priver de l'opinion des autres, avoir peur de découvrir des vérités intangibles, c'est avouer ses propres faiblesses.
Prenons le cas du mariage. Plusieurs veulent en préserver la définition basée sur la raison et la nature des choses et non sur une conception récente et dévoyée du «droit à l'égalité». Réduire leurs observations à de l'intolérance ou de la mauvaise foi est inacceptable et empreint justement d'intolérance et de mauvaise foi.
Il faut reconnaître que soumettre l'esprit au corps, la raison aux passions, considérer la vertu comme un archaïsme et le vice comme un bien, c'est ce qui nous a menés sur la dangereuse pente où nous sommes. L'homme doit se défendre contre les extrêmes et rechercher l'équilibre. L'histoire a montré que seules la constance et la modération font la force des nations. Ces vertus font actuellement défaut au Québec, au Canada et dans quelques pays d'Occident. On abandonne des repères indispensables, on critique à la moindre interférence de l'autre ou de la communauté, on vit des libéralités d'États surendettés et dans l'apathie car le besoin des autres et les efforts à faire pour survivre sont infimes. L'égoïsme des particuliers a remplacé l'amour du prochain et l'individualisme la cohésion sociale. Et c'est dans ce cynisme et cet aveuglement que des milliers de personnes peuvent se réunir dans un stade pour célébrer la marginalité et l'exclusion sans que le rouge de la honte qui devrait brûler les joues de plusieurs se manifeste.
Les jeux
Un journaliste écrit ([Journal de Québec, 1er août 06->1467]) que si «des jeux pour handicapés physiques sont pleinement justifiés» du fait des contraintes physiques, «des jeux gais par contre contribuent à la ghettoïsation et à la marginalisation» des homosexuels. Enfin un scribouillard qui ne semble pas avoir sombré complètement dans le «politiquement correct» et qui juge le «défilé de la fierté gai» comme une «mascarade de marginaux qui sont des caricatures ambulantes de mauvais goût» et qui attire avant tout des «milliers de curieux et de voyeurs». Il en va du défilé comme des jeux qui attirent, selon ce journaliste, près de «500 journalistes (voyeurs pour plusieurs)».
Comment pourrait-il en être autrement du peu de crédibilité de ces «compétitions» lorsqu'on en lit les descriptions. Deux exemples édifiants : «Billard : Tenez solidement votre queue... Maîtrisez vos boules», «Hockey : Par en avant ou par la bande». Et voici deux autres «compétions» : de «cuir» et de «pilosité» et, dans ce dernier cas, on vote pour choisir qui possède la pilosité la plus «émouvante», «une virilité à l'état brut, une union avec la nature». Que de compétitions enrichissantes et de haut niveau! Il n'est pas surprenant de lire dans le quotidien La Presse (1er août 06) que les rares spectateurs sont venus encourager des connaissances et, quant aux autres homosexuels, le choix est clair : «pas question de payer pour aller voir des épreuves. Le niveau de compétition n'est pas vraiment intéressant».
Nos gouvernements doivent en tirer une sévère leçon : contribuer à un tel évènement constitue un odieux gaspillage de fonds publics. Sur un budget de 16,9 M$, 30% provient de la poche des contribuables, soit environ 5 millions$. C'est ce qu'on appelle s'amuser à nos dépens... pour ce qui est, en définitive, «un gros party» selon l'ex-joueuse de tennis Martina Navratilova. De son côté, une porte-parole des «Outgames» avoue qu'un certain flou existe sur la nature et le rôle de cet évènement (La Presse, 1er août 06). Plusieurs ont compris et même les plus aveugles commencent à reconnaître les signes évidents d'échec. En plus des gradins déserts pour les «compétitions», il aura fallu brader les billets pour la cérémonie d'ouverture : le comité organisateur «a décidé de liquider en forfait «deux pour un» les dizaines de milliers de billets encore invendus» (Le Devoir, 27 juillet 06).
En définitive, les journalistes doivent cesser de se faire les porte-voix de la propagande homosexuelle qui tente l'amalgame entre ce «gros party» et une compétition olympique. Les médailles reçues n'ont fait que le tour des entrepôts du Village gai. Les médailles olympiques ont fait le tour du monde avec la fierté, la gloire et la jeunesse des nations. Rien de comparable! Les premières n'ont de valeur que le métal, les secondes sont inestimables. Quant au Québec et au Canada, nations légères de l'Occident, après le mariage entre partenaires de même sexe, c'est encore un peu de leur crédibilité qui s'envole avec ces jeux. De petites nations qui aiment divaguer et se faire volage mais qui ont peu d'influence et projettent l'image de nations qui s'enfoncent dans la décadence.
La conférence
Aucun droit n'a plus de force qu'un droit de la logique. L'absurdité est vouée à la fronde populaire. Seul un droit qui prend racine dans la nature des choses a un avenir. Les gouvernements des élucubrations, ce sont les gouvernements des crises, ce sont les gouvernements des faiblesses et de l'échec. Est-ce de tels gouvernements que nous voulons? Il faut combattre la paralysie de la volonté qui s'est installée depuis l'avènement des Chartes des droits. Que la place de la Vérité soit déserte; que les députés aient abandonné leur devoir; que des partisans de la logique se détournent par lassitude; ceux qui restent doivent avancer résolument vers la lumière avec les ombres à leur suite. La défense du droit - d'une conception non dévoyée du «droit à l'égalité» - et le respect des différences l'exigent. Ni plus ni moins.
En marge de cette partie de plaisir, de ces «compétitions», s'est tenue une conférence sur les droits humains. De ces échanges en est sortie une déclaration appelée pompeusement «Déclaration de Montréal» qui se contente de réitérer l'importance du 1er article de la Déclaration universelle des droits de l'Homme («tous les êtres humains naissent égaux et libres en dignité et en droit») sans aller au fond des choses et en émettant une série de revendications parfois des plus saugrenues. Les soi-disant «experts» rédacteurs laissent derrière eux une trainée d'erreurs qui les empêcheront de retrouver facilement leur chemin. À sa face même, cette déclaration démontre que le chaos intellectuel a ses racines dans la faiblesse de sociétés en perte de repères où se développe un discours de ressentiment et de victimisation. C'est dans ce chaos que, sous prétexte d'égalité, tout devient acceptable. On refuse de mesurer les conséquences de ses choix et, comme le suggérait déjà Tocqueville, c'est cette passion égalitaire dévoyée qui peut devenir synonyme de régression : «Les nations de nos jours ne sauraient faire que dans leur sein les conditions ne soient pas égales; mais il dépend d'elles que l'égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères».
Les Chartes des droits et l'interprétation qui en est faite démontrent que nos sociétés démocratiques sont rebelles à l'intelligence de la durée. La mécanique juridique simpliste qui en résulte fait abstraction de ce qui ne change pas dans le temps (ex : les notions de couple et de mariage qui ne peuvent référer qu'à un homme et une femme réunis). L'approche est outrageusement régressive : l'individu a des droits et rien qui n'est accordé à un autre ne peut lui être refusé. La raison, la logique, la nature, l'autorité du temps, rien n'a plus court et une vision collective inscrite dans la durée est impossible. Seul l'individu est le critère de décision.
Je demande à la Ville de Montréal, à l'Assemblée nationale, à la Chambre de Communes et aux autres instances - dont l'Organisation des Nations Unies - qui recevront cette «Déclaration de Montréal» de la mettre de côté. Il est temps de faire ses devoirs et de s'éveiller à la conscience des responsabilités qui s'imposent à nous. Ici, on se gargarise de la phrase «Nous somme une des sociétés les plus avant-gardistes au monde» sans aucun recul ni analyse objective. Et si quelqu'un ose élever la voix, on l'accuse d'ignorance et d'intolérance car seuls les discours de revendication, de ressentiment et de victimisation ont droit d'être cités. C'est d'ailleurs ce qui a été rappelé pendant cette conférence : «le prochain défi des communautés LGBT est la lutte contre l'homophobie et la recherche de l'égalité sociale» (Le Devoir, 26 juillet 06). En d'autres mots, notre horizon c'est notre personne et rien d'autre. On fonce dans le tas et tassez-vous, sous couvert d'«égalité» on prend tout ce qu'on peut!
Voilà comment on dresse la table pour une autre étape, comment on se prépare à entrer de plein pied dans l'inacceptable : on ne parle plus de respect mais de PROMOTION. Le nouveau cheval de bataille est l'adoption d'une «politique nationale de lutte contre l'homophobie». Avec une conférence qui se voulait mondiale, on semble modeste en ne parlant que de «nationale» au lieu de «mondiale» mais l'aberration est la même. Évidemment, certains tombent dans le piège sans réfléchir comme le président par intérim de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, Marc-André Dowd, qui mentionne qu'un des objectifs de cette politique serait «de reconnaître et de PROMOUVOIR les réalités LGBT dans la société et les différentes sphères de la vie». Un mode de vie à promouvoir : de côté l'hétérosexualité, la complémentarité naturelle entre les sexes et la procréation. C'est du passé et impossible d'en parler sans être taxé d'intolérance ou d'ignorance. Que voulez-vous, ne sommes-nous pas «les plus avant-gardistes au monde». Que le bon sens garde les autres nations de cette fuite en avant!
Conclusion
Il y aurait beaucoup à dire sur ces «Outgames» qui portent bien leur nom (OUT se traduit par déconnecté, pas dans le coup). Rappelons cette femme qui s'est fait battre à la course par un transsexuel et qui ne l'a pas apprécié. Elle revendique la victoire contre cet «homme» et aurait même inscrit sur son gilet «100% femme» pour bien souligner SA victoire dans cette course féminine. Elle a sans doute raison de juger que cet homme artificiellement transformé restait fondamentalement un homme et que le reste n'est encore une fois qu'aveuglement et aberration. Rappelons aussi ce député gai, Réal Ménard, qui fait montre impunément d'hétérophobie. À la question «Pourquoi être membre d'une équipe de lutte composée de gais (depuis 1987)?», il répond sans rougir que «la lutte est un sport où il y a des contacts et je suis plus à l'aise de lutter avec d'autres gais» (Le Devoir, 31 juillet 06). N'y a-t-il pas là de l'intolérance? Imaginez les cris et les insultes si un hétéro affirme être aussi plus à l'aise de lutter avec d'autres hétéros. (* Voir ERRATUM)
Il y aurait aussi beaucoup à dire sur la conférence. Au détour d'un atelier on apprend que des études démontent «davantage de femmes en détresse parmi les mères lesbiennes et que les filles élevées par des lesbiennes étaient plus enclines à explorer la bisexualité que les autres filles hétérosexuelles» (La Presse, 28 juillet 06). Et vlan! L'homosexualité pourrait ne pas être seulement innée mais aussi acquise et c'est le manque de repères et d'équilibre qui cause problème. D'autre part, dans une entrevue au quotidien Le Devoir (27 juillet 06), la haute-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme précise qu'il faut poser la question «Est-ce que les homosexuels ont droit à la vie, à la sécurité de leur personne?» et elle ajoute que «tout le monde a droit à ce que sa vie soit protégée et à ce que les atteintes à sa personne ne soient pas tolérées par les États». Fort bien, mais où s'arrête cette atteinte à la personne? Est-ce que le simple fait de protéger une institution comme le mariage menace la vie et porte atteinte à la personne? La réponse est évidemment non. Il ne faut pas tout mélanger et faire de toute chose une atteinte à la personne ou une possible discrimination. Quand madame Arbour parle de la discrimination basée sur l'orientation sexuelle, elle dit que «c'est plus important de parler de décriminalisation des activités et des actes entre homosexuels adultes consentants». Voilà le chemin de détour sans balises où le Canada démontre qu'il est facile de s'égarer. Tout est possible avec cette notion «d'adultes consentants». On le voit avec la légalisation des clubs échangistes qui ont le droit que se passent entre leurs murs des relations sexuelles en groupes, des actes de voyeurisme et d'exhibitionnisme, pour peu que les partenaires soient consentants et que le tout se déroule derrière des portes closes. À la rigueur, même le stade olympique avec portes closes et nouveau toit rétractable en place fait l'affaire. Aussi simple et grotesque à la fois. On le voit aussi avec la polygamie qu'un comité suggère de décriminaliser au Canada. Avec des «adultes consentants» qui plaident la discrimination, on peut en faire des choses!
Enfin, terminons avec une note d'humour. En plein «Outgames», le 31 juillet dernier, une haute Cour de justice britannique est venue rappeler au Canada qu'il était totalement «out» avec son ouverture irréfléchie au mariage entre partenaires de même sexe. Cette Cour a refusé de reconnaître à deux Anglaises un tel «mariage» datant de 2003 en Colombie-Britannique. Selon elle, la majorité des gens et des gouvernements en Europe, considèrent le mariage comme une institution «entre un homme et une femme dans le dessein d'avoir et d'élever des enfants». Cette «vieille Europe» prouve qu'elle peut encore faire preuve de sagesse. Tout est dans la nature des choses et dans cette réalité incontournable de la complémentarité des sexes.
Me Martin Dion
_ Avocat, Québec
_ (L'auteur a soumis en mai 2004 un mémoire à la Cour
suprême dans le cadre du renvoi sur le mariage civil.)
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ERRATUM
Après vérification, il s'avère qu'une erreur lors de la rédaction d'un texte pour VIGILE a fait en sorte que j'ai attribué au député Réal Ménard les propos de son collègue Ronielle Buduhan.
En toute justice pour monsieur Ménard, j'ai modifié le paragraphe qui en fait mention:
«Il y aurait beaucoup à dire sur ces «Outgames» qui portent bien leur nom (OUT se traduit par déconnecté, pas dans le coup). Rappelons cette femme qui s'est fait battre à la course par un transsexuel et qui ne l'a pas appréciée. Elle revendique la victoire contre cet «homme» et aurait même inscrit sur son gilet «100% femme» pour bien souligner SA victoire dans cette course féminine. Elle a sans doute raison de juger que cet homme artificiellement transformé restait fondamentalement un homme et que le reste n'est encore une fois qu'aveuglement et aberration. Rappelons aussi ce petit groupe de cinq membres - dont le député gai Réal Ménard - qui s'est affublé de l'acronyme prétentieux «LOGAM» (pour Lutte «Olympique» Gaie à Montréal). Le «président de l'équipe», Ronielle Buduhan, fait montre impunément d'hétérophobie en répondant à la question «Pourquoi être membre d'une équipe de lutte composée de gais?». Il répond sans rougir que «la lutte est un sport où il y a des contacts et je suis plus à l'aise de lutter avec d'autres gais» (Le Devoir, 31 juillet 06). N'y a-t-il pas là de l'intolérance? Imaginez les cris et les insultes si un hétéro affirme être aussi plus à l'aise de lutter avec d'autres hétéros.»
Martin Dion
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