Stéphane Dion : un «mal-aimé» au Québec

Élections fédérales du 14 octobre 2008


Dans un éditorial intitulé «Un programme vert courageux et risqué» (Les Affaires, 4 juillet 2008), qui souligne le fait que les Québécois détestent le chef du Parti libéral du Canada, Stéphane Dion, monsieur Jean-Paul Gagné écrit que c’est dû à «sa loi audacieuse sur la clarté de la question référendaire, qui s’est révélée une victoire sur le plan politique» et à ses attaques contre les nationalistes (on comprend qu'il vise les nationalistes québécois et non les canadiens).

Permettez à un lecteur d’apporter quelques précisions à cet égard. C’est un fait reconnu que Stéphane Dion a réussi à se faufiler à la tête du Parti libéral du Canada - lors du dernier congrès au leadership - en se présentant avant tout comme un bon serviteur du nationalisme canadien. C’est son dévouement à ce nationalisme et ses preuves constamment renouvelées à l’effet qu’il peut contribuer à diviser et à affaiblir le Québec (pensons seulement à son combat contre la reconnaissance de la nation québécoise) qui lui ont permis d’être choisi comme chef d’un parti reconnu pour être centralisateur et au service de la majorité anglophone.

Voilà les principales raisons qui le font détester par la majorité des Québécois. Il faut reconnaître que «ses attaques contre les nationalistes», comme il est souligné, sont des attaques contre l’ensemble des Québécois. Et la Loi sur la clarté – qu’un francophone se devait de piloter à la place d’un anglophone car elle s’en prend à la démocratie québécoise et vise à affaiblir sa majorité francophone en lui imposant un fardeau plus lourd - n’est qu’un exemple de cet acharnement contre le Québec. Et ce francophone qui l’a piloté est l’exemple parfait de ceux qui n’hésitent pas à se faire les promoteurs de tout ce qui peut diviser le Québec et hausser leur prestige dans le reste du Canada.

Monsieur Gagné écrit que cette Loi sur la clarté est «une victoire sur le plan politique». Cette assertion est fausse et j’ajoute que cette loi ne résistera pas à l’épreuve politique le jour où un référendum sera tenu au Québec (et il y a peu de chance qu’elle résiste à une épreuve judiciaire). Prenons brièvement l’exemple du référendum sur l’indépendance du Monténégro tenu en mai 2006. Les commentaires qui l’ont suivi démontrent que seul le principe de l’égalité des voix est applicable. Dès la fin du référendum, nous pouvions lire dans un communiqué de l'Agence France-Presse que, dans le cas d'un vote indépendantiste légèrement inférieur au 55% suggéré par l'Union européenne, les dirigeants monténégrins envisageaient sérieusement de considérer que le choix en faveur de l'indépendance demeure indiscutable. De plus, même avec un vote minoritaire à 44,5% des voix (donc 55,5% en faveur de l’indépendance), le fait d'avoir évoqué l'idée saugrenue que le camp pro-serbe pouvait crier victoire avec seulement 45% du vote a incité ce dernier à exiger le recomptage des bulletins. Nous pouvons voir à quel point le fait de déroger à la règle fondamentale de l'égalité des voix est un facteur d'instabilité et de profonde injustice quant un écart de plus de 10% des voix permet au camp minoritaire d'invoquer la possibilité de s'opposer au verdict populaire.

Conscients de cette erreur, bien des Européens - et beaucoup de Monténégrins - ont été soulagés que le résultat dépasse ce chiffre artificiel de 55% qui ne pouvait tenir la route. S'il y a un «précédent monténégrin», c'est l’exemple d'une crise évidente (advenant ici un résultat entre 50% et 55%) si on bafoue cette règle fondamentale de la démocratie référendaire que constitue l'égalité des voix.

En conclusion, si Stéphane Dion est un «mal-aimé» au Québec, c’est principalement du fait qu’il se fait le complice du nationalisme canadien et démontre, comme d’autres francophones de service, qu’il a pour tâche première de diviser les francophones. Ce travail de division est une action fautive et indigne, et si vous croyez qu'il est exagéré de parler ainsi de ceux qui pensent à leur carrière avant tout, rappelons les propos de l’ex-ministre conservateur Benoît Bouchard. Dans une entrevue au quotidien Le Soleil (1er sept. 2001), il affirme que «le Québec ne fait plus peur» et «quand je m'aperçois que je ne suis pas capable de faire changer l'autre parce qu'il ne comprend rien ou parce qu'il est complètement insensible, j'essaie de m'organiser pour devenir indispensable». Et il ajoute, parlant de son travail de député à Ottawa, qu’il s'est contenté de «ramer» point à la ligne: «Au Lac-Saint-Jean, on est libre, quand on dit oui c'est oui, quand on dit non c'est non, on se parle dans les quatre yeux. À Ottawa, ce n'est pas tout à fait cela. Il y a un langage et un vocabulaire particuliers, les définitions ne sont pas les mêmes. Oui, c'est non, souvent! Mais quand tu entres dans ce bateau-là, ou tu rames ou tu t'en vas, j'ai ramé…». Et voilà ce que sont les francophones au sein du Parti libéral et du Parti conservateur à Ottawa : ils se contentent de se faire indispensables… et d’être de bons rameurs au service des autres.


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9 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    31 août 2008

    C'est quand même comique, de voir que nombre de Canadiens du ROC seraient prêts à élire premier ministre, un Québécois qui ne parle à peu près pas anglais, à toute fin pratique! Eux qui font tout pour nous assimiler, de leur côté...
    Mais, sérieusement, Dion est un ex-professeur de sciences politiques qui joue à l'avocat de droit constitutionnel. Et ça donne des résultats, disons, au mieux discutables. Son tristement célèbre "Clarity Bill", avec ce droit que voudrait s'octroyer Ottawa de reconnaître ou non le résultat d'un référendum (après coup!) selon un critère fixé arbitrairement, de ce que constituerait "une majorité claire", est une abomination!
    Selon l'ONU, une majorité, en démocratie, c'est 50% des votes plus une voix. Oui, plus une et une seule voix!
    Stéphane Dion devrait-il s'inquiéter de la possibilité, un jour, de se retrouver devant un tribunal international?
    J'aimerais bien, un jour, voir cet espèce d'incompétent, ce triste personnage aigri, arrogant, et efféminé, avoir à se tirer de pareille situation!
    Jean-François
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2008

    UN: Il faut voté pour le Bloc, et espérer que le prochain gouvernement sera minoritaire.
    Deux: Peut importe qui de Dion ou Harper l'emporte, seul importe ce que l'on peut en tirer pour notre cause. Si c'est Dion, l'Ouest va réagir; si c'est Harper, l'Ontario va réagir et passé du statut de province à celui d'état dans sa quëte d'autonomie (Ontario first); ce que Terre Neuve a fait en 2007 avec le slogan électoral "Maitre chez nous".qui a permit à M Danny Williams de se faire élire avec un appuis de 70%. Sa guerre ouverte avec Ottawa n'a pas nuit non plus !
    TROIS: Il faut comprendre l'évolution présente de la fédération canadienne. Ce qui est nouveau c'est que les provinces prennent de la consistances et que cette potentialité (puissance) va se traduire en actes et en statu (autonomie). Dans l'avenir cette dynamique géopolitique ne pourra plus être contenue par les institutions du statu quo (Constitution de 1982).
    Pour conclure, on a pas à avoir de préférence entre Dion ou Harper, chacun sert notre cause de manière différente, on a juste à apprécier le contexte correctement.
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2008

    Bonjour à tous,
    Je suis incapable de voir autre chose qu'un "souffre-douleur" quand je regarde le triste sire qu'est Stéphane Dion. Rien en lui ne dégage l'enthousiasme ou la sérénité. Il ne dégage rien d'autre que le mal de vivre. Il me fait penser à la grenouille de la fable de Lafontaine: "La grenouille et le boeuf". Cette grenouille qui voulait se faire aussi grosse le boeuf ... elle inspira,inspira si fort qu'elle en creva. Il y a fort à parier que Dion ne se remettre pas de la défaite qui l'attend bientôt.
    Il redeviendra alors la petite grenouille qu'il a toujours été.
    Amitiés à tous les indépendantistes!!!
    Jacques L.(Trois-Rivières)

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2008

    Si je comprend bien M. JC Pomerleau, si on est souverainiste au Québec, faudrait voter pour les Libéraux fédéraux de M. Dion qui devrait favoriser, par ses politiques, la grogne de l'ouest canadien qui partirait un mouvement de souveraineté des provinces canadiennes ce qui favoriserait celle du Québec.
    Pas bête mais...si les autres provinces ne se comportent pas comme espéré et résistent à leur désir de se "séparer", on va être pris avec M. centralisateur full-fédéraliste mur-à-mur, en personne, M. Stéphane Dion comme P.M. Est-ce qu'il faut absolument passer par cette souffrance pour espérer devenir souverain un jour ? Problème assez cornélien qui donne un peu mal à la tête.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 août 2008

    Dans un entretient au Le Devoir, Justin Trudeau, a admis que lors de la dernière course à la chefferie du PLC, il avait réunis M Dion et M Kennedy, pour sceller un accord pour bloquer la voie à M Ignatieff qui avait commis l'erreur fatal de reconnaitre que le Québec forme une nation. Cette entente était à l'effet que celui entre M Dion et Kennedy qui serait en avant lors du dernier tours ralierait l'autre avec tous ses délégués. Comme c'était M Dion, M Kennedy a respecté l'entente et a rallier ses délégués derrière. L'entente avait été conclu une semaine à l'avance pour permettre de " travailler" les délégué pour qu'ils se rallient en bloc, ce qui fut fait. Donc Justin Trudeau a été le "King maker" de la dernière course à la chefferie.
    Cela dit, peut importe qui de M Dion ou Kennedy aurait été élu, il ne serait là que pour assurer une transition, à moyen terme, pour..... Justin Trudeau.
    Mais la question qui se pose n'est pas de savoir si on aime ou non M Dion, mais bien de savoir en quoi sa présence servira notre cause s'il est élu.
    Pour répondre à cette question il faut revoir et mettre à jour notre appréciation du contexte de la fédération canadienne: Les provinces, qui sont des états naturel montent en puissance et leurs intérêts divergents risquent de créer des tensions qui ne pourront être contenu par les institutions du statu quo (Constitution de 1982).
    Si M Dion est élu l'Alberta va réagir drastiquement à son Plan Vert, qu'il assimile au Plan National de l'Énergie de P E Trudeau (en clair un Casus belli); si M Harper conserve le pouvoir son conflit avec l'Ontario et Terre Neuve va s'envenimer très sérieusement. Lors de l'élection qui vient l'Ontario va mettre en place une commission Séguin sur le déficit fiscal (20 milliards, selon eux) qui va proposer des mesures à prendre pour régler le problème; Entre autre sortir de la péréquation et récupérer toute la TPS d'Ottawa.
    Ce qu'il faut retenir du nouveau contexte de la dynamique canadienne c,est qu'il n'y aura plus de mur de ROC uni, entre les provinces et Ottawa, pour s'opposer à la volonté d'autonomie du Québec. Pour une raisons simple, chaque province sera occuper à chercher sa propre autonomie, à commencer par l'Ontario qui représente 40% du PNB et de la population du Canada.
    Ce qu'il faut retenir c'est M Dion s'il est élu sera le phénomène déclencheur d'un schisme entre l'Ouest et Ottawa qui servira notre cause de manière inespéré.
    À nous de le voir venir...sans humeur.
    JCPomerleau

  • Michel Guay Répondre

    29 août 2008

    Dion est ce genre d'individu opportunistes ce genre de politicien bas de gamme qui détruit systématiquement le régime de faux fédéralisme à la canadian pour en faire un régime dictatorial , colonialiste , royaliste et anti démocratique.
    Avec sa loi C20 ce fut le sommet de son esprit totalitaire , le sommet du mépris contre la nation Québecoise contre nos cinq siècles d'histoire nationale et contre notre Assemblée Nationale .
    Il ne nomme jamais la nation Québecoise comme font les autres politiciens , il dit toujours nous la nation canadienne même lorsqu'il s'adresse à la nation Québecoise .
    Cet homme est un dangereux commandité contre tous les intérêts de la nation Québecoise .
    Il transpire la violence .

  • Archives de Vigile Répondre

    29 août 2008

    Dion est un député fédéral comme les autres, sa carrière avant tout par la centralisation anti-Québec pour gagner le vote du ROC. Pas de pouvoir pas de grande carrière personnelle donc il faut plaire au ROC pour gagner les élections. La minorité québécoise, nation québécoise ça ne veut rien dire selon lui.Il lui fera quelques courbettes préélectorales et électorales durant les 30 jours de mensonges de sa campagne en disant n'importe quoi pour gagner du vote. Disciple de Chrétien qui disait qu'il n'est pas bon de tout dire au bon peuple, il jouera au rusé avec Coderre qui se prépare pour le remplacer.
    N'a-t-il pas affirmé qu'il ne connaissait rien aux commandites de Chrétien-Gagliano alors qui avait déclaré, un an plus tôt qu'un plan B était prêt pour empêcher le Québec d'accéder à la souveraineté? Son chef qui déblatterait souvent contre le Québec pour sauver son poste à la face du ROC, chose qui blessaient les chastes oreilles au Canada anglais, l'a désigné pour jouer ce rôle à sa place. Un peu comme Josée Verner qui annonce les coups au Québec: unilinguisme des postes supérieurs dans les forces. rapport sur le bilinguisme caché, coupe dans la culture au Québec etc. Ainsi, les déclarations anti-Québec restent à l'intérieur du Canada quand faites par un simple ministre. Ça parait mieux à l'international. Et Dion ne s'est pas prié pour nous tomber dessus régulièrement pour plaire au ROC, défendre l'unité canadian avec Gesca-RC. Ce tandem prépare déjà le succès de Charest en le passant quotidiennement dans les médias avec le sourire pour ne rien dire ou presque.
    Mais parlons de la loi sur la clarté du tandem Chrétien-Dion qui s'étaient fait faire un pied-de-nez par la déclaration de la cour suprême reconnaissant à toute province le droit de se retirer démocratiquement de la fédération. Plus abjecte, plus servile et plus anti nation québécoise tu meurs. Une clarté anti-démocratique ou la minorité de 49% imposerait son autorité à la majorité démocratique: on verse en plein fanatisme fédéraliste. Pas surprenant que ces gens prennent nos taxes pour nous laver le cerveau au bonheur de vivre dans le plus beau grand pays du monde. Minoritaires évidemment et obéissant aux carriéristes fédéraux. Ils ont tous fait le serment du test nouveau genre. Pour eux la structure fédérale canadian doit dominer sur le désir des peuples et leur droit à l'autodétermination nationale.
    Pour être carriériste à Ottawa, il faut combattre le Québec systématiquement, de Bourassa à Landry et même Charest. Il faut être centralisateur en concentrant le pouvoir et l'argent au fédéral, Dion n'a-t-il pas imaginé une taxe de plus à la pompe pour contrôles la pollution lui-même alors que c'est là une compétence sur l'harmonie écologique des richesses naturelles qui relève des provinces. Et puis il promet de remettre les sommes coupées par les conservateurs dans le culture mais en gardant le contrôle à Ottawa. N'y a-t-il pas plus colonialisme qu'en dominant la nation québécoise jusque dans son âme, sa culture. En nous absorbant en douceur on solidifie l'unité canadian. Mais est-ce que les québécois sont sur le point de se jeter dans les bras du messie sauveur Stephen Harper ou Stéphane Dion comme ils se sont abandonnés à Mario Dumont pour fuir le pays, un pays pour eux leurs enfants et leurs petits enfants? Surveillons le jeu de soumission de Charest et Dumont.
    Bleu ou rouge un peu plus centralisateur libéral ou un peu plus blagueur conservateur (siège à l'Unesco, déséquilibre fiscal par paiement plutôt que par transfers de points d'impôt) les deux font la paire, les compères, les petits pères de la nouvelles confédération centralisée, les pairs canadian. Il faut voter pour assurer un gouvernement MINORITAIRE à Ottawa pour éviter des dommages collatéraux au Québec et rabattre le taquet de ces ambitieux anti-québécois. Le Bloc est la réponse évidente à ces loyalistes.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    29 août 2008

    M. Dion,
    N'eût été de l'omniprésent GB vous n'auriez pas pu relier Stéphane à la loi de la clarté, n'est-ce pas? Par ailleurs, quand il commente: "...Il ressemble trop à son personnage de Gérard D. Laflaque, physiquement et moralement..." il faut le réprimander parce que par suite dans les idées, si on applaudit le boute-feu Chapleau quand il assassine Dion, il faut faire de même quand il diffame Marois, Parizeau, Boisclair, et surtout, Guy Bertrand le repenti non absous.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 août 2008

    Je vais tenter de résumer l'affaire : M. Dion est haï parce qu'il est haïssable pour les Québécois nationalistes parce qu'il a nié la nation québécoise puisqu'il pense qu'elle est mauvaise et que la seule bonne nation est la canadienne "coast to coast". Il ressemble trop à son personnage de Gérard D. Laflaque, physiquement et moralement.
    Un ministre d'un gouvernement qui a laissé polluer et qui déchire se chemise maintenant contre la pollution, pour se faire élire et qui est maintenant en danger d'y réussir...pour nous, je veux dire.