La nouvelle a trouvé un certain écho médiatique ces derniers jours, mais sur le mode anecdotique: deux nouveaux partis politiques verront le jour. Le premier, le Mouvement Québec, de Balarama Holness, et le second, le Parti canadien du Québec, entendent placer la cause des droits des anglophones au cœur de notre vie politique.
Avec raison, certains se pincent: doit-on sérieusement considérer la communauté anglaise comme une minorité fragile, menacée par les Québécois francophones?
Ce n’est pourtant pas nouveau.
Une frange significative de la minorité anglaise n’a jamais accepté l’affirmation nationale québécoise, qui a compromis sa position hégémonique et quasi rhodésienne héritée de la Conquête de 1760.
Partition
Concrètement, elle n’a jamais accepté la loi 101, votée en 1977.
Alors, à partir des années 1980, elle s’est présentée comme une minorité persécutée. C’était l’époque d’Alliance Québec, du Parti Égalité.
Cette mouvance emprunte le langage des droits de l’homme pour victimiser les anglophones. Par une fascinante inversion des rôles, les héritiers de Durham seraient désormais persécutés par ceux de nos grands-parents qui se faisaient dire speak white à l’usine.
Au lendemain du référendum de 1995, que les indépendantistes sont passés à deux doigts de gagner, ils se sont reconvertis dans le partitionnisme ethnique.
Si jamais le Québec devenait indépendant, disaient-ils, ils réclameraient le droit de s’en détacher pour rester dans le Canada.
C’est cette même mouvance qui resurgit, mais dans un tout autre contexte. Car le nationalisme québécois n’est plus en ascension. Il s’est replié sur une position défensive, dans un Canada qui ne cesse de faire son procès. Alors, il s’agit d’en finir avec lui une fois pour toutes. Les Québécois paient le prix de leurs deux échecs référendaires.
Mais ce nouvel activisme continue de prendre la pose victimaire, alors que l’anglais domine Montréal et s’est emparé de Laval, devenue une annexe politique et culturelle du West Island.
Les deux nouveaux partis qui émergent ont chacun leur identité propre.
Mouvement Québec s’inscrit dans la vision multiculturaliste de la nouvelle génération diversitaire, qui voudrait séparer Montréal du reste du Québec et qui carbure à la théorie du racisme systémique. Ceux qui s’y reconnaissent ont souvent tendance à considérer qu’il existe un peuple montréalais multiculturel et bilingue, et que ce peuple serait moralement supérieur au reste du Québec, trop homogène, et même trop «blanc».
Rejet
Le Parti canadien du Québec fait davantage penser à l’activisme anglo-victimaire traditionnel. Il est ancré en Estrie, d’ailleurs, où survit manifestement un vieux fond loyaliste.
Dans les deux cas, ces mouvements rejettent la légitimité de la nation québécoise, sauf pour la définir de manière strictement administrative, en niant son identité culturelle.
Dans les deux cas, il s’agit de parachever la canadianisation du Québec, en le transformant en province privée de son âme.
Ils n’auront probablement pas un grand succès électoral. Mais ils témoignent d’un esprit persistant, qui maquille, derrière la défense des droits individuels, le rejet du Québec.