Cet automne, les Québécois iront voter, et à moins d’un revirement absolument improbable, François Legault l’emportera.
Les autres partis auront chacun leur propre défi.
Le PQ parviendra-t-il à survivre ?
Le PLQ sera-t-il rayé de la carte du Québec francophone ?
QS sera-t-il condamné à végéter dans ses forteresses urbaines et étudiantes, sans possibilité sérieuse de s’étendre ?
Legault
Le Parti conservateur confirmera-t-il sa percée dans la région de Québec ?
Mais le pouvoir, lui, restera dans les mains de la CAQ.
Une autre élection se profile toutefois, presque aussi importante, bien qu’on y pense moins. Je parle de la course à la chefferie de la CAQ, qui devrait arriver au cours du deuxième mandat, à moins que François Legault ne cède à la tentation du troisième mandat, ce qui semble hautement improbable.
La question de son successeur sera bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Car la CAQ est une coalition bancale et improbable, qui rassemble des fédéralistes durs et des souverainistes endormis, des nationalistes ardents et des esprits comptables étrangers à tout souci identitaire.
François Legault avait la légitimité politique pour rassembler ces gens sur un projet transitoire : sortir le Québec du duopole péquisto-libéral.
Mais une fois que cette sortie a eu lieu, et une fois que la CAQ aura gouverné et réformé le Québec, comment tenir ensemble ces gens qui ont peu de choses en commun ?
Imaginons une course à la chefferie entre l’ultrafédéraliste Sonia Lebel, la tout aussi ultrafédéraliste Geneviève Guilbault, le très nationaliste et probablement souverainiste clandestin Simon-Jolin Barette.
Ce ne sont pas seulement des nuances de caquisme qui s’affronteront, mais des lignes politiques radicalement contradictoires.
Ajoutons un élément à cette réflexion : selon ce que sera devenu le PQ à ce moment, il n’est pas interdit de penser qu’un leader indépendantiste décide de se joindre à la CAQ en invitant les souverainistes à l’y accompagner pour s’installer dans le parti.
Au nom de quoi un tel leader ferait-il cela ?
On devine la raison : dans la mesure où la CAQ est désormais le principal parti nationaliste au Québec, au point d’occuper tout l’espace bleu, il serait naturel que les souverainistes y convergent.
Tout comme il y a longtemps eu une aile autonomiste qui votait Oui au PQ, il pourrait y en avoir une indépendantiste décidant d’agir dans un contexte plus large à la CAQ.
N’oublions pas non plus que le contexte politique aura évolué.
La Cour suprême aura probablement condamné ou démantelé en partie la loi 21, ce qui provoquera une réaction nationaliste au Québec, sur le mode Meech 2.
Souverainiste
Et bien des nationalistes qui avaient fait le pari d’un nouveau beau risque au sein de la CAQ pourraient alors se dire que le Québec a une dernière chance de prendre en main son destin.
D’autant que la prise de conscience de notre situation linguistique se sera aggravée.
À tout le moins, la question nationale redeviendra d’actualité.
Et lors de cette course à la chefferie se jouera une bonne partie de l’avenir du Québec.