La leçon donnée par les électeurs montréalais à l'administration du maire Gérald Tremblay a-t-elle porté? Moins de 24 heures après avoir obtenu de justesse un troisième mandat, il dévoilait hier des mesures qui lui permettront, pense-t-il, de regagner la confiance de ses concitoyens. Des mesures bien timides toutefois, qui ne sont, il faut l'espérer, qu'un premier pas.
Cette réaction de Gérald Tremblay est pour le moins tardive. Alors qu'il est confronté depuis des mois à des révélations sur l'existence d'un système mafieux dans l'octroi des contrats à l'Hôtel de Ville, c'est la première fois qu'il reconnaît de façon aussi explicite l'existence d'un problème de confiance. Chose qu'il aurait pu faire bien avant aujourd'hui.
Cette réaction, on peut l'imaginer inspirée par le vertige qu'il a pu ressentir devant les résultats du scrutin. Il aurait fallu que le chef d'Union Montréal soit complètement aveugle pour ne pas voir la profondeur du doute des Montréalais quant à l'intégrité de son administration. Non seulement ont-ils réduit sa majorité à presque rien, mais, en plus, ils ont rejeté ses candidats-vedettes, comme André Lavallée, Michel Labrecque et Diane Lemieux, qui devaient être ses principaux collaborateurs.
Les mesures qu'il annonce ne sont en rien extraordinaires. Elles se résument à mettre au neutre une partie du programme d'investissements de la Ville, le temps qu'il convienne quoi faire à la suite de consultations avec le gouvernement du Québec pour resserrer les contrôles d'attribution des contrats de la Ville. On se serait attendu à plus que des gestes administratifs.
Des propos tenus hier, il faut d'abord comprendre que Gérald Tremblay n'a nulle intention de regarder en arrière. Pas question d'une enquête publique dont la nécessité a été exprimée si souvent. Même le maire de Québec, Régis Labeaume, estime que seule une telle enquête sur les processus d'octroi des contrats sera en mesure de redonner confiance aux Québécois dans leurs institutions publiques. Elle permettrait de passer en revue chacun des contrats majeurs attribués par Montréal ces dernières années pour déterminer les cas où il y a eu collusion entre entrepreneurs et les pertes subies par la ville. Un tel exercice, s'il pourrait être gênant pour l'administration actuelle, n'en est pas moins indispensable.
Pas un mot de sa part par ailleurs sur le rôle du privé dans la gestion des contrats municipaux. S'il y a une chose qui devrait s'imposer à tous au lendemain de l'élection, c'est la nécessité de sortir les firmes d'ingénieurs de l'Hôtel de Ville. Il ne leur appartient pas de définir les projets d'investissement et la préparation des appels d'offres, comme pour le contrat des compteurs d'eau. En contrepartie, il faut redonner à la fonction publique municipale la maîtrise d'oeuvre de ces grands projets et reconstituer l'expertise dont elle s'est départie depuis une quinzaine d'années.
Il aurait été bon d'entendre M. Tremblay dire, dès ce lendemain d'élections, qu'il partage le point de vue de ses fonctionnaires à ce sujet. De la même manière, il aurait pu annoncer sa volonté de renforcer le contrôle des élus sur les décisions du comité exécutif. La création d'une commission du conseil chargée de passer en revue toutes les grandes décisions financières de l'exécutif constituerait un contrepoids au pouvoir excessif de l'exécutif.
Au lendemain de cette élection, on aurait aimé entendre exprimer une claire volonté de changement. Entendre Gérald Tremblay dire «je vous ai entendus». Pour l'instant, on ne peut être sûr que la leçon a porté.
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