Quel que soit le résultat de l'élection de dimanche prochain, il y a toutes les chances que le prochain maire de Montréal hérite d'un mandat si faible qu'il s'agira en pratique d'un mandat perdu.
Parce qu'à moins d'une énorme surprise, le prochain maire de Montréal devrait être élu avec 40 % des voix, ou peut-être moins, dans un contexte où le taux de participation serait aussi bas qu'il y a quatre ans, soit 35 % des voix.
C'est dire qu'il ou elle ne pourra jouir du poids politique qui est traditionnellement celui du maire de Montréal. Élu au suffrage universel, il est le politicien qui a reçu le plus grand nombre de voix au Québec. Mais un maire de Montréal qui serait élu avec moins de 200 000 voix sur plus de 1,1 million d'électeurs inscrits ne pourra prétendre à un très grand poids politique.
Un conseil minoritaire?
En plus, le prochain maire a bien des chances de devoir vivre pour la première fois avec un conseil minoritaire. Ce serait un gros changement dans la culture politique de la Ville. Montréal est gouvernée avec des institutions calquées sur l'Assemblée nationale et qui ne sont pas nécessairement les mieux adaptées au palier municipal.
Le prochain maire devra vivre avec une nouvelle donne politique qui va considérablement compliquer sa vie. Le conseil municipal cessera d'être un simple organisme de ratification, et il pourrait amener de véritables débats. Ce sera bien pour la démocratie, mais ça risque de ralentir encore le processus de prise de décisions.
Un conseil minoritaire risque aussi de réveiller des demandes pour démocratiser le véritable lieu de pouvoir à Montréal, soit le comité exécutif. Montréal est une des très rares villes sur ce continent où l'exécutif se réunit en privé. Pourtant, c'est là que se prennent presque toutes les grandes décisions.
Il pourrait aussi y avoir des pressions pour que certains membres de l'exécutif ne proviennent pas du parti du maire. Encore une fois, ce sera mieux pour la démocratie, mais il faudra gérer le changement de culture que cela demande.
Le mandat risque d'être perdu, aussi, parce qu'il faudra refaire bien des choses qui ont été mal faites pendant le mandat qui se termine. À commencer par le contrat des compteurs d'eau, qui a monopolisé les énergies de l'administration depuis deux ans.
Priorité à l'éthique
Il faudra aussi revoir diverses façons de fonctionner, à commencer par la méthode utilisée pour les appels d'offres. Mais tout ce qui touche l'éthique et les moyens pour éviter la collusion devra être LA priorité du prochain maire.
Tout cela prend du temps et des énergies politiques. Et même si on dit souvent le contraire, il n'est pas si facile pour une administration publique en crise de marcher et de mâcher de la gomme en même temps.
La tragédie, dans tout cela, c'est que Montréal risque de laisser passer le train et de ne pas avoir sa part des dépenses d'infrastructures que les gouvernements supérieurs consacrent actuellement à lutter contre la crise économique.
L'administration Tremblay-Zampino-Dauphin n'avait pas fait un travail très élaboré pour choisir un nombre raisonnable de projets et les présenter aux gouvernements. La nouvelle administration risque de se faire dire que le train a déjà quitté la gare.
Pendant ce temps, les concurrents de Montréal n'ont pas perdu leur temps. Un seul exemple: juste pour le transport en commun dans la grande région de Toronto, les gouvernements du Canada et de l'Ontario dépenseront plus de 8 milliards de dollars pour des projets d'extension et de modernisation des réseaux de transport.
À Montréal, on attend encore la signature finale du contrat pour de nouvelles voitures du métro, qui ont maintenant plus de 40 ans et qui ont dépassé leur vie utile depuis déjà longtemps.
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