Élections Montréal - Harel pour la remise en ordre

Montréal - élection 2009

Les élections municipales qui auront lieu dimanche constituent un exercice démocratique qui devrait interpeller tous les citoyens du Québec, mais plus encore ceux de la grande région montréalaise, où les choix qui seront faits orienteront pour plusieurs années l'avenir de villes comme Montréal, Laval et Longueuil. Réflexion sur les choix qui s'offrent aux électeurs.
Regardons d'abord la situation à Montréal, où la campagne électorale a vite pris une allure inattendue. Ces deux ou trois dernières années, plusieurs Montréalais souhaitaient la venue d'un candidat à la mairie doté d'un leadership fort. D'un nouveau Jean Drapeau en quelque sorte pour remplacer le maire Gérald Tremblay, coupable de l'immobilisme dont la métropole semblait être frappée. Le reproche était injuste. Bien sûr, le maire sortant n'a pas su libérer l'administration municipale de toutes ses lourdeurs. Néanmoins, il a fait avancer plusieurs projets et en a fait aboutir d'autres, comme le Quartier des spectacles. Il y a plein de projets en attente pour cause de ralentissement économique qui reprendront vie. Convenons que ce n'est pas parce que l'on tire sur une fleur qu'elle pousse plus rapidement.
Tout important que puisse être l'enjeu du développement économique, il a vite été repoussé au second plan du débat électoral par les questions de gouvernance éthique. Ce n'est pas un simple hasard. Le régime Tremblay-Zampino, qui aura duré presque sept ans avant que Frank Zampino quitte la présidence du comité exécutif, était atteint depuis longtemps du virus de l'affairisme dont les symptômes devaient un jour devenir visibles. Ces derniers mois, petites et grandes affaires se sont bousculées à la une des journaux, les plus importantes étant celle de la Société de développement et d'habitation de Montréal puis celle des compteurs d'eau. Les enquêtes de toutes sortes, administratives et policières, se sont multipliées. Ces dernières semaines et derniers jours, de nouvelles révélations se sont ajoutées sur le financement des partis politiques, confirmant que l'administration montréalaise est gravement malade.
Guérir Montréal du cancer de la corruption est un préalable à toute chose. Un préalable à la confiance dans nos élus. À une vie démocratique saine. À une gestion ordonnée des finances publiques. Au rétablissement de la réputation de la métropole. Il faut pour cela plus qu'un coup de barre. Il faut une rupture claire avec le passé, qui ne peut venir du parti Union Montréal du maire Tremblay. Nous ne remettons pas en cause l'intégrité personnelle de ce maire, qui à nos yeux ne fait pas de doute. Il s'agit simplement d'une question de capacité. Son réveil a été tardif. Pourtant averti il y a longtemps de l'existence «d'enveloppes brunes» et d'un système de collusion entre entrepreneurs, il n'a pas su en huit ans mettre fin à ces pratiques. Ses explications incomplètes et tortueuses n'ont pas été convaincantes. Impossible de croire qu'il saura changer radicalement les choses. Dommage, car l'homme n'est pas sans qualités par ailleurs.
Pour faire la mise en ordre qui s'impose, il nous faut choisir entre Louise Harel, de Vision Montréal, et Richard Bergeron, de Projet Montréal. L'un comme l'autre sauraient sans nul doute marquer la rupture avec le passé et instaurer de nouvelles pratiques. Richard Bergeron représente la nouveauté. Il est un universitaire dont on peut être sûr qu'il n'a trempé dans aucune affaire. Son programme présente une vision claire. Il veut construire la ville en ville pour mettre fin à l'expansion vers les banlieues. Son programme aux accents souvent utopiques et son inexpérience offrent un fort contraste avec ce que nous propose Louise Harel, qui est une politicienne aguerrie et dont le programme n'est pas loin de celui de Gérald Tremblay.
L'expérience est ici l'élément déterminant, et entre Louise Harel et Richard Bergeron, il faut donc choisir la première. En raison d'abord de la maturité politique acquise au fil de sa vie au sein de plusieurs gouvernements qui devrait nous garder d'aventures coûteuses. Puis en raison de l'équipe renouvelée qui l'entoure et de la présence de Pierre Lampron comme son candidat à la présidence du comité exécutif. Elle traîne bien sûr le boulet que symbolise Vision Montréal, un nom terni par l'incident des contributions électorales d'entreprises reçues par son précédent colistier, Benoit Labonté. Mais il s'agit d'une femme intègre et incorruptible qui aura la volonté et la capacité de remettre les choses en ordre. Elle possède le sens politique qui lui permettra de créer les nécessaires consensus au sein du prochain conseil municipal, dont on peut croire qu'il sera largement multicolore. Il ne faut d'ailleurs plus gérer Montréal en suivant une ligne partisane, car aucun des programmes défendus par les trois partis en lice ne représente la vie et la vérité. Dans les circonstances actuelles, porter Louise Harel à la mairie est le meilleur choix. Il s'agit d'un choix raisonnable.
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Le poids démographique des villes de Longueuil et de Laval mérite qu'on s'intéresse de près au débat électoral qui s'y déroule. Ce sont deux villes où la croissance démographique entraîne un fort développement domiciliaire, lequel accroît de façon presque exponentielle les besoins en matière de transport public et privé. Elles sont apparemment bien gérées puisque les comptes de taxes y sont raisonnables, mais elles sont ouvertes aux «développeurs» envers qui les deux administrations sont prêtes à bien des compromis. Dans les deux villes, des questions ont été soulevées sur la gouvernance éthique. À Laval, sur de possibles collusions dans l'octroi de contrats, et à Longueuil sur les situations de conflits d'intérêts du candidat à la mairie du Parti municipal, Jacques Goyette, qui ces quatre dernières années a agi comme vice-président du comité exécutif de la Ville.
Dans l'une et l'autre ville, les administrations sortantes sont en place depuis des décennies. À Longueuil, le Parti municipal dirige la ville depuis 27 ans. Un renouveau s'impose, que le parti Action Longueuil de Caroline St-Hilaire peut assurer avec un programme tourné vers les citoyens et leurs besoins. À Laval, Gilles Vaillancourt dirige seul la ville sans coup férir depuis plus de 20 ans. Il a fait de Laval son fief personnel. Il sera réélu, aucun doute à ce sujet. Il serait temps toutefois que s'installe à l'Hôtel de Ville une opposition suffisamment nombreuse pour obliger le maire à une véritable reddition de comptes.
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bdescoteaux@ledevoir.com


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