ACCOMMODEMENT RAISONNABLE

Le YMCA du Parc envisage le retrait des fenêtres givrées

Accommodements raisonnables

par Sylvie St-Jacques

Les fenêtres givrées qui ont été installées dans une salle du YMCA du Parc à la demande de la congrégation Yetev Lev ne sont peut-être pas là pour rester. Surpris par les réactions émotives autour de cette affaire, le directeur du YMCA du Parc, Serge St-André, est ouvert aux demandes des signataires de la pétition lancée par Renée Lavaillante.
«Nous n'excluons pas la possibilité de modifier les vitres. On va rouvrir la discussion avec le comité consultatif et procéder à un sondage plus approfondi auprès des utilisateurs de la salle», a expliqué Serge St-André.
Depuis quelques semaines, Renée Lavaillante, membre du YMCA, recueille des signatures pour protester contre l'installation de quatre fenêtres givrées dans une salle de gym. Ces vitres qui bloquent la lumière du jour ont été mises en place aux frais des hassidim de la synagogue, qui ne voulaient plus que leurs enfants voient des gens s'adonner au yoga ou à l'aérobie en tenue légère.
Reprise du débat sur l'accommodement raisonnable
Cette controverse a soulevé les passions, hier, en remettant sur la sellette le débat sur l'accommodement raisonnable. L'avocat Julius Grey pense que la direction du YMCA a agi par intérêt de bon voisinage. Seulement, le danger selon lui est de créer une norme où les droits des minorités primeraient ceux de la majorité.
«Je pense qu'il faut accommoder une femme qui dit qu'elle a besoin d'un foulard pour travailler dans un bureau. Par contre, si un monsieur nous dit qu'il a besoin que toutes les femmes se couvrent, cela devient un accommodement déraisonnable», estime l'avocat Julius Grey.
Même son de cloche chez la criminologue Marie-Andrée Bertrand, de l'Université de Montréal. «À la force de nos poignets, nous avons construit une société démocratique, égalitaire et maintenant laïque. Personne ne peut raisonnablement venir violer ou attaquer les valeurs que nous nous sommes données», s'enflamme-t-elle.
L'instigatrice de la pétition, Renée Lavaillante, a passé la journée d'hier à exprimer son point de vue sur plusieurs tribunes. «Cela remue un peu les idées, ça fait du bien. Il y a longtemps que toutes ces choses m'enragent.»
De leurs côtés, les hassidim de la congrégation Yetev Lev reprochent à Mme Lavaillante et aux signataires de la pétition de ne pas s'être adressés directement à eux. «S'ils veulent régler des choses, qu'ils viennent nous parler. Ils essaient d'attaquer notre communauté. Notre façon d'éduquer nos enfants les dérange. Mais vous savez, nous ne vivons aucun problème de drogue, de viol, ni d'ennuis conjugaux. À mon avis, ils sont jaloux», a déclaré le rabbin Asher Wieder.
Comment réagiront-ils à un éventuel retour aux anciennes fenêtres? «Nous allons agir de façon pacifique et amicale, pour parvenir à nos fins. Nous ne savons pas encore ce que nous allons faire, mais nous n'avons aucune intention de nous battre avec nos voisins.»


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