Le secrétaire du SPQ Libre réclame la tête de Boisclair

PQ - leadership en jeu - la tourmente


Martin Ouellet - Grand responsable de la débandade électorale du Parti québécois, le chef péquiste André Boisclair doit tirer la conclusion qui s'impose et céder sa place à quelqu'un d'autre, estime Pierre Dubuc, secrétaire du SPQ Libre.
À peine trois jours après le scrutin, le constat que dresse le militant de l'aile gauche en regard de la performance électorale du chef du PQ est implacable.
Même s'il a fait des efforts louables, André Boisclair n'a pas été en mesure, à l'évidence, de «connecter» avec la population, a-t-il affirmé, mercredi, en entrevue à la Presse Canadienne.
«S'il ne décide pas de s'en aller, il devra faire face au vote du congrès, a poursuivi M. Dubuc, laissant peu de doute sur l'issue d'un vote de confiance qui pourrait avoir lieu en juin. Il doit tirer les conclusions qui s'imposent.»
Le secrétaire du «club politique» péquiste, qui regroupe les militants «progressistes» et syndicalistes du PQ, soutient que «M. Boisclair n'a pas été capable d'incarner la volonté de changement de la population».
Pendant toute la campagne, le chef péquiste n'a pas convaincu les électeurs de sa compétence et son incapacité à incarner la voie du changement a causé la chute du Parti québécois, selon M. Dubuc.
«Les gens ne voulaient pas s'embarquer dans ce qu'ils voyaient comme une aventure, parce que le voyage était mal préparé, qu'ils jugeaient le guide incompétent et l'itinéraire confus», a lâché l'ancien adversaire de M. Boisclair dans la campagne à la direction du Parti québécois à l'automne 2005.
Le secrétaire du SPQ Libre reproche à André Boisclair d'avoir esquivé, en 33 jours de campagne, toutes les questions relatives à la langue ou à la culture.
Allergique à toute allusion qui pourrait être interprétée comme étant du «nationalisme ethnique», André Boisclair a laissé sans mot dire Mario Dumont incarner à lui seul «l'affirmation identitaire» du peuple québécois, accuse M. Dubuc.
Pourtant, «le question identitaire se pose de plus en plus dans le contexte de la mondialisation (puisque) les gens sont préoccupés par la sauvegarde de leur culture», a-t-il argué.
Aux yeux de M. Dubuc, André Boisclair a donc commis une grave erreur en abandonnant le dossier des accommodements raisonnables aux mains du chef de l'Action démocratique.
La faction péquiste de gauche a par ailleurs été choquée d'entendre M. Boisclair remettre en question, dans sa conférence de presse post-électorale, le programme du PQ et sa stratégie référendaire.
«Il n'a fait aucun effort pour faire la promotion du programme pendant la campagne électorale. Au contraire, il a tout fait pour s'en dissocier. On agite le programme comme un épouvantail, alors que jamais personne n'en a parlé, surtout pas M. Boisclair», fulmine M. Dubuc.
À ce sujet, un affrontement se dessine. Le président du SPQ Libre, Marc Laviolette, prévient que ses membres ne laisseront pas André Boisclair dépouiller le programme du PQ de ses éléments fondamentaux, que ce soit la souveraineté ou la social-démocratie.
«Nous sommes un parti de centre gauche et nous n'irons pas à droite. Sur la souveraineté, c'est «just too bad», parce qu'on va rester un parti souverainiste», a tranché M. Laviolette.
À l'instar de M. Dubuc, l'ancien président de la CSN juge sévèrement la performance du chef péquiste en campagne électorale.
«Il est allé dire qu'il pourrait faire un référendum, même dans un contexte de gouvernement minoritaire. Il a ancré dans la population l'idée qu'il avait une fixation référendaire. Nous n'avons pas de fixation référendaire, nous avons une fixation sur la souveraineté», a-t-il fait valoir.
À cela, s'ajoutent les erreurs de jugement commises par M. Boisclair avant la campagne, comme celle qui l'a amené à jouer l'automne dernier dans un sketch de mauvais goût parodiant le drame cinématographique gai Brokeback Mountain.
«L'affaire de Brokeback Mountain, c'était pas fort pour quelqu'un qui veut devenir un chef d'État», a laissé tomber M. Laviolette.
Le SPQ Libre adoptera une opposition officielle au sujet du leadership de M. Boisclair mardi prochain, lors d'une réunion de son conseil d'administration. Il ne fait cependant plus de doute que le lien de confiance de l'aile gauche du PQ avec le chef péquiste est rompu définitivement.
Candidat défait dans la circonscription de Soulanges, M. Laviolette aura l'occasion d'ici là d'adresser directement ses critiques à M. Boisclair.
En effet, tous les candidats péquistes de la dernière élection ont été conviés à une réunion post-mortem jeudi à Québec, à la veille du premier caucus de la nouvelle équipe du PQ.


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