Réplique à l’éditorial de Pierre-Paul Noreau

Le ringard du Soleil

Festival d’été de Québec

Dans son éditorial du 8 mai (« Non au retour des ringards »), Pierre-Paul Noreau qualifie de « ringards » les artistes francophones que le Festival d’été international de Québec a choisi de ne pas inviter. Ce choix de mots soulève deux questions.
D’abord, de quelle définition du Petit Robert M. Noreau les affuble-t-il au juste ?
S’agit-il « d’artistes sans talent et passés de mode » ? De « personnes incapables, médiocres (voir nullité) » ? Ou encore « démodés, ridiculement vieillots, de mauvaise qualité, de mauvais gout » ?
Deuxième question : s’il fait référence aux artistes démodés, comment se fait-il qu’il n’applique cette définition qu’aux francophones, et non pas à des groupes comme Rush ou Iron Maiden, qui étaient jeunes et à la mode il y a… trente ans ?
Serait-ce que, sans l’avouer, M. Noreau n’aime que la musique en anglais ? Ou, pire, qu’il ne connait aucun groupe francophone non ringard…
Chose certaine, ce n’est plus au QISF qu’il pourra élargir sa culture défaillante en la matière.
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Non au retour des ringards


Pierre-Paul Noreau

Le Soleil 8 mai 2010
(Québec) Impossible de contenter tout le monde et son père. La petite saga autour de la présence des artistes francophones au Festival d'été de Québec (FEQ) vient de le démontrer encore une fois.
Il est déjà clair que l'édition 2010 du Festival d'été sera un immense succès. Les gros noms sont là, des artistes qu'on a peu ou pas la chance de voir et qui exercent, par leurs succès passés et présents, un énorme pouvoir d'attraction auprès des amateurs de grandes performances en plein air et des curieux.
Faut-il maintenant pendre haut et court les responsables de la programmation du FEQ pour avoir honteusement renié leurs racines francophones et pour avoir négligé leurs responsabilités de refléter la culture québécoise dans le choix des artistes invités?
Holà, il ne faudrait quand même pas perdre les pédales ici et jeter le bébé avec l'eau du bain. La suggestion de sabrer gaillardement le soutien gouvernemental à la grande fête estivale de la capitale est totalement hors de proportion par rapport à la faute. Car, si une certaine faute il y a, elle ne mérite pas qu'on attaque les organisateurs au point de dénigrer ou de saboter l'événement.
Oui, l'organisation a l'obligation de mettre le talent québécois à l'honneur, en travaillant avec acharnement à faire monter sur ses scènes les voix et les musiciens d'ici qui vont faire accourir les festivaliers. Mais le FEQ doit aussi avoir du souffle, de l'ampleur, du panache, une formule qui assure Québec d'être un vrai point de mire culturel et qui fait tourner l'essentiel moteur touristique de la capitale en juillet.
C'est pourquoi l'idée des chanteurs francophones à tout prix est aussi inacceptable que leur absence. Si le Festival a connu l'es­sor des dernières années, c'est qu'avec l'arrivée du directeur général Daniel Gélinas et à l'époque de la présidence de Régis Labeaume, la programmation a été nettoyée de son côté ringard, faisant enfin disparaître les vieilles affiches qui pouvaient compter sur une présence garantie aux deux ans depuis bien trop longtemps.
Le Festival d'été est et doit rester contemporain. C'est comme ça que ceux qui paient pour y aller l'aiment. Bien sûr, la programmation francophone de cette année aurait pu être plus costaude. Mais pour ceux qui se sont donné la peine de la consulter, les talents québécois n'y sont quand même pas absents non plus.
Bref, des efforts plus grands sont souhaités sur le plan du talent francophone, sans remettre en question la formule gagnante actuelle.

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Jean-François Vallée91 articles

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Jean-François Vallée est professeur de littérature québécoise et française au niveau collégial depuis 1995. Son ambition de pédagogue consiste à rendre les étudiants non seulement informés mais objectivement fiers de la culture dans laquelle ils vivent. Il souhaite aussi contribuer à les libérer de la relation aliénante d'amour-haine envers leur propre culture dont ils ont hérité de leurs ancêtres Canadiens français. Il a écrit dans le journal Le Québécois, est porte-parole du Mouvement Quiébec français dans le Bas-Saint-Laurent et milite organise, avec la Société d'action nationale de Rivière-du-Loup, les activités de la Journée nationale des patriotes et du Jour du drapeau.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mai 2010

    Cher Monsieur Jean-François-le-Québécois,
    Je crois que vous avez mal lu. Je n'avais aucunement l'intention d'insulter la ville de Québec ni ses citoyens. Par contre, votre maire sans culture et plutôt grossier, à la botte du fric sans odeur demeure votre représentant.
    Un festival est un lieu de rassemblement, de cohésion. Mais à Québec, comme à Montréal, c'est devenu une foire d'imbéciles qui ne savent que gueuler pour de la bière et des « pitounes ». Cela dit, le peuple a bien droit à du pain et des jeux. L'Empire romain savait bien divertir les foules pour usurper le pouvoir.
    Quand un peuple cessera de s'aveugler en proclamant divines les icônes du show-business, on pourra commencer à parler de former un pays. Pour l'instant, les gens s'intéressent plus au sport et aux stars (les étoiles fades de l'esprit simpliste) qu'à leurs valeurs citoyennes.
    Virez Labeaume! Ne faites pas comme ces Montréalais qui ont réélu Tremblay! Ah! Corruption et niaiserie, quand vous nous tenez!
    AM

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    12 mai 2010

    @ A.M.:
    Monsieur,
    J'habite la Vieille Capitale, et s'il est vrai que ce n'est point à cracher sur notre ville que vous arrangerez quoi que ce soit, il l'est aussi que nous sommes nombreux à être farouchement opposés, ici, à la gestion du maire Labeaume, qui veut faire de notre ville, une sorte de lieu de vacances pour touristes, 12 mois par année, sans se soucier d'un développment à long terme, à la mesure du potentiel de notre lieu de vie.
    Insultez le maire Labeaume et le promoteur de spectacles Daniel Gélinas, si vous voulez vous défouler sur quelqu'un.
    JF
    P.S.: en ce qui concerne Vigneault, malgré le respect qui lui est dû, il est vrai que c'est le chantre indépendantiste d'une génération autre que la mienne, et que celle qui la suit. cela ne veut pas dire, cependant, qu'on doit se permettre, comme ce journaliste médiocre, de le qualifier de ringuard.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mai 2010

    Monsieur,
    Je ne comprends pas pourquoi vous accordez autant d'importance à une bourgade et à ses colons! Québec s'enfle comme la grenouille devant le boeuf qu'est Montréal! Un festival pour qui? Pour des incultes qui ne sont bons qu'à se prosterner devant l'establishment en vogue, l'argent et la Société du spectacle de Guy Debord. L'art crèche ailleurs! Les Québécois sont bien mal foutus avec une pensée (si l'on peut qualifier de pensée ce magma de pulsions anglo-américaines) aveuglée par sa propre émancipation (le 400e et ses affres culturelles).
    Mais, à bien y penser, peut-être est-ce cela, la vraie culture québécoise! Rentrer dans le rang, en route vers l'abattoir du libéralisme et de l'aplatissement des cultures. Déjà que les gros (obèses, oserais-je dire) noms exaltent les foules et cultivent la bêtise. Le festival d'été de Québec? Un rassemblement d'agneaux de dieu sans finesse et sans beauté.
    Qu'y fera Monsieur Vigneault? Égaré dans cette mer mi-salée? Peut-être y trouvera-t-il quelque nostalgie à bercer de ses rêves inactuels...
    AM
    P.S. Ces rassemblements « capitalistes » servant à aplatir la pensée et la grandeur humaine ne méritent que Québec. Montréal, de par son métissage et sa fragilité linguistique, n'a rien à craindre de ce côté. Quoique du côté des maires, ils se valent bien. On pourrait même faire un échange culturel. Le baume salvateur à Montréal et le « porteur d'eau » à Québec. C'est comme changer quatre trente sous pour une piastre! Autant demeurer pauvre et intellectuellement riche...