André Pratte Rides Again

Le retour du Bonhomme Sept-Heures

Du niveau de Juste pour rire

Chronique de Richard Le Hir

Faut-il qu’il y ait des gens nerveux en haut lieu. Voici qu’en pleine campagne électorale où le thème de la corruption vient de s’imposer avec perte et fracas, La Presse éprouve le besoin de ramener en éditorial le dossier de la souveraineté et d’agiter le spectre de la « confiance des investisseurs ».
Cette intervention survient à la suite d’une « note » d’un certain Ed Devlin, patron de PIMCO au Canada (PIMCO est un important gestionnaire de fonds aux États-Unis), qui, comme par « hasard », a ressenti la semaine dernière un urgent besoin (comme une envie de p.....r) de se prononcer sur le risque que faisait courir la rhétorique souverainiste sur les coûts d’emprunt du Québec.

On notera tout d’abord sur le fond que ce « point de vue » arrive dans la foulée de la récente revue du crédit du Québec par Moody’s (13 juillet dernier) qui lui a attribué la note Aa-2, soit la troisième plus haute accordée par l'agence, avec une perspective stable .

« Dans son évaluation de l’état des finances du gouvernement québécois, Moody’s souligne l’importance et le caractère diversifié de l’économie du Québec et sa marge de manoeuvre « considérable » en matière de gestion budgétaire. Québec bénéficie pleinement « d’un large éventail de taxes », et a la capacité d’ajuster, si nécessaire, ses dépenses. »


On notera également que PIMCO, dans le « point de vue » de M. Devlin, ne fait aucune référence à l’évaluation de Moody’s. On nous présente plutôt une comparaison boiteuse avec l’Italie pour tenter de nous faire croire que la situation du Québec présente des similitudes avec la sienne. Mais même lorsqu’on examine le graphique utilisé pour la comparaison, on voit rapidement que le Québec est en bien meilleure posture que l’Italie, l’écart entre les deux constituant toute la différence entre la solvabilité (pour le Québec) et l’insolvabilité pour l’Italie.

Le hasard veut que Moody’s se soit prononcé sur le cas de l’Italie le 16 juillet dernier, trois jours après s’être prononcée sur le cas du Québec, comme nous l’apprend la Tribune, un site français reconnu d’information économique et boursière :

« En fin de semaine dernière, Moody's a abaissé la note de l'Italie de deux crans, de A3 à Baa2, ce qui la place en dessous des notes fixées de Standard & Poor's et de Fitch, et surtout deux échelons seulement au-dessus de la catégorie spéculative ("junk"). »


***
André Pratte est tellement conscient de la fragilité de l’argument de PIMCO qu’il prend la peine de dire ceci : « On peut trouver la comparaison avec l'Italie exagérée. ». Et comment qu’on la trouve exagérée, et on la « trouve » exagérée parce qu’elle l’est, au point de constituer une comparaison entre un cheval et un lapin. Et, sur une base aussi fragile, il rajoute ceci :
« Cependant, il est indéniable que le gouvernement du Québec est lourdement endetté et que cela pourrait poser problème dans l'éventualité d'une séparation. La crise de l'euro confirme qu'une union monétaire est difficilement viable sans une union fiscale, union fiscale qui limite nécessairement la marge de manoeuvre (la souveraineté) des États constituants. »

Commençons d’abord par préciser que le Québec est moins lourdement endetté que la plupart des pays européens, Allemagne comprise. Il est également moins endetté que les États-Unis et, ce qui est absolument remarquable, il a considérablement ralenti le rythme de son endettement et pourrait même atteindre le point d’équilibre d’ici deux ans, comme le souligne Moody’s, alors que l’endettement de tous les pays à l’heure actuelle est en train d’accélérer à un rythme infernal.
Ça, André Pratte se garde bien de le dire !
Ensuite, Pratte nous répète ici le credo fédéraliste sur la nécessité de l’union monétaire et de l’union fiscale alors que, dans le contexte actuel, les deux unions ne permettraient pas de venir à bout des problèmes auxquels est confrontée l’Europe. En fait, l’union monétaire et l’union fiscale n’empêcheront même pas un pays comme les États-Unis de s’effondrer, car c’est bien la menace qui pèse sur lui à l’heure actuelle.
Dans un sens, il y a « progrès ». Il n’y a pas tout à fait deux ans, La Presse avait publié une étude d’un pseudo-spécialiste qu’elle avait commanditée pour nous convaincre que la situation du Québec se comparaît à celle de la Grèce ! J’avais alors dénoncé cette manoeuvre grossière en dévoilant le modus operandi dans un article intitulé « À soir, on fait peur au monde ! » .
La comparaison avec l’Italie est moins choquante, mais la manoeuvre demeure toute aussi grossière. La vérité, c’est que l’étude de M. Devlin est une commande de l’Oncle Paul et de ses sbires. PIMCO oeuvre dans le secteur des services financiers et fait régulièrement, ou voudrait faire, des affaires avec les entreprises du groupe Power. Une petite opinion de complaisance entre relations d’affaires, ce sont des choses qui se font dans ce milieu. C’est même un usage très répandu.
Et puis, comme par hasard, PIMCO, de M. Devlin . On ne peut pas être plus complaisant que ça.
S’il veut vraiment faire peur, André Pratte va devoir rapidement comprendre que, s’agissant des perspectives de l’indépendance du Québec, la situation ne se présente plus du tout comme en 1995, et que les petites recettes faciles pour faire peur aux Québécois risquent plutôt de les faire rire. Tiens, André Pratte au festival « Juste pour rire » l’an prochain. Déjà que Falardeau l’avait pas mal « varlopé » dans son dernier Elvis Gratton...




Laissez un commentaire



7 commentaires

  • Michel Berbery Répondre

    9 août 2012

    Toujours un plaisir de vous lire, cher monsieur.
    Concernant les agences de notation, elles ont fait la preuve de leur incompétence voire de leurs malversations avec les obligations adossées (les placements toxiques). Elles leur donnaient d'excellentes cotes et quand le tout s'est avéré n'être que de la poudre aux yeux, ces firmes n'étaient responsables de rien. Alors, je crois que plusieurs de leurs dirigeants devraient croupir au fonds de cellules aussi délabrées que les produits toxiques qu'ils ont fourbi au pauvre monde.
    Quant à Pratte, c'est Pratte. Est-il vraiment nécessaire d'en rajouter concernant his master's voice.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 août 2012

    Bonjour monsieur Le Hir.
    Monsieur Pratte se fait le porte parole d'un spéculateur américain .
    Je vous réferre a un article de Bernard Mooney qui as fait le point un an apres la décote de Standard & Poor’s sur les obligations américainnes .
    Monsieur Pratte qui aime utiliser la gémaguogie et le terrorisme économique devrait prendre en note de ce qui s'est passé par la suite de cette décote.
    Contrairement a la catastophe prévu ou il était question de crise c'est le contraire qui s'est passé.

    BERNARD MOONEY . les affaires.com . 07-08-2012 (modifié le 07-08-2012 à 09:02)
    Investisseurs, vous rappelez-vous, il y a un an?
    Le vendredi 5 août 2011, Standard & Poor’s a décoté les obligations du gouvernement américain dans une décision que plusieurs ont qualifié d’«historique». Le lundi suivant, tous les marchés boursiers ont dégringolé, l’indice Dow Jones, pour ne citer que celui-là, perdant 635 points.
    Pour revenir rapidement sur la décote de l’an dernier, les investisseurs craignaient toute une suite de conséquences négatives, voire catastrophiques. On anticipait ainsi le chaos dans les marchés financiers, une hausse sensible des taux d’intérêt, une dégringolade du dollar américain et une explosion du prix de l’or.
    Douze mois plus tard, ces craintes prennent l’allure d’hallucinations. Les marchés boursiers américains sont parmi les meilleurs de la planète depuis un an, le Dow Jones se retrouvant à 13117, environ 1600 points de plus. L’indice S&P 500 a gagné 24,5% par rapport à son niveau à la clôture du lundi 8 août 2011 (la première séance après la décote).
    De plus, la devise américaine s’est appréciée de 6% en un an et le prix de l’or a reculé d’environ 3%.
    Enfin, les titres décotés par S&P, les obligations américaines, demeurent en forte demande. Par exemple, le rendement des obligations de 10 ans est passé de 2,58% le 5 août 2011 à 1,56% aujourd’hui. Les investisseurs continuent de prêter des sommes astronomiques au gouvernement américain et acceptent un rendement de moins en moins élevé...
    Le temps ont changer et Pratte qui ne l'as pas encore réaliser nous ressort ses vieux bonhommes sept heure .
    A l'heure d'internet les québécois ne mangent plus de ce pain la et sont de plus en plus informer sur les questions économiques contrairement aux années 60 et 70 ou des journeaux comme La Presse ont atteint leur apogée dans le terrorisme économique véhiculé par le parti libéral et repris par les médias .
    Internet nous as affranchi de cette propagande et de ce terrorisme économique .
    André Pratte ne l'as pas encore réaliser et il ressort de son vieux scrapbook fédéraliste les mêmes arguments d'il y as trente ans a l'époque ou les québécois étaient enfermer et a la merci de journeaux comme La Presse.
    J'y plutot voit le cri de douleur et de désespoir d'un fidèle du régime qui crie son désespoir devant le doute qui s'est installer en lui face a la défaite des libéraux et il n'as plus d'argument rationels autre que ceux de surfer sur la peur.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 août 2012

    Cette remarque ne s’adresse évidemment pas à vous, Monsieur Le Hir.
    Il est curieux de constater que les pseudo-experts économiques se servent des agences de « dénotation » pour effrayer les ignorants qui ne savent pas lire (On ne peut pas dire que les lecteurs de La Presse apprendront à lire et à penser dans ces feuilles de choux, quoique les vraies feuilles de choux sont probablement plus nourrissantes que les navets publiés dans La Presse).
    Ou on est riches, ou on ne l’est pas! On a le Plan Nord avec ses avatars et autres vautours, mais on n’a plus l’Anticosti!
    Il y aura toujours des idiots qui croiront au « bone-setter », et ils auront raison. La réalité est d’autant plus terrifiante qu’elle peut détruire la vie de celui qui cherche la vérité : « Ce qu’il y a de terrible quand on cherche la vérité, c’est qu’on la trouve. »
    Dans le siècle de la désinformation qui nous sert de mode de vie, on ne peut se surprendre de ces doubles-discours schizophréniques desquels on doit absolument se détourner. La meilleure chose à faire, en ce moment, est de vous boucher les oreilles avec de la cire et de vous attacher fermement à la fondation – au mât, si vous préférez! – de votre résidence car, lorsque le tsunami économique (tard cet automne ou au début de 2013) déferlera sur le monde, je ne donne pas cher de la monnaie de singe (devinez qui sont les singes?) que nous utilisons actuellement. Et ce n’est pas l’élection d’un gouvernement de rapaces (PLQ, CAQ et autres pantins) qui y changera quelque chose.
    Il faut cultiver son jardin…
    P.S. Si vous souhaitez vous muscler le cerveau en vue du cataclysme économique qui s’annonce, ne ratez pas les analyses décapantes de Olivier Delamarche, économiste plutôt taciturne mais non moins réel et corrosif. Enfin un économiste qui regarde derrière le rideau que tendent les imbéciles devant la populace en délire (en déni) :
    http://www.youtube.com/watch?v=hTeXmYmUaQk

  • Francis Déry Répondre

    9 août 2012

    Si le Québec était indépendant, il n'aurait plus la contrainte constitutionnelle d'emprunter à taux d'usure pour ses investissements majeurs. Il pourrait émettre sa monnaie.
    Aussi, une certaine comparaison avec l'Italie est possible.
    L'État est infiltré par la Mafia. On a vu ses ravages dans l'industrie de la Construction et de la Restauration, ses tentacules s'étendent à la Finance, à la Sécurité et au Syndicalisme.
    Nous devons faire un examen sans complaisance de nous-même pour éradiquer le cancer.
    Bien sûr que l'on peut se comparer à l'Ontario pour se consoler. Mais la consolation par comparaison mène à l'immobilisme.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 août 2012

    Les trois principales agences de notation(Fitch Ratings, Moody's et Standard & Poor's) sont très peu transparentes dans la notation des sociétés. Elles n’ont même pas été capables de prévoir la crise du crédit immobilier américain de 2008 et ont contribué à la crise financière actuelle. À noter quelles sont toutes américaines et qu’elles jugent les économies nationales à travers la lunette sioniste-américaine et le nouvel ordre mondial. Je mets en doute leur compétence et leur indépendance!. On ne devrait plus se baser sur leurs rapports pour évaluer nos économies.
    Marius MORIN

  • Archives de Vigile Répondre

    8 août 2012

    Ils en sont rendus là?
    Ou plutôt "encore là" (1980)
    Mais comment Pratte fait-il donc pour dormir le soir?
    Merci beaucoup M. Le Hir, nous diffusons autant que possible comme à chaque fois.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 août 2012

    Peut-être que quelqu'un devrait rappeler à ce monsieur de PIMCO ce qui est arrivé à A. E. Ames & Co. en 1978... Je suis sûr que M. Le Hir s'en souvient :)