Le retour de la fierté

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La CAQ saura-t-elle insuffler une pulsion de vie aux Québécois ?


Le premier ministre Legault a déclaré la semaine dernière que la session parlementaire qui débute aujourd’hui doit être à l’enseigne de la fierté québécoise retrouvée. Pour cela, il lance ses grands chantiers dans l’éducation et la santé.  


Il est plus que temps. Car la situation générale dans ces domaines, ce qui inclut les CHSLD, n’a rien pour nous rendre fiers collectivement. En effet, la détérioration de la qualité des services en éducation et la maltraitance des personnes âgées sont une honte.  


Sans un regain de fierté, le Québec continuera de se déshumaniser. Car il n’y a pas de corrélation évidente entre la prospérité d’une élite financière, qui peut offrir d’excellentes écoles à ses enfants et des centres de soins de longue durée cinq étoiles à ses vieux parents, et la situation générale d’une classe moyenne, qui ne recueille que les miettes, subissant la détérioration avancée du système scolaire public et des institutions de santé.  


Il faut donner une chance au gouvernement, sinon quel espoir avons-nous de retrouver un souffle nous permettant de nous extraire d’une fatalité politique en train de nous rendre cyniques, tout un chacun ?  



Désenchantement  


Le désenchantement québécois agit comme un indice élevé d’humidité. Il affecte les citoyens, érode les institutions, donc affaiblit l’énergie collective sans laquelle on éprouve un sentiment bien réel de régression.  


C’est pourquoi les enthousiasmes de François Legault et, en particulier, de son ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, cet ancien enseignant qui parle d’autorité, ne permettent pas à leurs adversaires de ricaner ou de hausser les épaules.  


Ni le PLQ, ni le PQ, ni la CAQ ne peuvent les contredire. Qui d’entre eux est défavorable au retour de la fierté ? Le PLQ a cru que ses performances économiques y contribueraient, mais le gouvernement Couillard en accusant les Québécois de quasi-racisme et d’intolérance ne les a pas rendus fiers.  


Le PQ, lui, fut incapable de convaincre le peuple de choisir « par fierté » la souveraineté et QS, en pratiquant un populisme caricatural à la Catherine Dorion, n’encourage pas la fierté d’être Québécois.  







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Sincérité  


 ’on ne peut nier que François Legault est peu doué pour l’art oratoire et la dialectique. Mais il compense ses faiblesses par une sincérité contagieuse, où la naïveté n’est pas exclue. Nombreux sont ceux qui ont envie de croire aux changements que son gouvernement souhaite accomplir.  


Il y a un effet d’entraînement devant les promesses électorales, qui ont à l’évidence amené une majorité d’électeurs à voter pour la CAQ et son chef.  


Les médias sont d’ailleurs déstabilisés devant les caquistes, dont la lune de miel se poursuit. Peut-on critiquer quotidiennement un gouvernement qui concrétise ses engagements électoraux ? Peut-on sérieusement, à ce stade, diaboliser la CAQ ?  


Nous saurons bientôt si le gouvernement Legault est à la hauteur des espérances qu’il a suscitées. Nous découvrirons sa capacité à rassembler les Québécois autour de décisions majeures dans les domaines déficients de l’éducation et de la santé. Nous saurons enfin si autour du débat sur la laïcité, il prendra la hauteur nécessaire pour nous rendre enfin fiers d’être Québécois.