Le réparateur

L'effet Rambo risque de nuire au PQ dans ses châteaux-forts

Plus modeste que le premier ministre Couillard, qui s’est félicité d’avoir « littéralement sauvé le Québec », Bernard « Rambo » Gauthier a simplement offert ses services pour le « réparer » et prévenir une « guerre civile ».

Le matamore de la FTQ-Construction a beau être une véritable caricature qu’il est difficile de prendre au sérieux, sa soudaine irruption dans le paysage politique en a fait grimacer plusieurs. Il serait étonnant que son nouveau parti des « Citoyens au pouvoir » réussisse à présenter des candidats dans les 125 circonscriptions et il n’en fera certainement élire aucun, mais il pourrait bien jouer les trouble-fête.

La popularité dont jouit M. Gauthier parmi les travailleurs de la Côte-Nord risque de nuire au PQ, d’autant plus qu’il se définit comme un « souverainiste à la base ». Il a annoncé qu’il se présenterait dans Duplessis, où la péquiste Lorraine Richard l’avait emporté avec seulement 397 voix de plus que son adversaire libéral à l’élection d’avril 2014.

Dans la circonscription voisine de René-Lévesque, l’avance de 24 points dont bénéficiait Marjolin Dufour en 2014 a été réduite à 9 points lors de l’élection partielle de novembre 2015. Même à l’extérieur de sa région, ceux que M. Gauthier appelle « monsieur et madame Tout-le-Monde » pourraient se reconnaître dans cet « apprenti politicien », version prolétarienne de Donald Trump, qui se dit « écoeuré d’être écoeuré » et promet de s’en prendre à l’« establishment » et à l’« élite financière ».

M. Gauthier est également opposé à toute forme d’accommodements religieux. « C’est épeurant, ce qui se passe en ville pour les gens de nos régions », a-t-il expliqué. Il préconise également une révision des politiques d’immigration, sans préciser davantage. Là encore, son discours pourrait trouver un écho favorable chez certains électeurs du PQ ou de la CAQ.

« Quelle que soit la qualité des propositions des uns et des autres, leur personnalité ou leur capacité de communication, diviser le vote antilibéral, c’est aider Philippe Couillard à rester au pouvoir », a déclaré Jean-François Lisée. Au PLQ, on a préféré ne pas faire de commentaires, et pour cause. Applaudir à la venue de cet intimidateur patenté aurait été un peu gênant, mais on doit se frotter les mains.

Il est pour le moins paradoxal que le représentant de la section 791 entre en scène tout juste 24 heures après que le président de la FTQ, Daniel Boyer, a déclaré dans une entrevue au Devoir que sa centrale allait faire tout ce qui est en son pouvoir pour chasser les libéraux, en se rangeant derrière le candidat du parti qui sera le mieux placé pour le faire. Puisque M. Boyer a exclu tout appui à la CAQ, la FTQ privilégiera donc le PQ dans la très grande majorité des cas.

À près de deux ans de la prochaine élection générale, il est sans doute hasardeux de faire des prédictions en extrapolant à partir des résultats des quatre élections partielles qui ont été tenues lundi. La firme de sondage Léger s’est néanmoins livrée à l’exercice. Par rapport au 7 avril 2014, le PLQ est en baisse de 10 points, ce qui le situe à 32 %. En hausse de 6 points, le PQ suit avec 31 %. La diminution d’un point du vote de la CAQ la place au troisième rang, à 22 %. Québec solidaire ferme la marche à 9 %.

Avec de tels résultats, le simulateur mis au point par Bryan Breguet sur son site Too Close to Call accorde 61 sièges au PQ, 49 au PLQ, 13 à la CAQ et 2 à Québec solidaire. Le PQ se retrouverait alors à deux sièges d’une majorité parlementaire. Toute perte qui résulterait de la présence du parti de « Rambo » Gauthier sur le bulletin de vote l’éloignerait de cet objectif.


On n’en est pas encore là, tant s’en faut. Le premier ministre a reproché aux journalistes de surévaluer l’importance des élections partielles. Ce n’est pas ce qu’il disait quand le PLQ a réussi à arracher la circonscription de Chauveau à la CAQ en juin 2015, mais on a maintenant l’habitude de voir M. Couillard changer d’idée à propos de tout et de rien.
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