Le Québec peut-il se passer de pétrole?

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Cardinal, François - Accro au pétrole, le Québec? Jamais.
Tel un alcoolique qui nie son problème de boisson, le Québec aime bien croire que la dépendance à l'or noir ne le concerne pas. L'Ontario, l'Alberta, les États-Unis, certes. Mais pas lui.
Après tout, le Québec n'est-il pas "l'Arabie Saoudite de l'eau qui gronde", pour reprendre les mots du magazine Atlantic Monthly?
Détrompons-nous, cette image est idéalisée. La preuve en est que la première source d'énergie primaire consommée au Québec n'est pas l'eau, mais le pétrole. Que le transport en dépend à 99%. Et que la province est la championne canadienne de la consommation industrielle de mazout.
Or, la France a beau avoir élevé cet objectif au rang de "grande affaire du siècle", les États-Unis ont beau avoir déclaré qu'il était temps d'aller "au-delà d'une économie basée sur le pétrole", le Québec ne s'est pas encore fixé semblable objectif.
Voilà qui donne à réfléchir dans la foulée de la publication dans nos pages, samedi dernier, d'une lettre de l'ancien premier ministre Bernard Landry. Ce dernier en appelait à une grande mobilisation, à l'image de celle qui a permis la nationalisation de l'électricité, pour que la province "se libère de sa dépendance au pétrole".
Quelques jours plus tôt, le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement y allait d'un appel similaire, dans Le Soleil. "Ne serait-il pas responsable de se questionner sur la place du pétrole dans nos vies et d'en planifier dès maintenant le retrait?" s'interrogeait-on.
L'idée est intéressante, car les raisons qui militent en faveur d'un tel projet sont fort nombreuses et ne concernent pas que l'environnement. Pensons par exemple au fait que le Québec est un importateur de pétrole, principalement de l'Algérie et de la mer du Nord. Cela le rend vulnérable, dépendant de pays exportateurs dont la production de pétrole conventionnelle est en déclin, en plus de creuser la balance commerciale de son secteur énergétique de plusieurs milliards par année.
La question se pose donc: peut-on se libérer du pétrole? Oui et non.
Entendons-nous d'abord sur l'objectif. S'il s'agit de fermer complètement le robinet de l'or noir, la chose est farfelue. Mais si le but est d'offrir à tous des solutions de rechange au pétrole afin qu'ils puissent vaquer à leurs occupations quotidiennes sans cette ressource, la chose devient soudainement accessible. La Suède l'a d'ailleurs compris, elle qui a privilégié cette voie pour rompre sa dépendance au pétrole d'ici 2020.
Comment le Québec pourrait-il prendre ce virage? Laissons aux entreprises le soin d'imaginer une auto électrique et concentrons-nous sur des défis réalistes: électrifier les trains de banlieue, miser sur des trolleybus mus par l'électricité, élargir le réseau ferroviaire, augmenter la capacité hydroélectrique, utiliser les déchets domestiques et forestiers dans la production de carburants, aider financièrement les citoyens pour qu'ils délaissent le mazout, etc.
Les différentes études sur la question confirment que cela est possible. La dernière du genre, sorte d'"Après-pétrole pour les nuls", signée par le spécialiste en énergie Patrick Déry, dresse même un scénario réaliste pour que le Québec atteigne cet objectif d'ici 2030.
En quelques décennies à peine, nous avons épuisé une ressource dont la création a nécessité des centaines de millions d'années. Le défi sera de faire le chemin inverse aussi rapidement.
Pour joindre notre journaliste francois.cardinal@lapresse.ca


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