Osons... prudemment

Braderie technique : Auto électrique - Brevets - moteur-roue

Il aura suffi que la spéculation sur le baril de pétrole propulse le prix de l'essence à près de 1,50 $ le litre pour que nos partis politiques à Québec sortent les gros canons dans le but d'accélérer l'utilisation et même le développement des véhicules tout à l'électricité. Fort bien, mais de grâce, pas de précipitation! Voilà un terrain glissant où les dérapages sont faciles et surtout très, très coûteux.
Hier, les libéraux ont annoncé qu'à partir du 17 juillet, il sera possible de circuler à bord de véhicules à basse vitesse (VBV) dans les zones limitées à 50 km/h. Les deux seuls véhicules autorisés pour le moment sont la Zenn, assemblée à Saint-Jérôme, et la camionnette Nemo, à Sainte-Thérèse. Dans un cas comme dans l'autre, l'autonomie est faible et il faut recharger les batteries durant quatre à huit heures pour rouler entre 50 et 100 km.
L'énorme avantage réside évidemment dans le coût en énergie, qui n'est que de 1 ¢ du kilomètre, comparativement à 8 ¢ et plus (à 1,40 $ le litre) pour les petites voitures de type Yaris ou Fit.
Il va sans dire que l'usage de ces véhicules se limite à des déplacements courts, en ville ou sur des campus. Mais on pourrait aussi y avoir recours dans les services: on pense notamment aux préposés au stationnement et aux livreurs.
Cela dit, il ne faut pas partir en peur. D'abord, ces petits véhicules coûtent cher compte tenu de leur utilité et du prix des concurrents (on peut se procurer une Hyundai pour 10 000 $, contre 13 000 $ à 15 000 $ pour la Zenn). Ensuite, on connaît mal la fiabilité de ces voitures après cinq ou six hivers dans la neige et le froid. La carrosserie de la Zenn est fabriquée en Europe par Microcar et les 160 unités construites l'an dernier ont surtout été vendues pour un usage peu intensif en zones tempérées. Finalement, l'argument massue, nous voilà dans une industrie ultra concurrentielle où les joueurs majeurs investissent des milliards pour accaparer le marché. Or, le déficit de Zenn Motor Company de Toronto a atteint 6,7 millions de dollars l'an dernier, et les ventes, la somme ridicule de 2,3 millions de dollars. Pourtant, le salaire payé à Saint-Jérôme ne serait, dit-on, que de 14 $ l'heure. Attendez que les TCA s'en mêlent!
Ce qui nous amène au projet de Pauline Marois qui annonçait, samedi, qu'un gouvernement du Parti québécois ne deviendrait rien de moins qu'un «partenaire majeur de cette industrie du véhicule électrique». Pour ce faire, on créerait un fonds de trois milliards sur une période de dix ans.
Trois milliards de fonds publics pour commercialiser des voiturettes électriques? Est-on tombé sur la tête?
Que Québec encourage l'achat de voitures éconergétiques par une remise sur la taxe de vente, cela se justifie, tout comme le fait de privilégier la filière électrique dans les transports publics. De même, qu'Hydro-Québec s'associe sur une base d'affaires à des partenaires privés pour développer des produits secondaires adaptés, là encore, pourquoi pas? Mais se lancer, comme ça, dans la construction d'autos parce que le prix de l'essence est de 1,50 $ le litre, il y a quelque chose qui... ne tourne pas rond!
Quand on se compare aux Européens qui ont investi massivement dans le train, le tramway et le bus électriques, il est évident que nous avons du retard à rattraper en matière d'efficacité énergétique dans les transports. Cela dit, de grâce, ne jouons pas à la grenouille de la fable! Prenons le temps d'évaluer quels sont les meilleurs moyens de réduire notre dépendance au pétrole sans pour autant nous lancer dans la fabrication de produits alors que la plupart des grands manufacturiers ferment leurs usines devenues trop coûteuses!
j-rsansfacon@ledevoir.com


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