Le Québec fait peur

La RUE vs la LOI




Lorsque les sociétés d'énergie évaluent où investir leurs fonds en exploration et en développement pétroliers et gaziers, le Québec se trouve au bas de la liste.
En effet, le Québec a obtenu la 101e place sur 147 territoires évalués pour déterminer les endroits les plus propices aux investissements pétroliers et gaziers, d'après le Global Petroleum Survey 2012 de l'Institut Fraser. Ce piètre résultat confirme une tendance qui voit le Québec glisser dans le classement depuis 2009. Ce déclin est tel qu'il sera difficile de remonter la pente. Cette situation n'est pas de bon augure pour la population et l'économie du Québec.
Le Québec a une moins bonne réputation auprès des sociétés pétrolières et gazières que la Norvège et le Danemark, des pays socialistes que personne n'accuserait d'être trop laxistes en matière de protection de l'environnement. De plus, de tous les territoires en Amérique du Nord, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Europe couverts par l'enquête, seuls le Nouveau-Brunswick, la Grèce, l'Italie, l'Ukraine et la Russie ont reçu une pire note que celle du Québec pour l'indice «cadre réglementaire». Cette composante de l'enquête est fondée sur les réponses à six questions portant sur la réglementation du secteur de l'énergie.
L'industrie est particulièrement préoccupée par l'administration incohérente de la réglementation de l'industrie pétrolière au Québec et par l'incertitude liée à la réglementation environnementale. Puisque le gaz de schiste est la seule ressource pétrolière au Québec qui a attiré l'attention des investisseurs au cours des dernières années, les résultats médiocres de la province quant à ces aspects semblent découler de la mauvaise gestion de ce dossier par le gouvernement.
Les investisseurs du secteur pétrolier et gazier favorisent les endroits où les politiques et la réglementation en matière d'énergie - y compris en ce qui a trait à la protection de l'environnement - sont transparentes et peu susceptibles d'être modifiées pendant la durée de vie des projets évalués. Après avoir donné le feu vert à des entreprises comme Gastem, Questerre et Talisman pour qu'elles commencent l'exploration de gaz de schiste et les avoir incitées à le faire grâce à ce qui semblait être un cadre réglementaire concurrentiel, le gouvernement du Québec a brusquement adopté un moratoire sur le développement de cette ressource en attendant un «examen» plus approfondi.
Cette décision a été applaudie par les lobbyistes s'opposant au développement et par d'autres groupes qui ne comprennent pas que le gaz naturel est un carburant bien plus propre que d'autres produits pétroliers. En effet, on s'attendrait à ce que les environnementalistes voient d'un bon oeil le remplacement par le gaz naturel du pétrole ou du diesel pour le transport et du charbon pour la production d'électricité.
Par ailleurs, le moratoire sur le développement du gaz de schiste a déçu les entreprises qui ont investi dans la prospection géophysique et dans le forage exploratoire ou qui se préparaient à le faire. Il n'est donc pas étonnant que certaines aient décidé d'investir ailleurs.
Si la population du Québec considère que l'industrie du gaz de schiste peut être viable avec des mesures appropriées de protection de l'environnement et reconnaît, après avoir étudié ses avantages et ses coûts, que le développement de ces ressources en vaut la peine, le gouvernement a la responsabilité de mettre en place un régime de redevances ou de taxe à la production qui soit concurrentiel comparativement à celui des autres territoires. Il doit aussi adopter un cadre réglementaire transparent et non sujet à des modifications qui imposeraient des coûts imprévus aux producteurs. Avec le temps, ce contexte devrait attirer des investissements et mener à d'importants avantages économiques.
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Gerry Angevine
L'auteur est économiste principal au Centre mondial de recherche sur les ressources naturelles de l'Institut Fraser.


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