"Brisons l'impasse"

Le PQ «usé et confus», accusent 77 signataires

Les indépendantistes orphelins


La chef péquiste, Pauline Marois.
Photo: André Pichette, archives La Presse


Tommy Chouinard La Presse - Le Parti québécois est «usé» et «confus», accuse le Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ). Dans son premier manifeste, il lui reproche «d'étouffer tout ce qui n'entre pas dans ses structures» et «de mener une politique de traque à la dissidence». Il attaque la «gouvernance souverainiste» de sa chef Pauline Marois qui «banalise l'idée d'indépendance».
La Presse a obtenu le document de sept pages qui devrait être rendu public mardi sur le site [www.unnouveaumouvement.org->www.unnouveaumouvement.org]. Soixante-dix-sept personnes signent ce manifeste intitulé Brisons l'impasse, dont un ancien député bloquiste, Antoine Dubé, un ex-conseiller de Gilles Duceppe, Marc-André Roche, et le politologue Denis Monière. Parmi les signataires, figurent également quelques-uns des jeunes péquistes qui avaient publié une lettre ouverte l'automne dernier pour condamner la stratégie souverainiste de Pauline Marois.
Des personnes de différents horizons ont approuvé le manifeste, comme le directeur artistique de l'agence de publicité Bos, Simon Beaudry, et un ancien président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, Jean Grégoire. L'instigateur du NMQ est Jocelyn Desjardins, qui a claqué la porte du PQ au terme du congrès d'avril.
D'entrée de jeu, le groupe affirme que «la crise que traverse le mouvement souverainiste n'est pas banale. Elle cristallise la fin d'une époque et le début d'une nouvelle».
Il faut selon lui «faire réapparaître un mouvement indépendantiste en tant que mouvement social». Le NMQ tiendra une assemblée le 21 août, au cégep Saint-Laurent de Montréal. Trois députés démissionnaires du PQ y seront: Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Jean-Martin Aussant.
«Aujourd'hui, le mouvement souverainiste n'en est plus un: il est un parti institutionnalisé. Si bien que le PQ se revendique désormais comme le seul porteur légitime de la "volonté d'un peuple".» Or, toujours selon les signataires, «le Parti québécois apparaît aujourd'hui usé, confus dans ses interventions et banalisé par le public et les médias à la moindre action qu'il pose».
Reprenant une expression de Jacques Parizeau, le groupe affirme que le PQ «s'autopeluredebananise lentement», «à force d'étouffer tout ce qui n'entre pas dans ses structures, à force de mener une politique de traque à la dissidence». «Il fait le vide autour de lui. Et perd des acteurs. Inutile ensuite d'essayer de les ramener en prétendant incarner le changement», ajoute-t-il.
Défections
Au moins deux officiers péquistes ont quitté le navire au cours des derniers jours. Dimanche, Tania Longpré a démissionné de son poste de vice-présidente régionale du PQ Montréal Ville-Marie. «Depuis quelques semaines, à la suite de la quasi-disparition du Bloc Québécois et la crise qui a saigné le Parti québécois tout autant au niveau de sa relève (Jean-Martin Aussant) que de ses poids lourds (Pierre Curzi, Louise Beaudoin, Lisette Lapointe), comme bien d'autres, je remets en question la réelle pertinence de mon engagement au sein du PQ», a-t-elle écrit sur Facebook.
Jeudi, Alexis Gagné-Lebrun, président de l'association péquiste d'Hochelaga-Maisonneuve, a déchiré sa carte de membre, affirmant que le PQ est devenu un «vieux parti». Il a pris sa décision deux jours après une rencontre avec Pauline Marois. «Je ne vois actuellement aucune volonté de faire les changements nécessaires», déplore-t-il dans sa lettre de démission.
Projet souverainiste «banalisé»
Le PQ «banalise» le projet d'indépendance avec sa gouvernance souverainiste, poursuit le NMQ.
«Le postulat [de Pauline Marois] est que seule une crise avec le Canada ferait gonfler l'appui populaire à la souveraineté à des niveaux comparables à 1990, après la mort de l'accord du lac Meech, ajoute-t-il. Ce qui est visé est un rejet canadien. On espère un ressentiment, une réaction contre le Canada plutôt que l'affirmation de notre existence.» Selon lui, la stratégie du PQ représente «moins que 1995 et moins que Meech».
Le NMQ propose d'organiser des «assemblées constituantes» pour que les citoyens rendent le projet de pays «plus audacieux que maintenant». Il évoque entre autres la rédaction d'une constitution et propose d'introduire un mode de scrutin proportionnel.
Le NMQ s'en prend également aux fédéralistes de même qu'à l'ancien ministre péquiste François Legault et sa Coalition pour l'avenir du Québec. «Qu'il soit proposé de façon claire par François Legault ou en sourdine par le Parti libéral du Québec, le statu quo est synonyme de recul perpétuel pour l'autonomie du Québec», plaide-t-il.


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