Le PQ marche sur des œufs

Climat politique au Québec


Les présidents régionaux du Parti québécois ont tenu une conférence téléphonique le 20 août, journée de l’annonce de la démission de Diane Lemieux. On y a discuté de la démission de Mme Lemieux, mais c’est le débat sur les accommodements raisonnables qui a retenu l’attention. « Au Parti québécois, on est très conscient qu’on marche sur des œufs là-dessus », a confié un participant.

Le fait est que les péquistes ont été doublés par Mario Dumont en ce domaine. Depuis la déclaration malheureuse de Jacques Parizeau sur le vote ethnique, le soir du référendum de 1995, le PQ a multiplié ses efforts pour attirer des représentants des minorités ethniques au sein de son caucus et de ses militants. On voulait un PQ plus « inclusif », ouvert sur le monde, pour se libérer de l’image d’un Québec frileux, replié sur lui-même. Mais pendant que les leaders péquistes s’ouvraient à la présence ici des minorités ethniques, leur base militante, majoritairement francophone, prenait une autre direction.
« Mon opinion va beaucoup dans le sens de ce que les gens nous disent, explique encore un président d’association de circonscription du Parti. On est intéressés à ce qu’il y ait des immigrants qui viennent nous voir, mais on a des traditions, on a une langue, on est chez nous, et s’ils sont intéressés à embarquer là-dedans, puis à vivre selon nos traditions et nos coutumes, ils sont les bienvenus, sinon qu’ils aillent voir ailleurs. Ça se résume tout simplement comme ça. »
C’est cette réaction spontanée et bien ancrée, surtout en région, que les instances montréalaises du PQ n’ont pas vu venir, mais que Mario Dumont a bien exploitée. Et c’est ce qui a amené Pauline Marois à se réapproprier le « nous » québécois à la
réunion de son caucus de la semaine dernière. Mme Marois a beau dire que son « nous » est inclusif, c’est le « nous » francophone qu’elle sollicite, et qu’elle tentera de reprendre à l’ADQ au cours de la prochaine année. D’ailleurs, la décision de la Cour d’appel d’invalider une partie de la loi 101, le 22 août dernier, a donné des munitions à Pauline Marois. Même si la Cour a suspendu ensuite l’exécution de ce jugement en attendant que la Cour suprême se prononce, cet événement a réveillé les inquiétudes des Québécois sur la survie du français. Bernard Landry a tapé sur ce clou dans son allocution du 26 août, à l’occasion du 30e anniversaire de la loi 101. « Le Québec n’est ni bilingue, ni multiculturel, a-t-il lancé. La langue officielle et la langue commune, c’est le français. » Pauline Marois et Pierre Curzi sont allés dans le même sens la semaine dernière. « Il faut continuer à mobiliser des gens, construire une pression politique par rapport à cette décision que je ne veux pas qualifier », a déclaré M. Curzi, pendant que sa patronne se disait inquiète de la
position à venir de la Cour suprême.
Mme Marois se défend bien de vouloir utiliser à des fins politiques une décision défavorable de la Cour suprême. Mais elle n’est pas sans savoir que c’est le PQ qui a davantage profité des querelles linguistiques, alors que c’est l’ADQ qui a pris le ballon au vol sur les accommodements raisonnables.
Présents sur l’île de Montréal, les péquistes et les libéraux sont tenus à un discours plus politiquement correct sur les minorités ethniques. Ils se consolent en disant que Mario Dumont aura bien son heure de vérité, s’il désire mettre les pieds sur le sol de la métropole. Mais le chef de l’ADQ est une véritable anguille. Il glisse entre les doigts de ses adversaires lorsque la réalité le place devant une impasse. Pauline Marois a désespérément besoin d’une victoire dans Charlevoix pour l’immobiliser.


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