L’ancien premier ministre Jacques Parizeau porte, encore une fois, un jugement sévère sur le Parti québécois.
Dans une entrevue de près d’une heure accordée à l’animateur et journaliste Michel Lacombe, de Radio-Canada, qui a été réalisée en février dernier et qui a été diffusée lundi, l’ancien chef péquiste affirme que les péquistes « n’ont pas l’air de croire en eux, alors, comment voulez-vous que les gens croient en eux ? »
Dans la même veine, M. Parizeau réitère l’expression « champ de ruines » qu’il avait utilisée lors d’une allocution prononcée en septembre 2014, lorsqu’il avait dit que les souverainistes se retrouvaient devant un « champ de ruines » et que le parti était à la « dérive » avec ses sempiternels débats sur l’échéancier et le moment propice pour tenir un référendum. Il qualifie encore une fois ces discussions de « byzantines » et croit qu’il faut revenir à l’essentiel : la souveraineté du Québec et son utilité.
M. Parizeau affirme que ces débats sur les modalités ont « démoli graduellement » le Parti québécois et lui ont fait perdre son âme.
Tout n’est pas perdu
Il affirme cependant que tout n’est pas nécessairement perdu pour le PQ, mais qu’il lui faudra retisser des liens et mieux faire comprendre son message sur la souveraineté.
Pour ce qui est de l’avenir du Québec, il mise essentiellement sur les citoyens âgés dans la trentaine et la quarantaine, affirmant que ceux-ci ont l’habitude de la réussite. « Ils sont collectivement très ambitieux. Ils ne sont pas des losers ; ils ont pris l’habitude du succès et de réussir. »
M. Parizeau dénonce également la lutte tous azimuts pour l’équilibre budgétaire, affirmant qu’on sabre trop et partout. « Il y a une fixation sur le déficit zéro. Plus que ça, pour moi, c’est religieux », lance-t-il en boutade.
Il critique le fait qu’« on dépense 100 milliards de dollars par an au Québec, qu’il y a un déficit de 1,5 milliard et qu’on va se cacher », comme si cela était un drame. Il faut tenir compte du contexte économique, dit-il, et prendre simplement « des mesures de correction », le cas échéant.
« Pas besoin de provoquer un psychodrame comme on voit au Québec à l’heure actuelle », s’est exclamé celui qui a aussi été ministre des Finances pendant huit années.
M. Parizeau dénonce la situation actuelle au Québec, la résumant ainsi : « Faut couper, faut couper, et on ne fait rien d’autre. »
Il prône une relance économique qui passerait notamment par les petites et moyennes entreprises, qu’il faudrait inciter à faire davantage d’innovation et à se moderniser.
Cours d’histoire massacrés
L’ancien premier ministre péquiste déplore aussi ce qu’il est advenu des cours d’histoire à l’école. « On a eu tort de massacrer les cours d’histoire » et de ne pas donner davantage de cours dans des disciplines comme la géographie, qui « ouvraient l’esprit », affirme-t-il.
Cette entrevue a été diffusée à l’émission Le 21e, à ICI Radio-Canada Première, qui propose des entrevues de fond avec des personnalités issues des milieux politiques, de l’économie, de la culture et d’autres sphères d’activité.
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