Le PQ en danger dans son Royaume

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Québec 2007 - la bataille des régions


Denis Lessard - Le Parti québécois est en danger même dans son château fort traditionnel du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Un important sondage qui vient d’être réalisé dans la région montre des courses très serrées dans quatre des cinq comtés de la région, ce qui explique peut-être la décision d’André Boisclair d’y faire campagne dès cette semaine.
Une enquête réalisée du 24 au 27 février par la firme Unimarketing auprès de 1271 personnes, commandée par Le Quotidien de Saguenay et TVA Saguenay, montre que dans l’ensemble des cinq comtés de la région, le Parti Québécois décroche 32 % des intentions de vote. Le PQ arrive premier dans ce château fort souverainiste mais il est talonné par le Parti libéral avec 29 % des suffrages. L’ADQ est quasi absente avec 11 % seulement d’appuis, tandis que Québec solidaire ferme la marche avec 3 %.
Mauvaise nouvelle aussi pour André Boisclair, cette enquête d’Unimarketing frappée d’une marge d’erreur de 2,8 % pour l’ensemble de l’échantillonnage, observe aussi 21 % d’indécis dans la région, un groupe qui, traditionnellement, compte une bonne part d’électeurs «discrets» dont le profil est plus proche des électeurs libéraux.
Par rapport à une autre enquête de cette maison réalisée fin janvier – sur un échantillon de 978 personnes - le Parti québécois perd trois points, et les libéraux en gagnent dix. L’ADQ a de son côté amélioré son score de quatre points par rapport à la fin janvier. Unimarketing trouvait 33 % d’indécis fin janvier, douze points de plus qu’aujourd’hui.
On a aussi vérifié la solidité des intentions de vote; sous cet angle, péquistes et libéraux sont aussi déterminés dans leurs choix – les deux tiers des répondants pour ces deux partis son convaincus que le choix ne changera pas d’ici le 26 mars. En revanche 42 % des adéquistes pensent qu’ils pourraient changer de cap.
L’enquête observe aussi qu’André Boisclair reste le chef de parti le mieux perçu au Saguenay; 31 % des répondants estiment qu’il ferait le meilleur premier ministre, il devance à ce titre Jean Charest avec 28 % et Mario Dumont avec 26 %. Dix pour cent des répondants se disent indécis.
Le Royaume du Saguenay est déjà moins péquiste qu’il ne l’a été dans le passé. Trois des cinq circonscriptions sont actuellement détenues par le PQ. Tout était bleu dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean dans les années 70 et 80 –une seule députée libérale Aline St-Amand, s’était fait élire, en 1983, pendant deux ans dans une complémentaire dans Jonquière. En 1988, dans une partielle encore, Roberval vota libéral, un choix que le comté a maintenu à la générale l’année suivante. Après un mandat péquiste, Jonquière est repassée aux libéraux lors d’une partielle en 2001.
La région a voté pour le Oui aux référendums en 1980 et 1995, devant les échecs répétés des libéraux et des fédéralistes, Claude Ryan avait même soutenu que l’isolement de la région, son manque de communications avec l’extérieur expliquait ses choix politiques.
Par comté
La firme de sondage a aussi réparti par comté son échantillonage –des segments de 250 répondants environ, ce qui fait toutefois grimper la marge d’erreur à plus ou moins 6 %. Intéressants à titre indicatifs, les résultats par comtés doivent être utilisés avec prudence --il faudrait un écart de plus de 12 % entre deux candidats pour qu’il soit considéré statistiquement significatif.
Pour Unimarketing, dans Jonquière, rien n’est joué, mais la ministre Françoise Gauthier semble être en avance avec 43 % des intentions de vote contre 37 % au péquiste Sylvain Gaudreault, et 13 % à Marc Jomphe, de l’ADQ. Ici 28 % des gens se disent indécis. En 2003, Mme Gauthier l’avait emporté avec 44,4 % des voix contre 36 % au PQ.
L’autre libéral de la région, Karl Blackburn dans Roberval, semble aussi en avance avec 44 % des intentions de vote contre 36 % à Denis Trottier du PQ. L’ADQ avec Mario Michel Jomphe fait 13 %. On y trouve moins d’indécis qu’ailleurs; 18 %. En 2003, M. Blackburn avait été élu de justesse avec 39,2 % des voix contre 38,4 % au PQ.
Le comté de Chicoutimi est péquiste depuis 1970 –le début de la dynastie des Bédard avec Marc-André, un des premiers députés péquistes. Cette fois André Harvey, élu comme conservateur puis libéral sur la scène fédérale, est au coude à coude avec Stephane Bedard, le fils de l’ancien ministre. M. Harvey a 42% d’intentions de vote contre 41 % pour M. Bédard. L’ADQ est loin derrière avec 10 %. On retrouve 21 % d’indécis dans Chicoutimi, une mauvaise nouvelle pour de député péquiste. En 2003, M. Bédard l’avait emporté facilement avec 43,7 % des suffrages exprimés contre 35,7 % au candidat libéral.
Autre source d’inconfort pour le PQ, dans Lac-Saint-Jean, l’ancien fief de Jacques Brassard, abandonné par Stéphane Tremblay, le candidat péquiste Alexande Cloutier est talonné par le candidat vedette du PLQ, le Dr Yves Bolduc. M. Cloutier obtient 43 % des suffrages contre 37 % au Dr Bolduc, dans ce comté ou on trouve 16 % d’indécis. L’ADQ arrive troisième avec 14 %.
Dans Lac-Saint-Jean, une circonscription ou le PQ compte plus de 3,000 membres, Stéphane Tremblay avait écrasé ses adversaires en 2003, avec 53,7 % des voix contre 26,2 % au candidat libéral et 20 % à l’ADQ.
Selon l’enquête d’Unimarketing, l’issue semble scellée dans un seul des cinq comtés, Dubuc, bien qu’on y trouve encore 28 % d’indécis. Le député péquiste Jacques Côté y domine avec 52 % des intentions de vote, contre 19 % au candidat adéquiste, Robert Hémond. Johnny Simard, le libéral ferme la marche à 15 %.
À l’élection de 2003, la bonne performance de l’ADQ dans Dubuc avait failli coûter son siège à M. Côté –il avait récolté 38,9 % des voix contre 38,7 % aux libéraux et l’ADQ avait obtenu 20,6 % son meilleur score dans la région.


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