Alerte rouge pour Boisclair

Québec 2007 - la bataille des régions


Il y a des choses encore plus révélatrices que les intentions de vote dans le sondage CROP sur la région de Québec. Quand 48 % des militants péquistes interrogés prédisent que c'est Jean Charest qui va gagner les prochaines élections, c'est que la confiance n'est pas au rendez-vous au sein du PQ. Et quand seulement 4 % des péquistes sondés estiment que c'est l'éducation qui sera l'enjeu le plus important de cette campagne, il faut se demander si André Boisclair n'a pas commis une erreur majeure en faisant de cette question sa priorité. Tout comme chez les libéraux, c'est encore la santé qui demeure la préoccupation principale des péquistes, avec 49 % d'appui. La question nationale recueille un petit 4 % au PQ, sur un pied d'égalité avec les accommodements raisonnables.
Les sondages ne disent pas tout, mais ils donnent des indices intéressants sur la perception des gens. Ainsi, le quart des militants péquistes sont convaincus que c'est Jean Charest qui a réuni la meilleure équipe de candidats. La moitié des partisans des verts et de Québec solidaire estiment que les libéraux ont les meilleurs candidats. Quand vos adversaires eux-mêmes reconnaissent la supériorité de votre équipe, vous avez de meilleures chances de remporter le match.
Ces chiffres sont dévastateurs pour le Parti québécois dans la région de Québec. "À la réunion du caucus national du Parti, au Salon rouge, notre plus grande crainte était de voir " le ciment prendre " si la déconfiture et la démobilisation se poursuivaient au même rythme, a raconté hier un député péquiste. L'arrivée de Bernard Drainville a cassé ce rythme". Le même interlocuteur, qui ignorait les données de ce sondage, espérait que "le ciment ne prenne pas" avant le débat des chefs. Bref, que M. Boisclair ait une chance honnête de renverser la vapeur avec une bonne performance à ce débat. La route sera longue !
C'est vrai que la campagne est jeune, tout comme il est exact que Jean Charest n'a pas "brillé parmi les meilleurs", lundi, en affirmant qu'Ottawa couperait la péréquation et les pensions de vieillesse après une victoire du PQ. Mais ce que les chiffres de ce sondage démontrent, c'est que "le ciment est en train de prendre" rapidement dans la région de la capitale nationale.
Ce qui est particulièrement inquiétant pour le PQ, c'est que seulement 53 % de ses partisans disent que leur choix est définitif, alors que ce pourcentage grimpe à 63 % chez les libéraux. Même les appuis adéquistes sont plus solides que ceux du PQ.
On le sait déjà depuis quelques années, la région de Québec est une "société distincte" au sein de cette nation québécoise. Ce qui se passe ici n'est pas nécessairement révélateur de la situation politique ailleurs. Ainsi, l'ADQ demeure une entité négligeable à Montréal ou à l'est de Rivière-du-Loup, jusqu'aux Îles-de-la-Madeleine. Mais l'histoire des quatre dernières élections provinciales montre tout de même que la région de Québec a toujours voté du côté du pouvoir depuis 1989. Société distincte ? Région baromètre ? On verra le 26 mars.
En attendant, libéraux et péquistes ont tout intérêt à voir un signal d'alarme dans ces chiffres, qui confirment hors de tout doute la force de l'ADQ dans la région. Si Philippe Couillard semble à l'abri dans Jean-Talon à cause de sa notoriété, ce n'est pas le cas pour la plupart de ses collègues libéraux de la région. Quant au PQ, il sera bien chanceux s'il parvient à conserver le siège d'Agnès Maltais dans Taschereau et celui de Rosaire Bertrand dans Charlevoix. À moins qu'André Joli-Coeur, dont André Boisclair ne voulait pas, parvienne à déloger Sam Hamad dans Louis-Hébert. Ce serait tout de même assez particulier !
glavoie@lesoleil.com


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