Le PQ à la recherche des causes de la défaite

PQ - leadership en jeu - la tourmente


Tommy Chouinard - Si le PQ a subi une raclée électorale, c'est peut-être parce que les Québécois n'étaient pas prêts à élire un premier ministre homosexuel, estime la candidate péquiste défaite dans Groulx, Rachel Gagnon.
À l'invitation du chef André Boisclair, les candidats élus et battus du Parti québécois ont participé hier à un bilan électoral qui s'est tenu à huis clos, à Québec. Devant les journalistes, aucun péquiste n'a réclamé la tête du chef. Mais quelques-uns croient que le leadership d'André Boisclair doit faire partie de l'analyse postélectorale.
Les têtes roulent déjà au PQ. Hier, André Boisclair a montré la porte à son directeur des communications, Joël Simard-Ménard. L'entourage du chef invoque des compressions budgétaires pendant que le principal intéressé affirme qu'il songeait déjà à quitter l'organisation.
Les péquistes tentent d'identifier les causes de la plus cuisante défaite de leur parti depuis 1970. Rachel Gagnon a souligné que plusieurs électeurs de sa circonscription, qui regroupe Boisbriand, Rosemère et Sainte-Thérèse, ont reproché à André Boisclair son orientation sexuelle. «Est-ce que les Québécois sont de façon générale prêts à bien vivre avec l'homosexualité, il faut se le demander», a affirmé la femme de 33 ans.
Les remarques de certains électeurs et de membres de son entourage au sujet de l'homosexualité l'ont «bouleversée». «Je ne pense pas que les Québécois sont homophobes, mais de là à se faire représenter (par un homosexuel) On me l'a dit souvent : comment André Boisclair peut-il représenter la famille?» a expliqué Mme Gagnon, emportée par la vague adéquiste lundi.
Le candidat défait du PQ dans Saint-Maurice, l'ex-député Claude Pinard, a déploré lui aussi que des électeurs boudent le PQ en raison de l'homosexualité d'André Boisclair. «Je suis dans le comté voisin de Hérouxville. Il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ne pouvaient pas accepter la personnalité de notre chef», a-t-il affirmé. Des électeurs ont également fait «ressortir tous les vieux péchés» du chef péquiste.
En entrevue à La Presse, Marc Laviolette, le candidat défait dans Soulanges, a noté qu'«il y a plus d'homophobie qu'on pense. Les gens disaient : je n'ai rien contre les homosexuels, mais Boisclair je ne suis pas capable».
Pour le député de Rousseau, François Legault, «les résultats de lundi sont très décevants mais aussi très inquiétants pour l'avenir» du PQ.
Sans remettre en question son option, le PQ doit tenir compte du fait que les Québécois ne veulent pas d'un référendum à court terme, selon lui.
François Legault ne nourrit pas l'ambition de remplacer André Boisclair. «S'il y avait une course au leadership au cours des prochaines semaines ou des prochains mois, je ne serais pas candidat», a-t-il souligné.
Le PQ doit d'abord «débattre des questions de fond» avant d'aborder la question du leadership. «Pour l'instant, il faut voir comment on fait pour se rebrancher sur les préoccupations des Québécois. On ne peut pas à tous les ans ou tous les deux ans changer de chef», a-t-il dit.
Mais selon le candidat défait dans Berthier, l'ex-député Alexandre Bourdeau, «il y a des questions à se poser» au sujet du leadership d'André Boisclair. «C'est clair que le message d'André n'a pas passé dans la dernière élection.»
Selon lui, le PQ doit faire une croix sur sa promesse de tenir un référendum le plus tôt possible dans un prochain mandat. Il préconise un référendum d'initiative populaire, ce qui revient à laisser aux Québécois le soin de déterminer la date du référendum.
Évitant d'exiger directement la démission de son chef, Jean-Claude St-André, battu dans L'Assomption, a affirmé qu'André Boisclair doit «analyser le résultat, réfléchir et tirer les conclusions qui s'imposent».
Selon le député déchu de Blainville, Richard Legendre, le chef péquiste devrait rapidement se soumettre à un vote de confiance. «Le plus tôt sera le mieux. C'est aux membres de juger.» Mais il préférerait le déclenchement d'une course au leadership à laquelle le chef pourrait participer. Il n'envisage pas de succéder à M. Boisclair. Le vétéran François Gendron nie réclamer ouvertement le départ de son chef, même s'il dit qu'il n'est «pas du tout» un pro-Boisclair. La question du leadership n'est pas une priorité selon lui.
Le député de Marie-Victorin, l'ex-journaliste Bernard Drainville, appuie André Boisclair et croit que le PQ doit «se concentrer sur le renouvellement du programme».
Mardi, au lendemain de la défaite électorale, André Boisclair a exprimé son intention de mettre la souveraineté sur la glace. Yvan Loubier, l'ex-bloquiste et candidat du PQ défait lundi, s'inquiète de cette déclaration. «Si André Boisclair occulte l'article 1 du Parti québécois, je vais me bagarrer», a-t-il lancé.
Faisant une allusion à peine voilée à Bernard Landry, le député de Gouin, Nicolas Girard, un lieutenant de M. Boisclair, a affirmé que «des gens qui ont été assez actifs avant la campagne doivent se regarder dans le miroir et se demander en quoi cela a servi le parti». La saison des idées de Bernard Landry a été selon lui «la saison du déni». Le PQ est mûr pour un vrai débat, a-t-il dit.
Selon lui, le PQ ne tiendra pas un congrès en juin, ce qui pourrait repousser le vote de confiance à l'égard d'André Boisclair. Une conférence nationale des présidents de circonscription aura lieu au cours des prochaines semaines.


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