Le PKP dont les médias parlent peu

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PKP affronte directement le fédéral

Par les temps qui courent, Pierre Karl Péladeau excite surtout les chroniqueurs politiques et les journalistes à l’Assemblée nationale. Le principal intéressé n’est évidemment pas étranger au tapage que font les médias à son sujet. L’homme est à la tête d’une grande entreprise de communication et il a sur l’avenir de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes des opinions qui vaudraient d’être étudiées attentivement.


Le site internet CARTT, spécialisé en communications, s’adresse surtout aux personnes qui œuvrent dans ce domaine. La semaine dernière, CARTT a publié une longue entrevue sur la vision de Pierre Karl Péladeau pour l’avenir de l’industrie, qui est sous pression depuis que nous sommes entrés dans l’ère numérique.


À la suite de l’entente « confidentielle » conclue entre la ministre Mélanie Joly, entente dont on ne sait presque rien (et qui n’est peut-être même pas couchée sur papier), la « taxe Netflix » a pris toute la place. Comme la plupart des observateurs et contribuables ayant un peu de jugeote, PKP trouve ridicule que le gouvernement fédéral se justifie de ne pas forcer Netflix à percevoir TPS et TVQ en expliquant qu’il ne veut pas augmenter le fardeau fiscal de la classe moyenne.


OÙ EST LA VISION D’AVENIR ?


La taxe Netflix n’est qu’une pièce dans le casse-tête que représente le renouvellement de nos lois sur la radiodiffusion et les télécommunications. Avec l’ère numérique, il y a de plus en plus de chevauchement entre les deux lois. Il vaudrait mieux qu’elles soient fondues en une seule. « Mais une législation, dit PKP, ne peut tout régler. Un changement législatif est long à intervenir et pendant ce temps, le monde continue de tourner. » Et il n’a jamais tourné si vite...


Beaucoup plus qu’une législation, c’est une vision d’avenir dont on a besoin. PKP s’inquiète de ne pas en voir poindre une à Ottawa, où on répète les mêmes platitudes depuis l’élection. « La pérennité de notre système de radiodiffusion et de télécommunication est importante. Il nous a très bien servis durant des décennies, mais si on ne pense qu’à le protéger, on oubliera de construire pour l’avenir. »


INTERNET A TOUT CHANGÉ


Péladeau ne voit pas comment on pourrait empêcher Netflix et les autres géants du web d’envahir notre marché. Encore moins les empêcher d’investir et de produire ici. Comme ils ont les poches profondes, il faut être conscient qu’ils feront augmenter les coûts de production.


L’important n’est donc pas d’empêcher les contenus étrangers d’entrer, mais d’aider nos diffuseurs et nos producteurs à produire des œuvres concurrentielles qui peuvent s’exporter. « Internet a tout changé, dit PKP, et il a rendu caduque notre réglementation sur le contenu. »


Pierre Karl Péladeau croit même qu’il n’y a plus de raison de limiter la propriété étrangère de nos entreprises de radiodiffusion et de communication. Il opine même qu’on peut se dispenser du CRTC. « On sait ce que veulent nos auditoires, on n’a pas besoin de se le faire dire ! » Il ajoute que le Québec n’aurait aucun intérêt à se doter d’un tribunal semblable. « C’est déjà bien assez compliqué ! »


Malheureusement, comme Pierre Karl Péladeau a les yeux tournés vers Québec, les chances qu’on réfléchisse sur sa vision des choses à Ottawa sont assez minces.