Le piège de la nation

La nation québécoise vue du Canada


Il n'y a pas de pire piège que celui qu'on dessine pour soi-même. Il n'y a pas de peinture qui prend plus de temps à sécher que celle que l'on a utilisé pour se peinturer dans le coin. C'est ce à quoi doit réfléchir le Bloc québécois ce matin.
Ayant présenté une motion sur la reconnaissance du Québec comme nation, le Bloc a eu la surprise de sa vie en voyant le premier ministre Harper lui retourner la question en se disant prêt à reconnaître la nation québécoise au sein d'un Canada uni.
Puis, comme un naufragé qui atteint finalement le canot de sauvetage, le chef libéral Bill Graham a endossé cette motion qui sauve son parti d'un débat aussi inutile que risqué.
Reste M. Duceppe qui, malheureusement pour lui, va agir de façon prévisible : il va voter contre la résolution puisqu'elle ne reconnaît pas que le Québec pourrait être une nation à l'extérieur du Canada. L'argument est aussi sémantique que tiré par les cheveux.
Si le Québec devenait souverain, il n'aurait pas à se poser la question de savoir s'il est une nation, il en serait une sociologiquement autant que juridiquement.
La question qui se pose, actuellement, ce matin, c'est de savoir si, à l'intérieur du Canada, le Québec pourrait être reconnu comme une nation. La question de savoir si le Québec pourrait être une nation à l'extérieur du Canada va de soi. Elle ne se pose même pas.
Alors si M. Duceppe voulait surprendre tout le monde, il voterait pour cette motion. Tout simplement. En disant que la question qui est devant la Chambre des communes est la reconnaissance du Québec comme nation au sein du Canada. L'autre question, elle se réglera par la souveraineté populaire et un référendum.
Ce faisant, M. Duceppe ferait œuvre utile : la valeur d'une telle motion est essentiellement symbolique. Mais elle peut servir d'inspiration aux tribunaux pour interpréter la constitution. Elle aura alors une valeur symbolique encore plus grande si elle a été adoptée à l'unanimité par la Chambre des communes.
Ça permettrait aussi au Bloc de démontrer qu'il est prêt à faire avancer les choses à Ottawa et qu'il n'est pas là juste pour bloquer des initiatives qui pourraient être intéressantes.
M. Duceppe n'a rien à perdre et tout à gagner à voter pour la motion du Premier ministre. Tout indique qu'il ne le fera pas et, à long terme, ce pourrait devenir un gros problème pour son parti.
Ce n'est pas compliqué, il a dessiné le piège, il n'a qu'à refuser d'y entrer. En votant sur la motion de M. Harper telle que libellée. Et sur rien d'autre.


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