Un seul sondage, alors qu'un nouveau chef est encore en lune de miel, est peu significatif de son niveau réel de popularité et surtout de la cote de confiance que les électeurs seront disposés à lui donner derrière l'isoloir. Pauline Marois flotte sur un nuage qui crèvera, pour se dissoudre ensuite progressivement.
André Boisclair a eu une période de grâce à son arrivée à la tête du Parti québécois. Il a brièvement dominé dans les sondages. Stéphane Dion, de son côté, a balayé tous les sondages pendant quelques semaines après son élection surprise à la direction du Parti libéral du Canada. Mais quand la population a déjà fait son opinion sur des politiciens inscrits depuis longtemps dans le paysage, cette opinion rattrape généralement les revenants.
Pauline Marois ne devrait pas y échapper. Le sondage CROP publié mercredi qui la place en avance de douze points sur Mario Dumont et de quinze sur Jean Charest est donc à prendre avec beaucoup de circonspection. Dans l'immédiat cependant, il aura peut-être pour effet d'influencer certains électeurs de Charlevoix, qui hésitaient à lui accorder leur appui, lors de la prochaine élection complémentaire. Se rallier à un possible futur premier ministre est parfois tentant pour la population d'un comté qui a son lot de difficultés économiques. Le sondage Léger Marketing mené par Le Journal dans Charlevoix dans les deux jours qui ont suivi indique effectivement une avance substantielle de 15 points de Mme Marois sur son adversaire de l'ADQ, Conrad Harvey.
Quant à Jean Charest, minoritaire à l'Assemblée nationale, le résultat de chaque sondage est une source additionnelle de questionnement pour les militants sur son leadership. L'automne risque de ressembler pour lui à une pénible montée du calvaire. On sait ce qui s'est passé pour le Christ dans l'évangile, une fois le sommet de la colline atteint.
À la remorque de Dumont
Le discours de Mme Marois à son assemblée d'investiture dans Charlevoix mercredi a par ailleurs démontré encore à quel point Mario Dumont dicte les lignes politiques au Québec depuis 2003. Les autres leaders sont à sa remorque en permanence. Le thème de la famille constitue depuis longtemps le tronc de son discours, auquel se sont rattachées ses vues sur la conciliation travail-famille, les services de garde, un train de mesures pour les aînés, etc. Les autres partis ont dû s'ajuster depuis quatre ans.
Le chef de l'ADQ a pris les devants dans le dossier des accommodements raisonnables et de la question identitaire, au cours de la campagne d'avril dernier. Après l'avoir traité de démagogue, les autres chefs ont été forcés de faire de la récupération. Jean Charest a créé une commission d'étude; Pauline Marois confesse maintenant que le PQ a évacué le «nous» identitaire des Québécois depuis le référendum de 1995 et elle veut que le PQ se le réapproprie. Mario Dumont exploite l'idée de l'autonomie du Québec sur le plan constitutionnel; on se moque de lui. Pauline Marois repositionne cependant le PQ sur le même terrain et met d'autorité la tenue d'un autre référendum sur la glace, tout comme l'a fait Mario Dumont après celui de 1995.
M. Dumont reprend maintenant le thème de la sécurité des personnes, de la lutte à la criminalité, et en particulier aux prédateurs sexuels. Ses adversaires l'accusent encore d'opportunisme, dans le contexte de la disparition de la petite Cedrika Bélanger. Les libéraux s'empressent toutefois de parler d'une prison-hôpital pour les auteurs de crimes à caractère sexuel.
Même dans le choix de leur vocabulaire, les élus libéraux et péquistes tentent de faire plus populo, dans leurs opérations pour se rebrancher sur le citoyen moyen qui se reconnaît dans l'ADQ comme dans un miroir.
Toutefois, l'histoire politique démontre qu'entre le Coke Classique et ses copies édulcorées, la population opte pour l'authentique plutôt qu'un mauvais clone, lorsqu'elle doit décider entre un Cola et un Seven-Up.
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