Le nouveau cours d'histoire critiqué dans une étude

Le récit national toujours écarté

Coalition pour l’histoire

Marie Allard - Le nouveau cours d'histoire et éducation à la citoyenneté, donné au secondaire, passe sous silence tout récit national, dénonce une étude de l'historien [Charles-Philippe Courtois->aut436], de l'Institut de recherche sur le Québec.
Malgré les modifications apportées après les nombreuses critiques dont il a fait l'objet en 2006, « ce programme occulte entièrement le sujet national, autant dans les moments d'affirmation que dans les moments difficiles », écrit l'historien. Le rapport Durham est oublié, comme le mouvement d'affirmation nationale vécu pendant la Révolution tranquille, au profit de la promotion du multiculturalisme canadien, selon M. Courtois.
« La vision amnésique de notre histoire proposée dans le nouveau programme est modelée de façon extrêmement compatible, en pratique, avec une identification au multiculturalisme canadien plutôt qu'au creuset québécois, précise-t-il. Le Québec n'est plus une nation membre de la confédération canadienne mais un agrégat d'identités éclatées rassemblées dans une fédération canadienne et une province caractérisée par la dualité linguistique. »
Là n'est pas la mission de l'école québécoise, d'après lui.
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Le récit national toujours écarté
Marc-André Séguin
Journal de Québec – 12 mai 2009
Le nouveau cours d'histoire dans nos écoles secondaire « ré-écrit l'histoire », affirme l'historien Charles-Philippe Courtois.
Les changements apportés depuis 2006 au nouveau cours d'histoire et éducation à la citoyenneté donné au secondaire sont superficiels et continuent à évacuer toute mémoire ou récit nationaux, conclut une étude rendue publique hier par l'Institut de recherche sur le Québec (IRQ).
Le contenu du programme, qui a fait la controverse en 2006 pour avoir mis aux rancarts des moments d'importance dans l'histoire québécoise avec l'objectif de rendre cette dernière « moins conflictuelle », n'a pas changé alors qu'on avait promis des rectifications à l'époque, affirme l'historien Charles-Philippe Courtois, auteur de l'étude pour l'IRQ. « Les changements sont cosmétiques. On a réintégré des éléments absents en 2006, comme les Patriotes, mais l'esprit de fond est resté le même. »
Selon l'historien, le cours actuellement donné dans les écoles secondaires du Québec présente la Nouvelle-France non pas comme un moment fondateur, mais comme la première de plusieurs vagues d'immigration. Il néglige la nationalisation de l'hydroélectricité en 1962 sous la bannière « Maîtres chez nous » – moment-clé de la Révolution tranquille – et ne mentionne la Loi 101 que « du bout des lèvres », se contentant de préciser qu'elle est une loi « très contestée ».
Le rapport Durham est aussi mis de côté. « On tait que Durham a proposé l'union pour mettre le Québec en minorité et dans le but avoué d'assimiler les Canadiens-français, remarque M. Courtois. C'est quand même un gros morceau à omettre. »
En 2006, on apprenait que le nouveau cours négligerait des épisodes comme l'acte d'Union de 1840, la conscription forcée de 1917 ou le rapatriement unilatéral de la Constitution en 1982, le tout dans l'optique de rendre l'histoire « moins politique » et davantage « plurielle ». La controverse qui s'ensuivit força le MELS à promettre des rectifications.
Connaître son histoire
M. Courtois se défend cependant de ne pas tenir compte du changement de la réalité québécoise, qui est davantage multiculturelle qu'avant. « Ce programme est dans le cosmopolitisme et évite tout ce qui est propre au Québec. Pourtant, est-ce qu'il y a quelque chose de mal à l'intégration qu'on connaisse l'histoire du Québec? Est-ce mal de s'identifier au Québec? Je pense que c'est légitime. Tout enfant qui grandit au Québec devrait avoir le droit de connaître son histoire », tranche-t-il.
Au moment de mettre sous presse, le MELS, joint par le Journal, n'avait toujours pas réagi à l'étude.


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