Enseignement de l'histoire

Ignorance collective

Coalition pour l’histoire



Cherche désespérément histoire du Québec. Ce pourrait facilement être l'intitulé du magistral travail de recension qu'effectue depuis quelques années la Coalition pour l'histoire. Depuis sa création en 2009, cette coalition s'évertue à démontrer que dans le champ de l'enseignement de notre propre histoire, du primaire à l'université, la récolte est scandaleusement mince.
Chacun des pans de ses enquêtes fouillées lève le voile sur un effritement inquiétant de l'histoire nationale enseignée aux élèves et étudiants du Québec. Après avoir montré le vide abyssal du collégial et l'inquiétant tournant du secondaire, l'analyse se tourne vers l'université, montant d'un cran l'inquiétude collective: nos futurs maîtres d'histoire enseignent à partir d'une matière beaucoup trop mince, les facultés se dégarnissent peu à peu d'experts en histoire nationale du Québec, les recherches négligent ce champ capital. Bref, l'histoire du Québec s'en va à vau-l'eau!
On se souvient l'émoi qu'avait causé au printemps un sondage mené pour le compte de cette coalition et où 94 % des répondants avaient été incapables de nommer Chauveau comme tout premier d'une série de premiers ministres du Québec. Bientôt, dans les chaumières du Québec, aucune étincelle à l'évocation de la Crise d'octobre, du rapport Durham? Et Louis-Joseph Papineau? Sans rappel utile de la rébellion des Patriotes, qui honorera son passage?
Ces trous de mémoire s'expliqueront. Les facultés d'enseignement offrent en effet au compte-gouttes l'histoire du Québec aux futurs maîtres; certains n'auront eu que deux cours pour asseoir la transmission future de cette discipline aux élèves du secondaire. Paradoxalement, la réforme de l'éducation a pourtant doublé le nombre d'heures d'enseignement de l'histoire. L'histoire fut donc remise au centre du parcours de l'élève, mais obsédés que nous devenions par les atours de la mondialisation et l'attrait de l'actualité, on négligea de toute évidence de la substance essentielle.
Était-ce mieux avant? Jouer les nostalgiques n'est pas toujours judicieux. Qui blâmer, au juste? Y a-t-il véritablement un lobby organisé derrière cet effacement de l'histoire nationale du Québec, comme les auteurs de l'étude «Enseignement et recherche universitaires au Québec: l'histoire nationale négligée» le sous-entendent? On a choisi de pointer les habituels démons: la réforme de l'éducation et l'omniprésence de l'histoire sociale, voilà les coupables de ce glissement tendancieux qui risque de nous faire tous amnésiques.
Il s'agit là d'une lecture militante — bien que les auteurs fassent eux-mêmes un appel à un enseignement de l'histoire protégé de l'obscurcissement des «préoccupations militantes»... Mais les faits parlent d'eux-mêmes et suffisent pour alarmer. L'enseignement de l'histoire contourne des pans essentiels de ce que nous sommes, contribuant ainsi à vider de sa substance fondatrice un peuple.


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