Le mythe du bilinguisme

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Le melting-pot tant idéalisé par les multiculturalistes finira en pot-de-chambre !





C’est affligeant. Mais qui s’en étonnera au Québec et surtout parmi les francophones du Canada? Selon un sondage du ministère du Patrimoine commandé par Mélanie Joly dans la foulée de la préparation des fêtes du 150e anniversaire de la Confédération canadienne, seuls les Québécois francophones croient que le français est menacé au Canada.


Le bilinguisme est en recul, mais le gouvernement fédéral de Justin Trudeau a d’autres chats à fouetter. D’abord son image person­nelle, cette gentillesse dont il fait un usage trop systématique pour qu’il n’y ait pas anguille sous roche. D’ailleurs, avant la période des Fêtes, il s’est lui-même qualifié de baveux – certains l’apprécieront, il faut le croire – quand il a lancé que la ville d’Ottawa pourrait devenir officiellement bilingue le jour où Gatineau­­ (une ville québécoise soumise à la loi 101, il faut le rappeler) deviendra aussi bilingue­­.


Justin Trudeau rompt ainsi la politique du bilinguisme instaurée par Pierre Elliott Trudeau­­ qui, dans une vision messianique, voulait de la sorte transformer tout le Canada­­ sur la base des deux langues. Il y a échoué, bien sûr, et la présence des francophones hors Québec s’est affaiblie depuis, sauf au Nouveau-Brunswick et en Ontario.


Bilinguisme de façade


Il ne reste plus que la façade officielle du bilinguisme. Et la tendance, chez les anglophones cultivés, à mettre leurs enfants dans les écoles d’immersion. Ce qui est une manière­­ de coquetterie qui apporte un vernis­­ au statut social.


Les deux solitudes de Hugh MacLennan se ghettoïsent de plus en plus. Pourtant, une immense­­ majorité de Québécois francophones, 83 %, estiment que l’anglais doit être la langue seconde, alors que 52 % des anglophones optent pour le français. Nous sommes ici dans les intentions, car la réalité est tout autre.


Le Canada a 150 ans cette année et fêtera avec une sorte de frénésie enthousiaste le début­­ de la Confédération. C’est un nouveau Canada, un Canada postnational selon la vision­­ de Trudeau fils, pour qui le concept de deux nations, hormis les peuples autochtones, est une vieillerie à ranger dans le grenier­­ de la nostalgie qui n’a plus sa raison d’être.


Le melting-pot canadien


Les nouvelles assises du Canada de Trudeau­­ le jeune reposent exclusivement sur le multiculturalisme. C’est ce message qu’il transmet à la planète entière, lui le dépositaire de cette marque de commerce où les Québécois sont «melting-potés» avec toutes les autres communautés culturelles canadiennes.


Le Canada, aux yeux des souverainistes, est un accommodement déraisonnable. Le Canada­­ des nationalistes, un accommodement plus ou moins raisonnable. Et pour tous les antinationalistes, ce qui comprend une partie des immigrants et des fédéralistes francophones radicalisés, le Canada postnational est le paradis sur terre.


Or, le Canada est un pays honorable, un pays paisible, trop calme sans doute pour les turbulents Québécois. Mais ce concept de postnationalisme si cher à son premier ministre, qui souhaite entrer de plain-pied dans l’histoire à l’instar de son père, est l’équivalent du rapport Durham pour les Québécois francophones, pour qui la nation est indissociable de leur identité. Qui sont aussi conscients de leur minorisation en Amérique du Nord et de l’incontournable obligation pour eux d’être personnellement bilingues.


Mais le bilinguisme au Canada anglais est un miroir aux alouettes. La ville de Richmond en Colombie-Britannique (30 % de Chinois) est bilingue. Chinois-anglais. L’avenir, quoi!




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