Le goût d’un pays

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On veut p'têt pas...





Dans la période cahoteuse que nous traversons, un documentaire magnifique, exceptionnel, qui n’aura malheureusement pas le succès populaire que l’on souhaiterait, est à l’affiche dans quelques cinémas à travers le Québec.


Le goût d’un pays est réalisé par Francis Legault, un garçon à la sensibilité aussi profonde qu’imaginative. Le documentaire nous ramène à nos racines, à notre rêve brisé par deux référendums et met à l’avant-scène un dialogue entre Gilles Vigneault et Fred Pellerin.


La survivance


Le goût d’un pays nous parle du sirop d’érable. Vigneault l’aîné et Fred Pellerin le fils spirituel partagent la même passion pour cette tradition artisanale de la cabane à sucre. Tradition qui se perd comme le goût du pays. Dès les premières images, l’émotion nous prend à la gorge et elle ne nous quitte plus. Ce sirop d’érable est la sève de notre identité et c’est sur ce thème et celui de la survivance que porte le documentaire.


C’est dans des érablières familiales, comme chez les Vermette, où quatre générations se sont succédé à recueillir cette eau bénite avec laquelle on fait le sirop, que certains jeunes parlent du sirop d’érable avec des élans quasi mystiques. En fait, ils parlent de ce qui relève de notre ADN, de nos rapports à la nature, aux saisons, à la forêt hors de la jungle urbaine.


Avons-nous encore le goût du pays? se demande-t-on, les larmes aux yeux, à la fin du film. «On fait pas un pays sur pilotis», affirme Fred Pellerin, si ancré lui-même dans son village de Saint-Élie-de-Caxton, mais qui doit croire parfois être le dernier des Mohicans. Et lorsque la phrase prophétique de Louis Hémon sur les Canadiens français («Ce peuple qui ne sait pas mourir») tombe comme un couperet, Gilles Vigneault, l’orfèvre de l’âme québécoise, les yeux embués de larmes, lance, «Survivre n’est pas assez. C’est vivre qu’il faut.» «On veut p’t-être pas?» ose Fred. «On veut p’t-être pas», murmure Gilles Vigneault, en baissant la tête vers le sol.




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