Quand on sait ce qu’on veut, on n’a pas besoin de décider.
Eduardo Mendoza
Le Québec s’est donné une langue officielle et une loi pour la protéger. Dans les faits, selon les dernières statistiques difficilement contestables, sa ville la plus populeuse s’avère plus anglaise que française. Lucien Bouchard peut se regarder dans le miroir.
Non seulement la loi 101 n’a-t-elle jamais été appliquée à la lettre, mais elle a subi au-delà de 200 amendements. La Cour Suprême du Canada possède ce pouvoir de réduire les lois québécoises en miettes. En ce sens, la loi sur l’identité québécoise de Pauline Marois que le PQ mettra de l’avant le jour où il reprendra le pouvoir, sera balayée sous les tapis.
Le Québec possède déjà une identité. Ce qu’il faut, c’est asseoir cette identité par une déclaration d’indépendance de l’État québécois. Il n’y a pas à tergiverser. C’est ce combat qu’il nous reste à mener.
Deux langues étroitement liées finissent par n’en faire qu’une. Avec son déficit démographique et l’anglicisation de Montréal, les jours du Québec français sont comptés. Même en obligeant les immigrants à apprendre le français, si l’on exige d’eux qu’ils travaillent en anglais, ils s’angliciseront. Ce n’est pas non plus en forçant les immigrants à apprendre le français que nous les rendront francophiles ou indépendantistes. D’ailleurs, bien que vivant au Québec, la majeure partie d’entre eux ont choisi de s’établir dans un Canada bilingue. Nos «vaines querelles» les ennuient.
Au Québec depuis trois ans, Natalia, qui a soulevé la question de l’indépendance auprès de ses amis, s’est heurtée à une franche hostilité. «Les gens ne savent pas qu’il existe des problèmes ici. Ça ne les intéresse pas.» Elle-même vient d’un pays qui a obtenu en 1991 son indépendance mais pour lequel, souligne-t-elle, l’indépendance n’a rien arrangé. «La Moldavie est toujours aussi pauvre. Ce qu’il y a de bien maintenant, c’est que l’on peut en partir.» Beaucoup de jeunes, à l’instar de Natalia et de son mari, ont décidé de faire leur vie ailleurs. «Chez nous, ça se passe différemment. On peut obtenir un diplôme avec de l’argent. On peut obtenir un poste avec de l’argent. Sinon, on se retrouve avec des emplois mal payés et il faut faire de longues heures pour gagner de quoi vivre.» Il est clair pour Natalia que les immigrants viennent au Québec dans l’espoir d’améliorer leurs conditions de vie. «L’indépendance pour eux est synonyme de pauvreté et d’insécurité, ce qu’ils craignent par-dessus tout. Même si on leur fait valoir qu’un Québec indépendant serait plus riche, ils auront tout de même peur de perdre leurs économies, leur emploi, leur citoyenneté.»
«Il faut faire des enfants pour gagner l'indépendance!» estime Natalia. «Les Québécois pensent que les immigrants vont régler le problème? Démographique peut-être un peu, mais les immigrants ne vont pas transmettre de même façon les valeurs québécoises et l'histoire, comment le ferait un québécois de souche.»
Jessica est d’origine péruvienne. Elle a fait ses études en génie à l’université Laval. Pour obtenir un emploi à Montréal dans son domaine, on lui demande des connaissances en anglais. Elle travaille en ce moment dans un Dollarama. Sa sœur qui est graphiste travaille au même endroit: «Ça me permet, dit-elle, de pratiquer mon français et l’anglais aussi parce qu’ici on te parle les deux langues. Et c’est beaucoup pour mon cerveau quelques fois parce que j’ai encore de la difficulté avec le français, alors pour penser dans une autre langue!» Elle admet que pour elle, «Ce n’est pas facile de vivre au Québec».
Il n’est pas facile de vivre dans un Québec canadien lequel, tant qu’il ne sera pas indépendant, marchera sur une corde raide. Nous devons convenir qu’une loi sur l’identité ne servira qu’à nous donner bonne conscience. Pour survivre, il faut un pays.
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