Le ministre Baird a violé la loi, dit Graham Fraser

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La culture de l'impunité sévit chez nos dirigeants fédéraux. Ils se croient au-dessus des lois et surtout de la Loi sur les langues officielles

Le ministre des Affaires étrangères John Baird a contrevenu à la Loi sur les langues officielles en exigeant que certaines de ses cartes d'affaires soient imprimées en anglais seulement, conclut le commissaire Graham Fraser.
Dans un rapport dont LeDroit a obtenu copie, le commissaire aux langues officielles conclut que l'achat de cartes d'affaires en anglais par le ministère des Affaires étrangères ne respectait ni la Loi, ni les exigences du Programme de coordination de l'image de marque (PCIM) du gouvernement.
«Tant les employés fédéraux que les ministres ne peuvent, en aucune circonstance, commander ou obtenir des cartes professionnelles unilingues [...] sans aller à l'encontre de ce qui est prescrit dans le PCIM, à moins d'avoir obtenu l'approbation du Conseil du Trésor», souligne le commissaire Fraser dans son rapport préliminaire.
La nouvelle en avait fait réagir plus d'un, à l'automne 2011. Après avoir décrété que toutes les missions canadiennes à l'étranger devaient désormais afficher le portrait de la reine, le flamboyant député conservateur d'Ottawa-Ouest-Nepean et ministre des Affaires étrangères avait insisté pour que des armoiries dorées soient ajoutées à ses cartes de visite. Des cartes en anglais seulement.
Son bureau avait également veillé à ce qu'on en retire le logotype «Canada» et le nom de l'édifice Lester-B.-Pearson, nommé en l'honneur d'un ex-premier ministre libéral. Tout cela en contravention des règles gouvernementales.
Si de hauts fonctionnaires se sont initialement opposés aux envies du ministre, celui-ci a finalement eu gain de cause. Et le ministère a imprimé, au coût de 620$, deux versions de la carte, une bilingue, l'autre pas.
Le commissaire Fraser indique que le ministère n'a pas démontré qu'il a rempli son obligation d'informer en tout temps le public qu'il peut communiquer avec le gouvernement dans les deux langues.
«Il est possible que la population puisse croire que le gouvernement n'accorde pas toute l'importance nécessaire à la promotion de la dualité linguistique tant au Canada qu'à l'étranger», soutient M. Fraser.
Le commissaire demande au ministère de «s'assurer d'ici la fin de septembre 2013 que tous les outils de communication, incluant les cartes professionnelles et autres articles de papeterie du ministre, reflètent l'égalité des deux langues».
«J'espère que [ce rapport] va réveiller le ministre, a opiné le porte-parole du NPD en matière de langues officielles, Yvon Godin. M. Harper doit forcer ses ministres à respecter les langues officielles.»
Le ministre refuse le blâme
Loin de s'excuser, le bureau du ministre Baird réitère que le ministre dispose de cartes bilingues, accusant «l'opposition et les médias (de) jouer des jeux politiques de bas étage».
«Pendant ce temps, le ministre a voyagé en Asie et au Moyen-Orient au cours des derniers mois, promouvant les intérêts et les valeurs des Canadiens.»
L'histoire ne dit pas s'il transportait des cartes d'affaires unilingues.
Fait à souligner, avant de faire le saut dans l'arène fédérale, John Baird a été ministre des Affaires francophones de l'Ontario, sous Mike Harris.


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