Le mea-culpa de Boisclair: un autre manque de jugement

Le chef péquiste démontre une fois de plus qu'il n'a pas la stature d'un premier ministre, dit un spécialiste en communication

Crise de leadership au PQ


Quel sera l'effet du mea-culpa du chef du Parti québécois? Cela lui permettra-t-il de traverser la tourmente actuelle? Un spécialiste de la communication en doute. L'acte de contrition d'André Boisclair est une stratégie qui ne renforce en rien sa stature de chef alors que le Parti québécois est plongé dans une crise, selon Michel Fréchette, communicateur-conseil.
Mardi soir, après avoir encaissé les sévères critiques de son prédécesseur Bernard Landry et d'autres militants péquistes, André Boisclair a prononcé un discours dans lequel il s'est dit prêt à changer et, surtout, à faire mieux. Il a raconté avoir été conseillé par son père et son frère avant d'emprunter cette voie qui détonne par rapport à son assurance habituelle.
«Avouer ses faiblesses quand c'est justement ça qu'on te reproche, faiblesse de jugement et faiblesse du propos, c'est une stratégie plutôt étonnante. Il y a des fragilités qui démontrent surtout qu'il n'est pas "premier ministrable"», analyse Michel Fréchette.
M. Fréchette a expliqué que la contrition est une bouée de sauvetage intéressante en politique pour une gaffe ou un événement isolé. Ainsi, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, qui s'était excusé en 2005 d'avoir présenté un budget qui ne correspondait pas à ses engagements politiques, avait corrigé le tir en déposant un nouveau budget.
La situation du chef péquiste est fort différente. «Tu ne peux pas t'excuser d'être ce que tu es. C'est l'ensemble de l'oeuvre de M. Boisclair qui est remis en question. D'ailleurs, quand il s'excuse, il donne raison à Jean Charest. S'excuser, c'est confirmer qu'il s'est trompé», a dit M. Fréchette.
Or, quelques minutes après son discours de mardi soir, André Boisclair rencontrait les journalistes. Il a réitéré sa capacité de faire mieux. Il a alors entrepris une volte-face sur les accommodements raisonnables, a dit souhaiter une alliance avec les générations qui l'ont précédé et a tendu la main aux chefs syndicaux qu'il avait heurtés par ses propos quelques jours plus tôt.
«En communication de masse, rien ne se communique plus mal qu'une nuance. Les nuances ne laissent pas de traces parce que tu tombes dans le sexe des anges. L'électeur ne fait pas dans la nuance, il retient des impressions. Si André Boisclair dit pouvoir faire mieux, tout le monde sait qu'il peut faire pire», a rappelé Michel Fréchette.
Ce spécialiste de la communication, qui a épaulé des politiciens notamment dans le monde municipal et qui a offert ses conseils dans des cas qui auraient nécessité l'intervention de saint Jude (Groupaction), estime que le Parti québécois offre un spectacle lamentable. «Jusqu'où le PQ va-t-il humilier son chef?», demande M. Fréchette.
«André Boisclair est en train de servir de bouc émissaire, ce qui va empêcher les péquistes de faire une analyse réaliste. [...] Pour que le PQ change, il doit perdre une seconde fois puisque le changement ne s'est pas opéré après les élections de 2003. C'est au PQ à faire son acte de contrition. La "saison des idées" [période de remue-méninges] a été peu fertile. Trouver des synonymes, ce n'est pas trouver des idées», a-t-il fait valoir.
À la veille de l'élection d'André Boisclair à la tête du Parti québécois, en novembre 2005, Michel Fréchette affirmait que ce dernier devait démontrer qu'il avait l'étoffe d'un premier ministre et mener le PQ sur la voie de la réflexion. Plus d'un an après, il serait plus que temps que le chef péquiste s'adresse aux Québécois plutôt qu'aux seuls militants de son parti.


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