Le hochet de Bobby

Barberis-Gervais lance et compte... dans son propre filet...

Chronique de Richard Le Hir

[ M. Barberis-Gervais->29796],
Je dois vous avouer que je suis parti d'un grand éclat de rire lorsque j'ai vu votre nouvelle interpellation. Deux images me sont venues à l'esprit, ou plutôt deux idées de caricature. La première vous montre en couche avec un bonnet de bébé sur la tête, en train de trépigner parce que votre hochet est tombé en bas de votre lit. La seconde en cowboy déchaîné, un pistolet dans chaque main, tirant dans tous les sens, un peu à la manière qu'avait Normand Hudon de caricaturer Daniel Johnson père quand il était dans l'Opposition. Il l'avait surnommé « Danny Boy », ce qui avait le don d'horripiler Mme Johnson. Évidemment, dans votre cas, ce serait « Bobby Boy ».
Quand on fait de la politique, car c'est bien ce que vous faites Monsieur Barberis-Gervais, il faut s'attendre à être caricaturé. C'est de bonne guerre. J'ai moi-même eu le plaisir de goûter à cette médecine lorsque j'étais en politique. Je me souviens d'avoir rencontré un jours Gérard Chapleau dans un restaurant portugais de la rue St-Laurent. À la fin d'un repas pris en compagnie d'un ami, il s'était approché de moi en se présentant et m'avait demandé si je lui en voulais pour les caricatures qu'il avait faites de moi. Dans le même grand rire qu'aujourd'hui, je lui avais répondu que bien au contraire, je les avais trouvées excellentes.
Ma préférée était celle où l'on me voyait caché, baîllonné et ligoté dans une armoire à balai, deux sparadraps, croisés sur le baîllon, parce que j'avais osé dire la veille quelque chose qu'il ne fallait pas que je dise. À une question de Christine St-Pierre, anciennement de Radio-Canada et aujourd'hui ministre responsable de la Loi 101, me demandant ce qui arriverait s'il fallait que le PQ perde le référendum, j'avais répondu : « On en fera un troisième ». Tollé dans les chaumières...
Mais la caricature peut parfois être cruelle. Vous vous souviendrez sûrement des Cyniques dans les années 60, ce groupe de carabins de l'Université de Montréal dont faisait partie Marc Laurendeau et qui se spécialisaient dans les sketchs décapants. Au moment du Bill 63, ils avaient dit de Jean-Jacques Bertrand, le premier ministre d'alors, qu'il était tellement petit que même ses cheveux sentaient les pieds. N'ayez crainte M. Barberis-Gervais, je ne pense pas ça de vous, je sais fort bien que vous n'avez pas de cheveux.
Mais trêve de plaisanteries, vous êtes très fâché parce que je ne partage pas votre avis sur plein de choses et que j'ai l'audace de le dire. Vous seriez un professeur d'une espèce très rare si vous deviez prétendre que vous n'avez jamais été contesté. Vous êtes fâché parce que depuis que j'écris sur Vigile, vous devez partager l'affiche et, horresco referens, supporter que mes cotes de lecture soient meilleures que les vôtres. Et en plus, j'ai le culot de ne pas me sentir inféodé à un parti, le vôtre.
Alors vous cherchez par tous les moyens à me discréditer. Je pourrais m'en offusquer, grimper sur mes grands chevaux, lancer des anathèmes, des oukases ou des fatwahs, ou encore envoyer des mises en demeure, mais, dans le fond, je m'en réjouis. Car à chaque fois que vous vous lancez à mes trousses, vous me fournissez une occasion de m'amuser à vos dépens, de laisser voir qui vous êtes, et de montrer ce que je suis, et je suis très heureux de laisser les lecteurs de Vigile en juger.
Vous revenez cette fois-ci sur l'épisode de 1995 en vous appuyant sur mon dernier article et sur un article que j'avais écrit en 1998, dans la foulée de mon départ du PQ APRÈS que mon équipe et moi-même ayons été entièrement blanchis de toute malversation dans l'attribution des contrats au secrétariat à la restructuration et que le Conseil Exécutif, le ministère du premier ministre, ait été blâmé pour sa négligence.
Pour être bien certain de limiter le nombre de lecteurs qui liront mon dernier article, vous dites « rien de nouveau », ce qui est faux et vous le savez bien, puis vous tentez de me discréditer en m'accusant de vouloir me venger des événements de 1995 alors que j'ai pris la peine de préciser au tout début de mon article, « Comprenons-nous bien. Mon propos ici n'est pas de jeter la pierre à qui que ce soit. Je prends pour acquis que tout le monde a agi de bonne foi. Je cherche tout simplement à comprendre pourquoi, après tant d'années, nous sommes encore si peu avancés. » Qui plus est, mon article ne mentionne aucun de ces événements, et je ne cite aucun nom. Voilà pour le moins un procédé qui ne vous honore pas, M. Barberis-Gervais.
J'ai eu l'occasion de vous dire en privé combien j'avais été affecté par ces événements dont je ne parle jamais dans mes articles sauf lorsque vous m'en donnez l'occasion. Affecté au point d'en perdre l'équilibre pendant quelques années. Je vous ai dit que j'avais survécu à ces événements par la seule grâce de Dieu et une résistance de cheval.
Et sachant cela, vous m'en servez une nouvelle dose. Quelle classe !
Pour me dire tout cela, et surtout pour le faire savoir « urbi et orbi » , vous me faites dire des choses que je n'ai jamais dites. Ainsi, je n'ai jamais dit qu'une élection décisionnelle était un bluff, même si j'ai employé le mot « bluff » dans un autre contexte. Seriez-vous un agent provocateur ? À la solde de qui ? Sachez, Monsieur Barberis-Gervais que l'imputation de motifs n'est pas une voie à sens unique. Si vous vous permettez de faire une telle chose, vous devez vous attendre à vous faire servir la pareille.
Enfin, je ne vois pas en quoi cela vous fatigue tant que j'aie une opinion différente de la vôtre sur la façon de faire l'indépendance, à moins que ce ne soit une façon pour vous de vous de gonfler vos cotes de lectures sur mon dos. Mais je parie que personne ne sera dupe.
Maintenant, si vous voulez jouer avec votre hochet, ne vous gênez surtout pas pour moi. Je ne vous en disputerai pas la propriété. Quant à moi, toutes mes connaissances, mes lectures et mon expérience m'amènent plutôt à privilégier plutôt la voie référendaire. Bonne nuit et beaux rêves.
Je veux quand même vous dire en vous quittant que je ne suis pas fâché. Vous me faites rire, surtout lorsque vous grimpez sur vos ergots. Comme je vous l'ai dit en privé, « Au fond je vous aimes bien, vous me rappelez quelqu'un. »


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4 commentaires

  • webmestre Répondre

    16 août 2010

    Fin des commentaires à propos de ce texte
    Bernard Frappier

  • Fernand Lachaine Répondre

    16 août 2010

    Monsieur Frappier,
    La foire d'empoigne est repartie de plus belle. Ça ne se peut pas. Après quelques années à lire, commenter et participer avec envois monétaires mensuellement, je réalise qu'il n'y a rien à faire, l'indépendance du Québec ne se fera jamais du moins pas avec ce qui se passe sur Vigile.
    Fernand Lachaine

  • Archives de Vigile Répondre

    16 août 2010

    Bonjour Me Le Hir,
    Avec Monsieur Barberis-Gervais, me vient à l’esprit cette formule récitée par tout bon policier américain lors d’une arrestation, et que vous citeriez mieux que moi : « tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. »
    Je dirais aussi, que MM. Barberis-Gervais, Bousquet, et peut-être… aussi M. Pérez, sont le bras, la voix, et peut-être… la censure de Hippolyne, sur Vigile.
    Cela dit, deux adjectifs me viennent à l’esprit pour qualifier M. Barberis-Gervais : mesquin et envieux. Il n’accepte pas de perdre la face, comme lorsque je l’ai dénoncé dans : La démagogie péquiste. Depuis, son rapport avec moi se résume à une chose : me détruire en me salissant. Chaque fois qu’il s’en prend à un commentateur de la Tribune libre, il faut aller aux sources vérifier l’objet de son attaque. Pour ma part, sachant maintenant à qui j’ai affaire, je cesse de le lire et de lui répondre. Avec un pareil individu, il n’y a pas d’échange possible.
    Si j’ai un reproche à vous faire, Monsieur Le Hir, c’est de lui avoir fait confiance, en vous ouvrant à lui. Pour ma part, je m’en méfie comme de la peste.
    Michel Rolland

  • Archives de Vigile Répondre

    16 août 2010

    M. Le Hir,
    Ne nous y trompons pas, M. Barberis-Gervais, à ce que je sache, n'est pas, comme vous, un politicien professionnel. Et même si je ne partage pas tous ses points de vue, il n'en demeure pas moins, à mes yeux, un militant courageux et de bonne foi.
    Pour justifier votre frustration à son endroit, vous n'hésitez pas le taxer de politicien qui, comme vous, mériterait d'être caricaturé. Or, vous M.Le Hir, vous étiez payé combien pour faire l'objet de caricature(s) ? N'est-ce pas le lot de tous les politiciens ? De toute personnalité publique ? Ce qui n'est absolument pas le cas de M. Barberis-Gervais et vous le savez très bien !
    Bon sang ! Vous mélangez tout ou est-ce la rancoeur qui vous aveugle à ce point ?
    En passant, le prénom du célèbre caricaturiste auquel vous faites référence n'est pas Gérard mais Serge Chapleau.
    Et si tant est que vous vous prétendiez encore préoccupé par l'émancipation de notre peuple, à quand un texte de vous sur l'urgente nécessité que les Québécois se dotent d'une Constitution républicaine d'un pays libre et français AVANT toute consultation référendaire et ce sans égards à Ottawa et même sans égards aux politiciens professionnels ?
    Une Constitution pour le peuple et par le peuple ?
    Qu'en dites-vous ?
    Danièle Fortin
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