Au cours des dernières heures, les porte-parole israéliens et palestiniens ont multiplié les interventions dans les médias pour rendre la partie adverse responsable du coût humain de plus en plus lourd de l'opération Bordure protectrice. Chacun fait preuve d'une certitude morale qui laisse perplexe l'observateur lointain.
Les Palestiniens accusent les Juifs de se livrer à un «génocide» en bombardant des quartiers résidentiels, des mosquées et des écoles. Israël réplique que si les bombardements font tant de victimes civiles à Gaza, c'est parce que le Hamas place sciemment ses armes dans des lieux densément peuplés. Un cessez-le-feu? C'est l'autre camp qui n'en veut pas.
Cette certitude alimente l'intransigeance, et donc la guerre. L'intransigeance marque aussi le débat public sur le sujet, partout dans le monde. Quiconque exprime la moindre nuance est cloué au pilori par l'un ou l'autre camp, sinon par les deux.
Nous sommes profondément convaincus du droit d'Israël à exister en paix. Nous croyons aussi que les Palestiniens ont le droit à leur État et à leur territoire. Nous sommes déchirés par la crise actuelle, parce que nous estimons que chaque partie a raison sur certains points et tort sur d'autres.
En parlant du dilemme auquel sont confrontés plusieurs Israéliens de gauche, l'historien Noah Efron exprime bien le trouble que nous ressentons: «Israël a raison de se défendre contre les tirs meurtriers du Hamas sur nos villes, mais Israël ne peut pas se défendre sans tuer des Gazaouis innocents, ce qui est mal.» On pourrait ajouter que les Palestiniens ont raison de déplorer la disproportion de l'offensive israélienne, mais qu'ils ont tort de s'en remettre au Hamas, celui-ci ne voulant rien savoir d'une paix négociée.
Une chose est sûre, malgré des moyens bien plus imposants, Israël perd encore une fois la guerre de relations publiques. Ceux qui soutiennent l'offensive actuelle accusent les médias de se laisser berner par la propagande du Hamas (au sujet du nombre de civils tués, par exemple). Mais les photos d'enfants tués n'ont pas été prises par le Hamas. Et l'école de l'ONU dévastée par les obus israéliens (20 morts) n'est pas un décor de cinéma. En décidant de frapper le plus fort possible, Israël a accepté que des innocents seraient tués. Après trois semaines de campagne, il y en a eu des centaines. La situation est telle qu'Israël se retrouve de plus en plus isolé. Plusieurs de ses alliés et amis ressentent un profond malaise. Même Washington cache mal son impatience.
Lorsque tous les tunnels auront été détruits, lorsque les maisons, les mosquées, les hôpitaux et les écoles où le Hamas a pu cacher des armes auront été pulvérisés, les Israéliens pourront-ils enfin dormir en paix? Non. Les jusqu'au-boutistes palestiniens trouveront d'autres moyens d'attaquer l'État juif, comme ils l'ont toujours fait.
Une fois l'opération Bordure protectrice terminée, la résolution du conflit entre Israël et la Palestine sera encore plus improbable. Le Hamas aura gagné.
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